Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? | Joachin & Eric

Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle?
 

Est-ce que la situation valait la peine qu’Eric s’en préoccupe ? S’il avait un minimum de compassion, et d’empathie, deux notions qui lui faisaient horreur, certainement. En temps que chef autoproclamé de la communauté des vampires, il devrait probablement s’inquiéter un minimum pour ses semblables n’est-ce pas ? Mais curieusement, la situation ne l’empêchait pas non plus de vivre sa vie. Bon, il ne jouait pas non plus les total insensibles, ce n’était pas son souhait d’être le seul vampire vivant. Il lui fallait bien quelques disciples, même si ces derniers n’étaient pas toujours d’accord. Mais il ne jugeait pas la situation catastrophique, juste un peu alarmante voilà tout.

Il avait bien remarqué que certains vampires avaient perdu certaines aptitudes, étaient plus faibles, plus… humains, et Eric n’aimait pas beaucoup cela. Pour le moment, il n’avait rien noté de ce genre chez lui (encore heureux)  mais il n’était pas très rassuré pour autant. A ses yeux, les vampires étaient vraiment puissants. Rien le fait qu’ils soient immortels (mais pas invincible, ce qu’il avait fait de ses aînés le prouvait) était un signe. Alors si c’était pour retrouver le statu d’humain… non merci, il allait s’en passer. Quoiqu’il en soit, il gardait un œil sur l’évolution de la situation, même s’il ne pouvait pas faire grand-chose, il ne savait pas ce qui causait cela, et n’avait pas non plus de remède miracle, il ne pouvait donc qu’observer les choses, en attendant que cela s’arrange. Si cela allait s’arranger, rien n’était sûr.

Quoiqu’il en soit, il n’oubliait pas de continuer sa vie bien tranquillement, et surtout de poursuivre son règne. Si tout le monde n’appréciait pas qu’il dirige un peu les choses pour les vampires, cela ne l’empêchait pas de le faire. De toute façon, si certains se montraient trop récalcitrants, trop gênants, il s’en débarrassait. Qu’ils ralent s’ils veulent, mais qu’ils le fassent en silence, c’est ce qu’il demandait. Et qu’ils ne mettent pas en péril le repère surtout, et tous les vampires avec. Les chasseurs et autres ennemis traînaient toujours là où il ne fallait pas.

Même si… des ennemis, Eric en avait dans la communauté des vampires. Rien qu’à voir Joachin Hardwick, si ses yeux pouvaient tuer, il serait mort déjà une centaine de fois. Enfin, il serait mort pour de bon, parce que techniquement, il était déjà mort. Enfin bref. Il soupira avant de relever les yeux vers le vampire qu’il avait mordu il y a quelques temps déjà.

« Tu n’en as pas marre ? »

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Eric n’était pas du genre à regretter ses décisions. Même si elles étaient mauvaises, il s’en fichait totalement. Que cela impacte des vies ne le touchait pas du tout. Il était un vampire, le plus vieux vampire existant, il était le chef de sa communauté, alors clairement, il n’allait pas se soucier d’une vie. Cela ne valait rien à ses yeux, les humains n’étaient bons qu’à être dévorés. Enfin, vidés de leur sang. Ils pouvaient aussi servir pour quelques jeux, mais cela s’arrêtait là, à moins que l’idée d’agrandir son nid ne lui vienne en tête et qu’il n’en transforme un au hasard. Eric était comme ça, il vivait au gré de ses pulsions, il ne se souciait pas des possibles répercussions. Et personne n’avait intérêt à lui faire de réflexions. Si Eric créait des vampires quand il le voulait, en tuer ne lui posait pas de soucis, loin de là. Un vampire ça se remplace, surtout si c’est pour un plus docile, et plus obéissant.

Et des vampires qui l’emmerdaient, il en comptait pas mal parmi ses rangs. D’ailleurs, il y en avait même qui se permettaient de rejeter son autorité, mais cela ne changeait rien au fait qu’il était le chef du groupe de vampires de l’île. Et puis, mieux valait ne pas chercher à l’affronter directement, où il pourrait s’énerver et prendre des mesures radicales, il l’avait déjà fait. Mais bon, les contestataires se montraient assez intelligents pour ne pas faire d’erreur qui pourrait leur coûter la « vie ». Mais cela n’enlevait rien au fait qu’il y avait des insatisfaits. Il y en avait toujours, Joachin était un excellent exemple. Monsieur je fais la gueule parce que je suis un vampire, il le connaissait le refrain. C’était toujours la même chose. Eric ne savait pas ce qu’il cherchait, ce qu’il attendait. Si c’était des excuses, il pouvait toujours courir.

Eric ne regrettait pas de l’avoir transformé. Enfin, il le regrettait parce qu’il l’emmerdait mais pas parce qu’il l’avait « privé » de sa famille. Il s’en était privé tout seul. Mais quoiqu’il en soit, Eric n’éprouvait pas de remords, il s’en fichait. Il l’avait vu, il l’avait attaqué, puis avait décidé de ne pas le tuer et d’en faire un vampire, voilà, c’était comme ça. Ça ne servait à rien de bouder, de montrer qu’il boudait dès qu’il le voyait. Ça ne changerait rien du tout à ce qu’il s’était passé, il faudrait qu’il l’intègre. Mais ça ne semblait pas vouloir entrer dans sa tête. Tant pis pour lui, Eric n’allait pas le plaindre, ni s’excuser. Il avait près d’un millénaire d’existence, les problèmes de Joachin Hardwick ça lui passai au-dessus mais sans soucis. Mais bon, Eric était d’assez bonne humeur, alors il tolérait presque le regard haineux du vampire sur lui, et s’en amusait. Il aurait presque envie de le provoquer, juste pour le plaisir, pour se divertir. Il n’avait pas envie de se battre, mais juste de le titiller, après tout, c’était lui qui le fixait comme ça. Lui n’avait rien demandé.

« Si clairement. Mais ce n’est pas comme si tu pouvais changer quoi que ce soit à ce que tu as fait. »

Il haussa un sourcil, en le dévisageant. Eric ne se souvenait pas avoir formulé une fois le vœu de vouloir changer à nouveau, la condition de Joachin. Maintenant qu’il était un vampire, il se débrouillait. Et il ferait mieux de l’accepter, franchement, il se gâchait la vie tout seul, c’était dommage pour lui. Mais encore une fois, Eric n’allait pas le plaindre. Il ne plaignait personne.

« Avant de le pouvoir, il faudrait déjà que je le veuille. Et autant te dire que je n’en ai strictement rien à faire mon cher. »

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Eric détestait les chouineurs. Et il considérait que Joachin en était un. Il était tout le temps là à se plaindre, à geindre… c’en était tellement fatiguant. Et sa fille, et sa femme… et sa fille et sa femme… toujours le même refrain avec celui-là. Eric ne l’avait jamais empêché d’aller les retrouver. Mais le pire, c’est que même maintenant qu’il avait repris contact avec sa précieuse petite famille, il continuait de lui taper sur le système. A croire que c’était inné chez lui. Alors oui, en un sens, il regrettait de l’avoir transformé, mais pas parce qu’il se sentait coupable de quoi que ce soit, non, parce qu’il était obligé de le supporter, et c’était très loin d’être une partie de plaisir.

Parce que oui, en plus des chouineurs, Eric détestait qu’on vienne l’emmerder. Pourtant, Joachin était fort doué là-dedans, il dirait même qu’il excellait. Ils n’avaient jamais eu un échange qui n’avait pas fini en prise de bec, il faut dire aussi que vu la tête que lui tirait Joachin à chaque fois, Eric n’avait aucune envie de se montrer un minimum aimable. Mais il y avait bien une fois où cela irait plus loin que de simples paroles, et ils en viendraient aux mains, ou aux crocs. Joachin ne l’avait jamais attaqué physiquement, parce qu’il n’était pas suicidaire, mais Eric restait tout de même sur ses gardes, sait-on jamais. M’enfin, si le plus jeune des deux vampires attendait des excuses, il avait toute l’éternité pour les attendre. Elles ne viendraient jamais, pas plus que les remords. Eric était quelqu’un d’impulsif, Joachin s’était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, c’est tout. Il n’y avait pas à s’expliquer durant des décennies pour quelque chose d’aussi insignifiant aux yeux d’Eric.

« En même temps, tu ne donnes pas le sentiment d’avoir quelque chose à faire de quoi que ce soit. »

Eric sourit, amusé. C’est vrai, il ne donnait pas l’intention d’être concerné par beaucoup de choses, il gardait une certaine nonchalance pour tout, mais il y avait tout de même quelques sujets qui lui tenaient à cœur. Lui-même, pour commencer. Le fait de garder le repère secret, et rester au pouvoir. Le reste… oui, ça lui passait carrément au-dessus.

« Oh mais tu te trompes mon cher, comme quoi tu me connais bien mal. Mais effectivement, ton cas me laisse totalement indifférent. Le seul fait que je n’oublie pas ton existence c’est qu’à chaque fois que je dois m’imposer ta présence, tu me rappelles que tu es là en me prenant la tête. »

Eric n’estimait en aucun cas lui avoir « pris sa vie ». Au contraire, il l’avait rallongée, rendue aussi longue que l’éternité, c’était un cadeau qu’il lui avait fait. Et il ne le lui rendait pas du tout. C’était tout de même très malpoli de la part de Joachin, et il allait tout de même devoir qu’il prenne garde à ne pas trop longtemps tirer sur la corde, s’il ne voulait pas que les choses s’aggravent.

« Mais un jour, tu paieras les conséquences de tes actes. »

Eric porta un regard perçant sur lui. Il ne se sentait pas du tout menacé par l’autre vampire, il ne pouvait rien contre lui. Aucun d’entre eux ne le pouvait, Eric n’était pas leur chef pour rien, que cela leur plaise ou non. Il ne le lâcha pas du regard, restant indéchiffrable cependant. Il ignorait quelle pente Joachin était en train d’emprunter, mais elle était dangereuse pour lui.

« Ce sont des menaces ? Parce que si c’est le cas, laisse moi te dire tout de suite que je peux rendre ta vie encore moins supportable qu’elle ne l’est pour toi. »

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Eric était habitué à ce qu’on ne l’aime pas. Il s’en moquait. Curieusement, il avait surtout du mal avec les hommes. Ou plutôt, les hommes avaient du mal avec lui. Sûrement une question d’ego, d’instinct de mâle. Ils ne devaient pas supporter d’avoir quelqu’un au-dessus d’eux. Les vampires étaient beaucoup commandés par leurs instincts, alors certains traits ressortaient davantage. Quoiqu’il en soit, il ne s’en souciait pas vraiment. Ce n’était pas quelque chose qui l’inquiétait. Ils pourraient devenir agressifs physiquement, mais Eric ne craignait personne, il les surpassait tous. Il est vrai que s’ils s’alliaient tous contre lui, il aurait peut-être plus de mal à les maîtriser mais il avait tout de même confiance en ses capacités. Il n’était pas le plus vieux vampire pour rien, ni le plus puissant d’ailleurs. Il s’octroyait beaucoup de mérite, beaucoup de pouvoir, mais il le méritait. Il s’était battu pour avoir tout cela, au sens littéral.

En tout cas, il était habitué à avoir des ennemis, même au sein de son propre clan, et Joachin en était un de premier choix. Il le fatiguait avec ses reproches incessants. Toujours à geindre qu’il lui avait pourri la vie. Ce n’était pas comme si Eric comptait s’excuser un jour, cela n’arriverait jamais. Il ne regrettait pas d’avoir transformé Joachin, parce qu’il ne se souciait absolument pas de lui. Il avait agi comme ça, par pulsion. Ni plus ni moins. Il lui avait même fait un cadeau, offert la vie éternelle. Qu’il l’ait voulue ou non, ça, ce n’était pas ses affaires. Mais Joachin devrait tout de même faire attention. Car Eric pouvait bel et bien vraiment lui enlever tout désir de vivre. Il ne fallait donc pas que le jeune vampire aille trop loin, sinon, il pourrait le regretter amèrement. Eric acceptait qu’on ne l’aime pas, mais il voulait tout de même le respect de ses congénères, même si ce n’était pas gagné pour tous.

« Et en quoi tu pourras la rendre plus insupportable encore ? »

Il le cherchait. Il n’y avait pas d’autre mot. Il savait que la question n’était pas posée innocemment, c’était de la provocation pure et dure. Et Eric était du genre à répondre à la provocation. La plupart du temps. Parce qu’il avait besoin d’assoir sa domination. Il était le chef des vampires, il n’était pas donc pas à faire des menaces dans le vent. Si Joachin faisait la bêtise de le prendre de haut, et de le provoquer, il ne faudrait pas qu’il se plaigne par la suite. Eric le toisa du regard, pas vraiment enclin à se montrer clément et laxiste avec lui.

« Je ne sais pas, mais là tout de suite je pense d’emblée au fait que tu as une famille. Une femme et une fille c’est ça ? Ce serait dommage qu’il leur arrive quelque chose. Et crois-moi bien qu’il ne faudrait qu’une poignée de secondes pour arriver à mes fins. Alors je te conseille de rester à ta place. »

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Cette situation était complètement stupide aux yeux d’Eric. Il n’était pas du tout impressionné par Joachin, et il ne le serait jamais. Il pouvait bien lui lancer tous les regards noirs qu’il voudrait, ça ne changeait rien à la situation. Eric était un minable, qui avait eu la chance d’être transformé par Eric, et il lui en voulait pour cette raison. La morsure d’un vampire quand elle était destinée à transformer était une bénédiction, un véritable cadeau. Eric n’était qu’un ingrat qui pleurnichait sans cesse au sujet de sa femme et sa fille. Il n’avait qu’à les transformer aussi, ainsi, il arrêterait de leur casser les oreilles avec ses gémissements pathétiques.

Quoiqu’il en soit, Eric ne considèrerait jamais Joachin comme un danger. Certes, il était un vampire, et il avait les mêmes capacités que lui, mais Eric était bien plus vieux que lui. Il était le plus vieux de tous les vampires, c’était d’ailleurs pour cette raison qu’il était leur chef. Donc, ce n’était pas Joachin qui viendrait l’inquiéter d’une quelconque manière. Au contraire, il lui inspirait toujours autant de pitié, et cela n’allait pas en s’arrangeant. Mais bon, il le laissait tout de même lui faire se tirades, promettant mille et unes vengeances qui ne viendraient jamais. Parce qu’autant le dire, Joachin ne pourrait jamais rien lui faire, c’était une évidence. Et même, qu’il essaye. Cela aurait l’utilité de le distraire et de l’amuser. Même si au bout d’un moment, il était évident qu’Eric se lasserait. Et comme il l’avait dit, attaquer la femme et la fille de son interlocuteur pour le tenir en laisse était totalement dans ses cordes, il n’avait pas de souci à se faire là-dessus. Eric ne faisait jamais de promesses dans le vent.

« Tu ne t’en tireras pas si facilement. »

Encore des paroles auxquelles Eric ne prêterait pas attention. Il pouvait continuer avec ses menaces sans aucune poigne, ce n’était pas maintenant que le vampire allait le prendre au sérieux. Il ne le prendrait jamais au sérieux, c’était comme ça. Joachin avait perdu d’avance, et il était temps qu’il l’intègre, mais cela ne semblait pas vouloir se frayer un chemin jusqu’à son cerveau, ce qui était fort dommage, autant le dire. Mais bon, peu importe. Eric continuerait de se farcir ses lamentations et ses menaces futiles, puisque Joachin restait particulièrement buté.

« Je sais, tu me sors toujours la même chose. J’ai fini par imprimer, même si ça ne semble pas être ton cas. »

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