Les problèèèèmes ne sont jamais finis [pv Joachin :3]

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n temps normal, Coraline était la mieux informée concernant l’identité des femmes et des hommes qui étaient séquestrés dans l’antre de Dean Appers, puisque c’était elle qui respectait les commandes du Sorcier et lui livrait ses cobayes en fonction. Sauf que cette fois, Appers s’était manifestement épargné ses services, et Coraline était tombée des nues en découvrant, totalement par hasard, que deux cobayes étaient enfermés par le Sorcier… Comme une sensation de déjà-vu, car c’était une situation qu’ils avaient déjà connue… à cause d’elle, la première fois. Sauf qu’ils lui avaient échappé. Les myrihandes du feu... Et parmi eux, donc, il y avait la fille de Joachin… Coraline avait hésité. Elle ne voulait pas se mettre Appers à dos, encore moins alors qu’elle avait le sentiment de dépendre de la potion que Julian lui concédait, ou non. Mais est-ce qu’elle pouvait vraiment faire ça à Joachin ? Sans doute pas, pas alors que lui-même avait pactisé avec le Sorcier pour sauver son épouse. Si elle ne lui apprenait pas la vérité, il risquerait de l’apprendre d’une autre manière, et de lui reprocher de ne rien lui avoir dit. Bref, au final, c’était assez évident… Elle devait lui en parler. Est-ce que ça changerait quelque chose, peut-être pas, mais déjà qu’elle était tout sauf capable d’agir justement au quotidien, elle voulait y parvenir ponctuellement. En espérant qu’elle ne s’attirerait tout de même pas d’ennuis pour la peine… Encore qu’elle l’aurait sans doute mérité. On ne pouvait pactiser avec le diable et espérer que tout se passe comme prévu. D’ailleurs, elle en avait déjà fait les frais d’une autre manière, et encore maintenant, avec sa santé rendue fragile par la potion qu’elle s’imposait de boire pour préserver sa relation avec l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde. Joachin en subissait assez comme ça, oui, elle devait le voir.

Elle n’osa pas se risquer là où Joachin avait l’habitude de vivre, à présent, à savoir chez son épouse. Elle ne savait pas si l’homme qu’elle avait considéré comme un père de substitution avait parié d’elle à sa famille, mais elle ne voulait pas se faire connaître des Hardwick, elle avait bien compris n’avoir appartenu à la famille de Joachin qu’en pensait. Même si elle se mêlait clairement des affaires des Hardwick en cherchant à avertir le buveur de sang de la localisation de Jane. Non, elle n’avait pas l’intention de se rendre chez lui, elle décida de se rendre régulièrement au repaire des vampires. Il finirait bien par y revenir, non ? Il s’avéra que oui, et ils finirent par s’y croiser. Coraline s’approcha de Joachin, légèrement hésitante, l’aborder était devenu quelque chose d’étrange depuis qu’elle avait découvert la vérité sur sa transformation et la mort de ses parent… Mais là, ce dont elle devait lui parler dépassait toute considération avant le reste.

-Salut, dit-elle alors en tentant de prendre le ton le plus détaché possible. Faut que je te parle d’un truc.

« Un truc », c’était minimiser un peu la situation au vu de ce qu’elle en pensait réellement, mais passons.

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oraline savait très bien que c'était parce qu'elle imposait une froideur de rigueur entre eux qu'elle sentait Joachin distant, parce qu'il ne voulait pas la brusquer, parce qu'il savait le mal qu'il lui avait fait, parce qu'il culpabilisait... Mais ce n'était pas pour autant agréable que de sentir ce fossé entre eux. De temps en temps, comme maintenant, comme à d'autres occasions, ils parvenaient à construire un pont tous les deux et à s'y rejoindre, mais ça ne durait jamais bien longtemps, le temps d'une discussion, où tout laissait quand même comprendre que les choses avaient tout de même changé entre eux, changé au point qu'ils ne puissent réellement se rejoindre. Le passé était le passé, mais s'ils pouvaient tenter d'aller de l'avant, ils ne pouvaient le nier... Alors rien ne serait plus pareil, même si Coraline soutiendrait quand même Joachin quand elle en aurait l'occasion comme maintenant, tout comme elle savait que son père de coeur la soutiendrait toujours. Sauf qu'il n'était pas vraiment son père, et c'était sa vraie fille qui avait besoin de lui... plus qu'elle. Et c'était toujours elle qui passerait en priorité, parce qu'il avait retrouvé sa famille quand Coraline ne retrouverait jamais la sienne... Bref, inutile de penser à ça. Elle sentait bien que Joachin appréhendait de découvrir ce qu'elle avait à lui apprendre, et il avait de quoi, car ce qu'elle avait à lui dire était définitivement loin d'être facile, tout au contraire, même. Et il allait sans doute le vivre tout sauf sereinement. Logique, en même temps, comment bien prendre une telle nouvelle ? Il allait être effondré... Et elle n'aimait pas devenir cet oiseau de mauvais augure.

-C'est ta fille, répondit-elle alors. "Ta fille", c'étaient deux mots qu'elle était incapable de prononcer sans un soupçon de jalousie. Elle aimerait compter comme Jane aux yeux de Joachin, mais elle se doutait que c'était complètement impossible, d'autant plus que la jeune femme gardait ses distances avec lui, ce qui n'arrangeait absolument rien. Bref... Il fallait garder la tête froide. Peu importe sa rancoeur, Joachin devait savoir, c'était ce qui importait. Appers l'a enlevée.

Elle pourrait préciser qu'il avait également capturé l'âme soeur de Jane, mais elle pensait que cette information était secondaire. Elle préférait le mettre devant le fait accompli, même si ça n'allait pas lui plaire. Elle ne donna pas des détails (en même temps, elle n'en avait pas vraiment), elle ne pensait pas que ce soit nécessaire, Joachin, maintenant qu'il en savait plus sur le Sorcier, savait également ce qui se passait dans ces grottes et quel sort était réservé à celles et ceux qui étaient enlevés par Appers. Et c'était pour cela qu'il devait savoir. Pour réussir à sauver sa fille. Si c'était possible.

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a réaction de Joachin fut telle que Coraline l'avait imaginée, et quelque part, ça lui faisait vraiment du mal, beaucoup de mal. C'était bête, elle ne pouvait espérer qu'il soit indifférent à l'information, cela aurait très clairement fait de lui un homme peu recommandable et son caractère n'aurait pas été celui qu'elle lui connaissait et qu'elle appréciait tant (et finalement aux antipodes du caractère qu'elle avait supposé à son agresseur, à l'homme qui avait tué ses parents), mais une fois encore, c'était sa jalousie mal placée qui s'exprimait ainsi, et avec force, en l'occurrence, elle aurait voulu qu'il n'ait que faire de sa fille légitime, qu'il se soucie d'elle bien davantage. Mais dans tous les cas, sa réaction était la plus logique entre toutes, c'est évident. Joachin se faisait du souci pour sa fille parce qu'elle était très clairement en danger, alors que Coraline, de son côté, ne risquait évidemment plus rien. Ce n'était pas moins difficile à supporter et accepter, ceci dit. Elle était venue là pour l'avertir parce qu'elle ne pouvait pas lui cacher quelque chose d'aussi important ni vivre avec sa conscience si elle ne l'avait pas averti, donc, libre à Joachin d'agir en conséquence, à présent, et il y était tout décidé, manifestement, comme il ne manqua pas de le lui prouver dans son empressement à courir au secours de sa fille, sauf que ça ne pouvait pas être si simple, évidemment. Coraline avait pris la décision de prévenir son père de coeur ( car il le restait malgré les circonstances), mais elle était bien loin de vouloir le conduire à l'échaffaud. Certainement pas, même. Elle voulait le défendre et le protéger, envers et contre tout.

-Dans les grottes, je sais pas où, précisément. Ou en tout cas, elle ne voulait pas lui donner d'indications hâtives, sans quoi Joachin foncerait dans le tas sans réfléchir et ferait inutilement du mal, se ferait du mal, surtout. Après tout, il était déjà à la merci du Sorcier après l'accord qu'ils avaient passé ensemble, il était hors de question qu'il en rajoute une couche supplémentaire, cette fois, Dean Appers ne l'épargnerait tout simplement pas. Elle prit une grande inspiration. Ecoute, je vais t'aider, mais faut pas te précipiter, sinon, non seulement ta fille et son copain vont mourir, mais toi aussi.

Elle ne pouvait pas franchement dire que la mort des premiers lui poserait souci, elle aurait même le sentiment de se retirer un épine du pied, à la vérité, mais la mort de Joachin, en revanche. Ce serait une épreuve dont elle ne se remettrait clairement que des plus difficilement. C'étaient dans ce genre de moments que la vérité s'imposait. Elle ne pourrait jamais en vouloir éternellement à Joachin. Elle tenait bien trop profondément à son père de coeur pour cela, et elle lui devait beaucoup trop de choses.

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oraline comprenait sans difficulté l'empressement de Joachin. Forcément, il venait d'apprendre que l'une des personnes qu'il aimait plus que tout au monde, la chair de sa chair, courait un grave danger : difficile, en conséquence, de garder la tête froide et d'agir judicieusement sans faire d'erreurs ni courir à sa perte. La buveuse de sang pouvait se mettre à sa place. Car si elle devait découvrir que Scott connaissait un sort tel que celui-ci, elle serait bien incapable d'écouter quelque exhortation à la patience que ce soit. Heureusement, Joachin était un peu plus raisonné qu'elle tout de même et acceptait d'entendre ce qu'elle avait à dire, et ses arguments, également. Foncer dans le tas, agir dans la précipitation, ce ne pouvait pas être la solution, même si le réflexe était naturel. Coraline était soulagée d'entendre son père de coeur (car il le restait à ses yeux, en dépit de tout ce qui s'était passé - elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle que de le considérer ainsi) confirmer qu'elle avait raison. C'est bien, s'ils gardaient la tête sur leurs épaules, ils optimisaient leurs chances d'aboutir à un résultat. D'accord, en soi les sorts de Jane et Edward Baker l'indifféraient complètement, mais elle ne devinait que trop que Joachin ne s'en remettrait pas, ou bien difficilement si sa fille, sa vraie fille, devait lui être ôtée, alors elle se devait de faire ce qu'il fallait... pour lui... même si elle se mettait de fait sur le dos une bonne dose de responsabilités qu'elle se serait bien épargnées. Il valait la peine qu'elle se démène pour lui, même si elle ne daignerait pas l'exprimer en ces termes.

-Déjà, je vais retourner aux grottes, voir où ils se trouvent précisément et dans quelles conditions ils sont enfermés. Elle ne voulait pas l'inquiéter en parlant de tout ça, ce qui devait être le cas, mais il fallait quand même qu'ils restent un peu lucides sur la situation, ils n'avaient pas réellement le choix. De là, j'aurais une meilleure idée de comment on pourra s'y prendre... Je peux peut-être m'arranger pour que certains sorciers, là-bas, ferment les yeux sur leur évasion.

En l'occurrence, elle pensait à Julian. Elle s'avançait sûrement trop à ce sujet, mais puisque monsieur semblait déterminé à devancer Appers, il ne serait peut-être pas contre le fait de contrecarrer ses plans... et en effet, il s'avérerait que Julian prendrait une par active dans l'évasion des myrihandes du feu, juste pas de la manière qu'elle imaginait ni pour les raisons qu'elle envisageait. Qu'importe, Joachin aurait la chance de retrouver sa fille en un seul morceau, mais Coraline, de ça, elle ne savait rien pour le moment, et elle était bien déterminée à tenir sa promesse envers son interlocuteur.

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oraline retint un soupir quand son interlocuteur argua que ce n’était peut-être pas une bonne idée… évidemment que cette solution n’avait rien d’idéale, mais en soi, devenir un cobaye volontaire pour le sorcier n’était pas une bonne idée non plus, et Joachin n’avait pas hésité à sauter le pas pour autant, tout comme Coraline n’hésitait pas à compromettre sa santé pour pouvoir profiter au mieux de la présence de Scott. Quand on en venait à laisser parler ses sentiments, il n’y avait pas de bonnes ou de mauvaises idées, il y avait juste des… solutions provisoires et des alternatives assez moyennes. Il y avait pas mal de failles dans son plan, mais ça ne l’empêchait pas de penser que c’était le mieux qu’ils puissent faire à l’heure actuelle. Bon, elle ne pouvait le nier, ça la touchait que d’entendre son père de cœur (qu’elle considérait au fond toujours comme tel, quoi qu’elle puisse en dire) s’inquiéter de la sorte pour elle. Mais clairement, dans l’affaire, celle qui était danger, ce n’était pas elle, c’était bien davantage sa fille « légitime »… ou encore lui-même s’il faisait sa tête de mule et ne l’écoutait pas sous prétexte de la protéger.

-Je sais ce que je fais, répliqua-t-elle. C’est gentil de vouloir me protéger, mais t’as vraiment pas besoin de le faire, ajouta-t-elle, peut-être un peu sèchement pour la peine. Elle planta son regard dans celui de Joachin pour que ce dernier puisse y lire toute sa détermination. Il n’a aucune raison de se méfier de moi. Je vais et viens dans les grottes constamment et j’ai de bonnes raisons de traîner du côté des cellules. Parce que, souvent, c’était elle qui mettait ces cobayes en cage… Elle préférait ne pas se montrer plus explicite à ce sujet. Elle n’avait pas la moindre envie d’accuser le jugement de son interlocuteur. Elle se débrouillait très bien par ses propres moyens à ce sujet. Alors ne te mets pas en danger pour rien ou alors non seulement tu ne pourras rien pour ta fille, mais en plus tu vas finir comme elle. Elle savait de quoi elle parlait. Joachin avait la « chance » d’être un cobaye volontaire, qui pouvait donc aller et venir dans les grottes sans être enfermé constamment, mais s’il déviait, ne serait-ce que de quelques centimètres, du chemin que Dean Appers avait tracé pour lui. Tu me fais confiance, pas vrai ? demanda-t-elle ensuite, très sérieuse.

C’était une question qui n’avait rien d’anodine pour elle et elle escomptait bien que son interlocuteur y réponde en toute sincérité. Elle, elle avait de bonnes raisons d’avoir perdu la confiance de Joachin (et encore, tout était relatif), mais elle, là, maintenant, tout de suite, avait besoin qu’il s’en remette à elle. Sans quoi ça pourrait bien ne pas fonctionner. Tout ce qu’elle faisait, à l’heure actuelle, elle le faisait pour lui, alors elle voulait qu’il l’accepte, tout simplement, et ne joue pas inutilement aux héros. Elle savait ce qu’elle faisait. Enfin… elle espérait qu’elle le savait…

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