Il y a des choses qu'on préfèrerait ne pas savoir... [pv Ed & Léo :3]

D

epuis quelques jours, le surveillant en charge de faire respecter l'ordre et le règlement de l'école dans l'établissement que fréquentait Ambre avait changé. C'était inévitable. Et Ambre s'était même attendue à ce que cela arrive plus tôt. Pour elle, c'était un jeu, et - souvent accompagnée de Solveig - elle mettait un point d'honneur à faire régner la terreur dans la cour de récréation jusqu'à ce que, inexorablement, le surveillant susnommé finisse par flancher. Elle en avait vu défiler plus d'un depuis les débuts de sa scolarité, et si certains avaient été renvoyés ou étaient partis de leur propre chef pour des raisons personnels, la liste de ceux qui n'avaient tout simplement plus supporté l'affaire que leur imposaient certains adolescents était pour le moins longue et fournie. Et parmi ces adolescents en question, Ambre était en tête de peloton. Elle n'avait rien contre ces gens à titre personnel, pourtant, elle trouvait seulement amusant de les faire virer chèvres, et au passage d'asseoir sa réputation tant qu'à faire. Quitter l'école en restant dans les mémoires comme celle qui aura fait démissionner le plus de pions, c'est quand même pas mal. Elle essayait aussi de temps à autre d'exercer ses talents sur ses professeurs, mais force était de leur reconnaître qu'ils étaient généralement bien plus résistants. Bref, Ambre avait fini par avoir raison de la précédente assistante de vie scolaire (quelle jolie formulation alambiquée pour dire "pion"), et elle avait récemment découvert le visage et l'identité du jeune homme qui à présent la remplaçait... et il s'avérait que si le visage ne lui était que vaguement familier pour l'avoir vaguement vu à quelques reprises, le nom ne lui était pas inconnu du tout.

Léopold Ridley, le type qui avait épousé Hardwick, mais pas vraiment en fait. Bref, le rival naturel de son frère. Ça devrait peut-être lui donner là un prétexte pour s'en prendre plus encore à lui qu'à ses prédécesseurs, mais pas vraiment, en réalité. Elle n'avait rien contre ce type, si ce n'est qu'il voulait lui faire respecter des règles qu'elle ne supportait pas. Il aurait pu garder Hardwick qu'elle lui en aurait été infiniment reconnaissante (elle ne l'aurait plus eu dans les pattes, comme ça) mais on a jamais tout ce qu'on veut, dans la vie. Tant pis. Hardwick était toujours chez eux, le mariage approchait à grands pas, mais au moins, elle était vivante. Elle était là, bien présente, en pleine forme, d'attaque pour se plaindre de l'attitude de son frère. Elle avait échappé de peu à la mort, et elle en avait pertinemment conscience. C'était une raison supplémentaire pour profiter de la vie, non ? Et aux dépends des autres, tant qu'à faire. Et en l'occurrence, c'était parce qu'elle s'en était prise au nouveau surveillant (des pétards dans sa veste, rien de bien méchant...) qu'elle poireautait à présent dans un bureau moisi en compagnie de son nouvel ennemi, dans l'attente que l'un de ses frères vienne la chercher et s'entendre réprimander au sujet de son comportement.
Lequel des deux frères, ça...

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É

videmment, c'était Edward qui était venu la chercher. Au fond, tant mieux, parce que si Preston avait déboulé à sa place, elle aurait passé un sale quart d'heure. Là, les choses allaient être animées aussi, mais pour une autre raison, et elle n'en serait pas la cible prinicipale. Car le moins que l'on puisse dire, c'était que l'arrivée d'Edward ne manqua pas d'être bruyante, mais Ambre devait bien avouer qu'elle s'y était attendue. Et pour cause, elle avait parfaitement conscience de l'animosité que partageaient son frère et son nouveau pion l'un à l'égard de l'autre, et elle n'avait pas à se poser mille questions à ce sujet, elle savait de source sûre quel était l'objet de leur conflit, et malheureusement, quand il s'agissait de Jane Hardwick, rien n'était jamais bien simple. Malheureusement. Elle aurait aimé qu'il n'en soit rien. Franchement, Ambre aurait préféré que l'objet de leur conflit n'existe pas, comme ça au moins, elle aurait été tranquille au quotidien. Mais c'était le cas, et Ambre sentait d'avance que ce combat de coq n'allait pas être de tout repos. Bien sûr, par principe, elle était du côté de son frère, mais elle n'avait pas envie de se retrouver entre deux feux alors que, concrètement, toute cette affaire l'emmerdait royalement. Elle préfèrerait vraiment qu'Hardwick disparaisse de sa vie plutôt que de la voir devenir une nouvelle source de conflit. Mais bon, c'était pas elle qui choisissait. Et Ambre était d'ailleurs certaine qu'elle allait plus subir la situation que vraiment la vivre. Edward avait donc clairement manifesté son mécontentement à l'égard de son rival. Et Leopold avait riposté. Aussitôt, Ambre sentit son sang ne faire qu'un tour. Tout à coup, l'objet de leur conflit n'avait plus la moindre importance. Ce qui comptait, à ses yeux, c'était de prendre la défense de son frère (même s'il était plus à même de se défendre de son propre chef), parce qu'elle ne laisserait pas qui que ce soit le provoquer. Non mais, il se prenait pour qui, celui-là.

-T'as raison, être pion c'est vraiment prestigieux, comme job, répliqua-t-elle, incendiaire, en adressant un regard noir au jeune homme. Mais quel sale con, sérieusement. Non mais c'est vrai, il pouvait redescendre d'un cran, quand même, il était surveillant de l'école alors qu'eux avaient hérité d'une fortune colossal qu'ils faisaient maintenant fructifier (enfin, surtout Preston, mais passons), alors il n'y avait vraiment pas quoi pavoiser. Des deux, il n'y avait pas à se demander mille ans qui avait la vie la plus minable. Léo avait un job pourri, s'était fait lourdement larguer par sa copine..., il avait rien pour lui. Edward avait une situation toute assurée ET sa meuf. Alors il pouvait aller se faire voir. C'est le célibat qui te rend aussi aigri, ou t'es comme ça tout le temps ?

Ce serait bien la première fois qu'elle abonderait dans la relation de Jane avec Edward.

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A

mbre adressa à Ridley un regard ce qu'il y a de plus désintéressé, accompagné d'un sourire amusé, quand ce dernier déclara que tout pion qu'il était, elle lui devait tout de même le respect. Techniquement oui, c'est sûr, mais elle s'en fichait totalement. Quelles que soient les circonstances, elle prendrait toujours la défense de son frère quand la situation le nécessiterait (même si pour cela elle devait aussi se ranger du côté de Hardwick, ce qui fichait un sacré coup à sa fierté, elle devait bien le reconnaître). Alors non, elle n'avait pas la moindre intention de lui témoigner le moindre respect, encore moins après cet épisode, et s'il devait en découler des punitions et heures de colle à n'en plus finir, eh bien elle s'en fichait, elle agissait en son âme et conscience, et en son âme et conscience, hors de question pour elle de laisser ce combat de coq se jouer sans elle. Si elle pouvait faire pencher la balance du côté des Baker, elle n'allait certainement pas s'en priver, surtout quand elle avait le sentiment que sa remarque de tout à l'heure avait tout de même réussir à faire mouche. Comme quoi, en dépit de la maladie et de sa guérison encore récente, elle n'avait pas complètement perdu la main quoi qu'il en soit. Bien au contraire, elle était même convaincue qu'il lui restait encore plus d'un atout à sortir de sa manche.

Et elle fut d'autant plus décidé à se défendre quand le pion s'en prit à sa famille, affirmant que c'était typique des Baker que de ne pas respecter les autres, que de ne pas assumer ses actes. Ambre se sentait bouillir intérieurement, et elle aurait sans doute décoché une réplique bien sentie à son interlocuteur si son frère n'avait pas reprit la parole avant, affirmant qu'il assumait le moindre de ses actes, et parlant plus franchement de Hardwick et de comment il avait "gagné". Franchement, Ambre s'épargnerait bien de l'entendre revenir sur le tapis, mais vu les circonstances, c'était inévitable. Alors tant pis, elle allait continuer sur cette lignée. Ou du moins, c'était son intention, mais ça, c'était avant les mots que Ridley prononça ensuite, et qui la prirent totalement de court.

- Quoi ? demanda-t-elle vivement, les yeux écarquillés, le regard tourné vers son aîné. Non, parce qu'elle voulait bien le défendre jusqu'à la mort, mais là, sous le coup de la surprise, elle éprouvait la franche envie de se désolidariser de son frère. C'est des conneries, pas vrai ? Peut-être que Ridley inventait n'importe quoi par dépit, uniquement parce qu'il enrageait de savoir Edward avec son ex... mais Ambre ne pouvait s'empêcher de douter. C'était pas le genre de Ridley de déblatérer de tels bobards, enfin de ce qu'elle croyait. T'as quand même pas mis l'autre abrutie en cloque ?

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A

mbre avait envie de croire, vraiment, que c'était une erreur, un malentendu, que Ridley racontait n'importe quoi dans le but de se rendre intéressant ou bien qu'il avait gobé des bobards de la part d'Enjolras parce qu'il était beaucoup trop crédule, le truc c'est que, en jetant un regard en direction de son frère, au lieu de se sentir rassurée, elle comprenait que le pion avait frappé exactement où ça faisait mal, et maintenant, la jeune fille devait supporter l'idée qu'un futur mini Edward attendait patiemment son heure dans le ventre de l'autre gourdasse. Bonjour le scénario horrifique ! Il les lui aurait toutes faites, décidément. Quand Ambre finissait par se convaincre que son frère ne serait pas capable de pire, il arrivait encore à la surprendre, elle pourrait observer ça comme un don comme peu d'autres en possèdent, mais elle ne voyait pas du tout les choses comme ça, elle en avait vraiment assez de toutes ces histoires, et surtout, elle était agacée d'avoir un train de retard une fois encore. Elle avait appris à rebours qu'Edward s'était marié avec Hardwick, maintenant, elle apprenait à rebours, et de la bouche de l'autre crétin, en plus, qu'il avait mis Enjolras en cloque. Bien sûr, Edward pouvait appréhender sa réaction, parce qu'elle était forcément tout sauf positive, mais il ne faut pas abuser non plus, à la fin. Elle en avait vraiment marre, de ces conneries. Plus que marre. Au final, elle ne savait même plus contre qui se mettre en colère. Ridley la mettait en rogne, c'est certain, mais c'était toujours mieux qu'Edward, qui venait de lui foutre un méga coup au moral. Tout dans son attitude semblait tendre à prouver que Léo n'avait rien inventé. Bordel. Perséphone Enjolras était enceinte, quoi.

-C'est jamais le moment, avec toi, de toute façon, répliqua-t-elle, acerbe, se désolidarisant totalement de son frère pour la peine. Non, parce que là, elle ne pouvait pas juste laisser passer sans rien dire, tant pis s'ils devaient avoir leur dispute de frère et soeur devant (piètre) public. T'as pas l'impression que c'est un truc important, là, t'as pas le sentiment que t'aurais dû m'en parler ?

Parce que bon, qu'il ait encore fait des siennes, c'était une chose, mais elle était par-dessus le marché vexée qu'il ne lui ait pas parlé de toute ça. Bien sûr, il pouvait dire que c'était ses affaires, que ça ne la concernait pas, mais elle n'était pas d'accord, même pas du tout. elle était totalement concernée par le sujet. Si Edward devenait père, alors tout ça devenait une histoire de famille. Et franchement, même si ça la gavait franchement de devenir la tata d'un machin pondu par l'autre imbécile, ça avait quand même de l'importance pour elle, elle prenait ça très au sérieux.

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B

on, d'accord, Ambre était clairement en rogne contre Edward, elle lui en voulait profondément de lui avoir caché une vérité aussi importante, mais malgré tout, ce serait toujours de son côté qu'elle se placerait quand Ridley s'en prendrait à lui... Comme maintenant. Même si elle ne pouvait pas donner tort à son surveillant quand il disait qu'Edward n'assumait pas ses actes... il ne donnait pas la preuve du contraire en ce moment, en tout cas, mais elle allait se taire sur le sujet. Elle ne supportait pas que ce type se permette de se montrer à ce point odieux et respectueux envers son grand frère. Elle fut bien tentée de lui asséner un "Oh toi, ta gueule" venu du fond du coeur (et sans doute typique des Baker), mais elle s'abstint, pas par politesse ou par réserve, mais parce que Ridley reprit trop rapidement la parole. Quand il demanda à son frère de lui apprendre le respect, elle se sentit bouillonner. Elle détestait vraiment qu'on parle d'elle à la troisième personne quand elle était présente... surtout si c'était pour critiquer si délibérément son attitude et son éducation. C'était définitif, elle le haïssait profondément... elle avait clairement l'intention de lui faire payer ce moment. Elle n'avait pas son pareil pour faire tourner les surveillants de l'école en bourrique, et elle lui réserverait un traitement tout particulier. Elle serra les poings en entendant son interlocuteur la coller toute la semaine. Non mais, pour qui il se prenait, pour cela ? Et il pensait vraiment qu'elle allait se laissait faire sans rien dire ? Il était clairement en train d'abuser de son pouvoir.

-Alors là tu rêves, sale con, répondit-elle avec toute l'agressivité dont elle était capable. Elle n'allait pas arranger son cas, mais ce n'était pas important. De toute évidence, Ridley l'avait dans le nez, alors elle allait lui donner de bonnes raisons de le détester, elle n'hésiterait pas à l'insulter encore, et surtout à lui rendre la vie impossible, c'était loin de lui faire peur. Elle aimait relever les défis, son défi allait par conséquent de pourrir la vie de ce sale type, et ça n'allait clairement pas la déranger. Tu t'acharnes sur moi, je m'acharne sur toi, déclara-t-elle d'un ton qui ne dissimulait rien de la menace sous-jacente. En même temps, il l'avait cherché. Crois-moi, tu vas le regretter.

En effet, oui, il allait le regretter, sincèrement le regretter. Les heures de retenue, elle pouvait faire avec, elle était habituée, et ça augmenterait son quota, ce qui était pas mal si elle voulait garder son statut d'élève la plus collée de toute l'école de notre terre et rester dans les annales de l'établissement... par contre, elle ne supportait pas d'être humiliée, qu'on se la joue supérieur.

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A

mbre considérait ne pas avoir besoin du soutien de son grand frère, elle pouvait très bien s’en sortir toute seule, ceci dit, elle appréciait qu’il invite le pion à prendre ses menaces au sérieux. Car oui, ses menaces étaient sincères, et elle avait la ferme intention de devenir le pire cauchemar de Ridley. Il n’était pas une bonne chose de se mettre un Baker à dos, mais alors deux… Il ne tarderait pas longtemps à le regretter, et tant mieux. C’était tout ce qu’il méritait. D’accord, elle était en rogne contre son frère par rapport à ce qu’il avait osé lui cacher, mais malgré tout, elle était décidée à faire, sur l’instant, de Ridley sa cible privilégiée, elle n’allait pas le lâcher, ça c’était clair et net. Il n’avait peut-être pas peur, mais il devrait, il devrait vraiment. Du haut de ses treize ans, Ambre pouvait vraiment se montrer redoutable, quand elle le décidait. Elle allait rivaliser d’imagination pour lui rendre la vie impossible quoi qu’il puisse advenir, et elle savait qu’elle pourrait compter sur certaines personnes, Solveig en tête, pour lui rendre ce fier service. Ambre avait bien envie de réplique et de donner tout de suite un avant-goût à Ridley de tous les supplices qu’elle lui infligerait dans les temps à venir, mais le temps n’était sans doute pas venu pour cela. C’était même sûr. La vengeance est un plat qui se mange froid, il paraît… Bon, Ambre n’avait pas l’intention d’attendre trop longtemps non plus, mais là, de toute manière, il valait sans doute mieux qu’ils se tirent d’ici. Surtout que, au bout d’un moment, il fallait quand même qu’Edward ait une sérieuse conversation avec Edward au sujet de ces histoires de gosse et de Perséphone. Elle ne savait vraiment pas quoi penser de tout cela, mais ce qui est sûr, c’est que Ridley ne méritait pas d’être le témoin de cette conversation. D’accord, il l’avait déjà un peu été, mais elle n’allait pas en rajouter non plus… Une fois encore, la discussion promettait d’être houleuse entre le frère et la sœur, ça commençait à être une habitude… mais en même temps, on ne peut nier qu’Edward les collectionnait. Et elle, elle essayait de suivre.

-Ouais, on se casse, répondit-elle alors, acceptant de se conformer à la volonté de son frère avant que les choses ne se gâtent. Elle connaissait son aîné. Elle savait bien que s’ils restaient plus longtemps, le poing de son frère allait atterrir dans la tronche de l’autre con. Et ce ne serait pas une bonne chose, on est bien d’accord. Elle tourna son regard vers Léo et lui adressa le sourire le plus charmant qu’elle possédait dans sa panoplie. Elle fit preuve de la plus grande hypocrisie possible, c’est sûr et certain, et Léo ne méritait vraiment rien d’autre. A bientôt, Léo, dit-elle alors.

Et l’appeler par son prénom n’était ni un signe d’estime, ni un signe de complicité. C’était le signe de tout le souverain mépris qu’il lui inspirait. Ce qui n’était pas peu dire.

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