Réunion de famille // feat Penny

Laisse-moi donc me charger de ça et reste tranquillement assise, tu en as déjà bien assez fait pour aujourd’hui Mamie.

Déposant un baiser sur les mèches blanches de sa grand-mère, Sven entreprit de débarrasser la table où étaient installé ses parents ainsi que ses oncles et tante et sa cousine.

Le repas avait été plus que copieux, sa grand-mère s’était probablement à nouveau levée à l’aube pour le préparer, tenant absolument à ce que tout soit parfait, comme toujours quand elle invitait ses enfants et leur famille à manger mais elle n’était plus aussi jeune et vigoureuse qu’avant et ses yeux se fermant tout seuls à tout moment trahissait sa fatigue en ce début d’après-midi.

Ainsi, Sven apportait la vaisselle dans la petite cuisine lumineuse et commençait à la laver quand sa mère le rejoignit pour préparer les cafés. Comme à son habitude, elle leva la main pour caresser la joue barbue de celui qu’elle avait toujours élevée comme son fils et échangea quelques mots avec lui alors que chacun vaquait à son occupation et une fois terminé, ils rejoignirent les autres dans la salle à manger pour prendre le café.

Cela pouvait sembler un brin cliché pour un regard extérieur mais l’ambiance était détendue, le soleil automnal filtrait à travers les grandes fenêtres de la salle à manger, inondant la pièce d’une lumière tirant sur le jaune et les éclats de rire résonnaient à travers la pièce.

Alors que son père et son oncle se lançaient dans une joute verbale ayant pour but à priori d’inventer de nouveaux jeux de mots pas toujours très recherché, Sven senti la main de sa grand-mère se poser sur la sienne, pour capter son attention. Alors qu’il se retournait avec un sourire, il s’amusa de voir la vieille femme se pencher sur lui, comme pour lui dire un secret.

Mon petit Sven, je sais ce que tu vas me dire c’est l’automne c’est normal que mes plantes se fanent mais j’aimerai tellement clouer le bec de cette vieille pie de Madame Grindberg… Tu ne pourra pas faire un petit quelque chose pour mes rosiers ?

Madame Grindberg était une voisine de sa grand-mère, vivant à une 50aines de mètres de chez elle, et toutes deux se livraient depuis des années une bataille pour avoir le plus beau jardin. Petite guerre que sa grand-mère gagnait bien souvent grâce à un petit coup de main discret de son petit-fils. Après tout, tant qu’elle ne lui demandait pas cela en plein hiver, il pouvait bien lui rendre ce petit service pour lui faire plaisir. Après tout, avec un bon engrais et des soins adaptés, un rosier pouvait bien avoir encore des fleurs en automne.

Ainsi, Sven se leva de table tout en adressant un clin d’œil à Penny et se rendit dans le jardin. Les rosiers n’avaient pas encore trop souffert de la fin de l’été, sa grand-mère était décidément une excellente jardinière même sans son appui.

Profitez-en, vous allez avoir droit à une seconde jeunesse, annonça-t-il aux rosiers tout en effleurant quelques feuilles du bout des doigts alors que la plante prenait un ton vert plus soutenu et que quelques boutons de rose apparaissaient parmi les fanés, poussant jusqu’à éclore en quelques secondes.  Faites le plein de soleil avant l’hiver et restez bien ouvertes pour rentre verte de jalousie cette vieille pie de Madame Grindberg. Vous avez de la chance, vous pourrez être tranquille jusqu’au printemps après contrairement au pauvre futur sapin de Noël. Et encore, au moins maintenant Penny ne me demande plus de garder le sien beau et vert jusqu’au printemps...

   

Sven avait toujours les yeux rivés sur la fleur qu’il effleurait du bout des doigts quand la voix familière de sa cousine se fit entendre dans son dos et étira ses lèvres dans un sourire. La mauvaise foi de la jeune femme l’amusait sincèrement, surtout quand il avait le souvenir de son oncle et de sa tante lui interdisant d’approcher le sapin tellement ils n’en pouvaient plus de le voir dans leur salon. Mais Sven, en gentil cousin inquiet de faire plaisir à sa cousine avait prit l’habitude de s’y faufiler discrètement dès qu’ils avaient le dos tourné. C’était le genre de souvenir innocent qu’il avait gardé de son enfance. Et c’était probablement le genre de chose qu’il serait incapable de s’empêcher de faire lorsqu’il aurait enfin la chance d’avoir des enfants.

Les autres me prendront pour un fou le jour ou je soutiendrais que les plantes me répondent ma chère Penny. Pour le moment, ils me prennent juste pour un gentil original, ajouta-t-il en se tournant vers elle avec un air rieur qui faisait pétiller son regard.

Et puis ce n’était pas sa faute, il était plutôt bien placé pour savoir que les plantes étaient vivantes. Alors oui, certes, il n’y avait aucune chance qu’elles comprennent un seul mot de ce qu’il pouvait bien leur raconter mais était-ce vraiment pire que ceux qui discutait avec leur chat ? Alors oui, Sven étonnait toujours avec l’intérieur de sa maison richement décorée en plantes diverses et variées à qui il ne pouvait s’empêcher d’adresser quelques mots en passant mais c’était ainsi. D’après certaines commères du village, cela tenait au fait que ce jeune homme encore et toujours célibataire passait la majeur partie de ses journées avec des enfants et, donc, manquait cruellement de contactes avec le monde des adultes en dehors de ses heures de travail. Et cette lubie faisait toujours bien rire les enfants.

Je vais bien, répondit-il en suivant Penny du regard alors qu’elle s’installait près de lui. La routine… Quand je n’éduque pas les petites têtes blondes du village je fais divers travaux pour mamie ou j’aide l’archiviste…

Ce fut en s’entendant articuler sa réponse que Sven fit une petite grimace à ses propres propos. Passer sa journée avec des bambins ou avec sa grand-mère ou l’archiviste ? Il n’avait donc rien de plus intéressant à raconter ? Mais il avait beau se creuser la tête non, il ne voyait rien. Même pas une petite anecdote cocasse ou romantique à ajouter, rien de tout. Même lui se trouvait désolant soudainement. Pourtant, il ne pensait pas avoir tendance à jouer les ermites.

Sven se redressa et passa un bras autour de Penny avant de déposer un baiser sur ses boucles blondes. Un geste coutumier chez lui. Sven avait toujours été tactile avec ses proches et il avait toujours aimé Penny plus comme une sœur qu’une cousine.

Et toi comment est-ce que tu vas ? Tu étais bien silencieuse à table aujourd’hui.

Sven savait que Joshua lui manquait encore terriblement. En réalité, il lui manquerait probablement toujours un peu mais Penny avait eu l’air plus ouverte ses derniers temps.

Lorsque Penny lui répondit d’un simple et laconique « ça va », Sven jugea préférable de ne pas insister. Sa cousine avait vécu des moments difficiles avec la mort prématurée de Joshua mais elle était forte et ne s’était pas laissé abattre. Sven était d’ailleurs fier d’elle, même s’il pensait ne pas le lui dire assez souvent. Mais en même temps, le lui dire ne ferait que lui rappeler ce qu’elle avait perdu alors Sven préférait généralement s’abstenir.

Et puis de toutes manières, Penny savait qu’elle pouvait lui parler si elle en ressentait le besoin, quitte à venir le réveiller au milieu de la nuit.

Toutefois, le sujet qu’elle mit tout à coup sur le tapis était le dernier auquel il aurait pu songer. Les Hellsing, le nom en lui-même avait de quoi donner la chair de poule. Sven se souvenait que son père, son vrai père biologique, lui avait répété à de nombreuses reprises durant son enfance qu’il devait impérativement se tenir « loin de cette famille de malheur » sans jamais vraiment entrer dans les détails.

Les détails d’ailleurs, Sven les avaient découverts, petit à petit, auprès du vieil archiviste à la mémoire prodigieuse. Et encore, il ne faisait qu’effleurer le haut de l’iceberg, il en était convaincu.

Pas personnellement, non. J’en ai entendu parler. Mon père n’arrêtait pas de me dire de les éviter. Avec les années, j’ai découverts qu’étrangement, ils étaient souvent dans les environs lors de morts suspectes de créatures. Je ne dis pas qu’ils sont forcément fautifs mais… Il y a un peu trop d’histoires à travers les générations pour que cela soit une coïncidence.

Il n’y avait pas de preuves, pas de Hellsing condamnés, rien. Juste leur ombre planant sur les créatures du village. Sven ne savait pas trop quoi en penser. Peut-être que dans le fond, tout cela n’était que des rumeurs ? Ce genre d’histoire que l’on se transmet de génération en génération sur une famille séculaire. Peut-être que tout cela était infondé. Mais même sil n’avait jamais vécu avec lui, Sven avait toujours fait confiance au jugement de son père.

Je ne sais pas trop quoi en penser. Je n’ai jamais lu le moindre rendu du jugement les liens à une mort violentes, pas un élément de preuve rien. Mais je ne sais pas, il y a quelque chose de pas net. Après tout, toutes les rumeurs ont des racines de vérité non ? Mais pourquoi tu t’intéresse à eux tout à coup ?

Sans cesser de regarder Penny, Sven se redressa légèrement en fronçant tout à coup des sourcils, l’air soucieux.

Ils ne t’ont pas posé problème rassure moi ?

C’était plus fort que lui, Sven s’était toujours – un peu trop parfois – inquiété pour Penny. Après tout, il n’avait jamais eu de frères ou de sœurs, que ce soit biologique ou adoptifs. Ainsi, Penny avait toujours été pour lui se qui se rapprochait plus d’une sœur. D’ailleurs, il l’avait toujours plus considérée ainsi que comme sa cousine. Mais du coup, il avait tendance à devenir un pseudo grand frère protecteur malgré le fait qu’ils aient bientôt 30 ans.

Bon, heureusement, elle n’avait pas eu de problèmes avec ceux qui semblaient vouloir se poser comme étant leurs ennemis, en plus de ces fichus sorciers, c’était déjà une bonne chose. Et même s’il connaissait Penny par cœur, il ne détecta pas le mensonge, noyé dans son humeur si sombre du jour.

Apparemment oui, répondit-il en la répétant doucement sans vraiment s’en rendre compte. A vrai dire, il se souciait plus de l’humeur morose de sa cousine que des agissements des Hellsing dans l’immédiat. Sauf qu’il ignorait encore que les deux étaient liés, ce qu’il ne tarda pas à découvrir.

Lui aussi ressentait encore parfois le manque de Joshua. Tout deux avaient été de bons amis. Mieux, ils avaient été membres de la même famille ! La disparition tragique de l’époux de Penny n’avait pas été un coup dur que pour elle mais pour toute la famille, Sven en premier.

L’aveu de Penny eu d’une certaine manière l’art de le surprendre. Ces doutes, lui aussi les avaient eu en comprenant les liens mystérieux liant généralement les Hellsing aux morts des créatures mais il ne se l’était jamais vraiment clairement dit, préférant garder le doute. Mais d’entendre ses propos de la bouche même de Penny, c’était leurs donner une vraie consistance.

Je… J’aimerai pouvoir te dire que non mais à vrai dire, je ne sais pas. Peut-être que oui. Comme je te l’ai dis, ce ne serait pas la première fois qu’une créature aurait une mort violente où planerait l’ombre des Hellsing, expliqua-t-il en se reculant très légèrement pour pouvoir regarder Penny tout en la questionnant, levant un sourcil interrogateur.

Dans leur famille, le sujet n’avait jamais été abordé. Pas devant les « enfants » en tout cas. A vrai dire, le seul à y avoir fait référence était le père biologique de Sven. Peut-être savait-il quelque chose ? Malheureusement, ils étaient dans l’incapacité de lui poser la question désormais.

Comment en es-tu arrivée à cette conclusion ? D’ailleurs, qui t’a parlé des Hellsing en fait ?

C’était fou comme la vie pouvait être compliquée dans un si petit village coupé de tout. En même temps, la concentration de créatures s’y trouvant n’aidait pas vraiment, c’était un fait mais même si Sven avait toujours été content de sa condition de fée, il ne pouvait s’empêcher de se dire que la vie serait bien plus simple s’il n’était qu’un simple humain. Mais dès lors, sa grand-mère n’aurait jamais pu se réjouir d’avoir le plus beau jardin et sa cousine n’aurait jamais pu prolonger la magie de Noël jusqu’en été durant son enfance.

Déa vit des moments difficiles ?

Elle ne lui en avait rien dit. En même temps, Sven réalisait qu’il ne l’avait pas revue depuis quelques temps aussi. Et puis, peut-être qu’elle avait un problème dont elle se sentait plus à l’aise pour en parler avec une autre femme qu’avec un homme.

Rien de grave j’espère… Je devrais peut-être passer la voir à l’occasion.

Mais Sven oublia bien vite Déa lorsque Penny lui avoua avoir rencontrée, il y a peu, un membre de cette mystérieuse famille.

Je n’aime pas trop ça, lui dit-il avec douceur. Je sais, il n’y a jamais eu de preuves liant les Hellsing aux morts violentes des créatures mais les coïncidences sont trop nombreuses pour n’être que des coïncidences.

Sven ne savait pas trop quoi penser de cette révélation. A priori, les fées ne courraient pas le plus grand danger. Après tout, ils étaient probablement ceux qui avaient le plus de facilité pour se fondre dans la masse et qui représentaient le moins de dangers pour autrui. Mais d’autres créatures bien plus virulentes jouaient en défaveurs de toutes les créatures en générales.

Tu ne t’es jamais demandé si nous ne devrions pas faire tomber le secret ? Avouer la vérité une bonne fois pour toute aux humains ? Après tout, il ne faut pas se voiler la face, une bonne partie d’entre eux ont déjà des doutes. Certains ont même des certitudes et sont dans la confidence. Peut-être serions-nous moins effrayants pour eux s’ils savaient la vérité.

Ou alors ils les traqueraient aussi sec et les rayeraient une bonne fois pour toute de la carte, c’était aussi une possibilité à prendre sérieusement en compte.

Les soucis d’ordres sentimentaux. S’il y avait bien un sujet dans lequel Sven n’y comprenait pas grand-chose, c’était bien cela. Il ne fallait pas se méprendre, à 29 ans il avait tout de même vécu quelques histoires d’amour mais elles pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main, il fallait l’avouer, et n’avaient jamais vraiment été un problème. Bien que douloureuses, ses ruptures s’étaient toujours relativement bien déroulées. Comme tout le monde, il avait eu des coups de cœurs pour des jeunes femmes ne le voyant pas et lui préférant un autre mais ça, c’était plus dans l’ordre du normal que du problème. Ainsi, c’était exactement le genre de conversation dans lesquels il se sentait comme un pingouin largué loin de sa banquise. Et c’était aussi le moyen le plus efficace de s’assurer qu’il ne poserait pas de questions supplémentaires lorsque l’on voulait lui cacher la partie la plus épineuse du problème. Et finalement peut-être que sa visite à son amie attendrait quelques jours supplémentaires.

Mais il oublia rapidement Déa et ses problèmes de cœur au profit d’un souci bien plus grave, les Helsing tout d’abord puis le sujet plus général de leur véritable nature.

Je comprends, répondit-il avec un sourire. A vrai dire, je pense la même chose. C’est juste que… Je ne sais pas, ce serait tellement plus facile pour nous de pouvoir être juste nous-mêmes. Je le vois dans mon boulot, tu n’imagine pas comme il est difficile de cacher aux autres petits la nature de certains de leurs camarades encore trop jeune pour vraiment réaliser qu’ils doivent se cacher.

Bien sûr, lui aussi l’avait vécu quand il était enfant, tout comme Penny et les autres. Et tous avaient finalement réussit à garder le secret intactes. C’était juste que Sven était mal à l’aise avec la notion de mensonge. Pour le simple exemple, Leo était son ami mais il était aussi un humain. Lui mentir depuis toutes ses années était facile, certes, il lui suffisait de lui cacher ses pouvoirs mais moralement, c’était contraignant.

Je me dis juste que les humains le prendraient peut-être mieux si on le leur avoue que s’ils découvraient la vérité par accident. Ça prouverait notre bonne foi…

Sven haussa les épaules. C’était presque irréalisable, il le savait. S’il n’y avait que lui, peut-être trouverait-il le courage de le faire mais il n’était pas seul et il ne pouvait pas mettre toute leur communauté en danger sur un coup de tête. Sans oublier que les créatures un peu moins pacifiques pourraient avoir sérieusement envie de l’attraper avant les Helsing.

Laisse tomber, ce sont juste les divagations de ton cousin, annonça-t-il avec un sourire. Quand tu passe tes journées à faire des découpages, tu as trop de temps pour cogiter tout seul.

C’était le débat éternel qui animait le monde magique du Village. Se montrer au grand jour ou pas ? Avouer la vérité ou attendre que les humains le découvrent par eux-mêmes ? Beaucoup étaient désormais en courant, de plus en plus d’années en années. Mais le secret restait toujours pour la majorité de la population.

Peut-être fallait-il simplement laisser faire les choses ? Peut-être qu’avec le temps, de générations en générations, tous les humains finiraient par savoir la vérité de façon naturelle. Mais qu’adviendrait-il alors ? Les différentes créatures avaient appris à vivre ensemble, les humains ne seraient qu’une race de plus, c’est tout. Oseraient-ils vraiment tenter d’attaquer ? Ils étaient faibles, sans pouvoir. Les humains n’avaient aucune chance de s’en sortir s’ils s’en prenaient en masse aux créatures. Mais Sven espérait vraiment que cela n’en arriverait jamais là, même si cela devait être des années après sa mort.

Qui vivra verra, répondit-il finalement dans un haussement d’épaules. Si les créatures n’avaient jamais trouvé la solution jusqu’à présent, ce n’était pas deux créatures, des fées qui plus est, qui le feraient.

Quand Penny lui fit remarquer qu’il était temps qu’il se trouve quelqu’un, Sven leva exagérément les yeux au ciel, exactement comme il le faisait à chaque fois que ses parents ou grands-parents lui faisaient cette remarque. Cependant, il le prenait bien mieux de la part de Penny qui, il le savait, se souciait avant tout de son bonheur, que des autres qui voulaient le voir faire des enfants. Faire perdurer la race était une chose que beaucoup prenaient très à cœur. L’ennuie était qu’aucune fée célibataire intéressait Sven malgré l’insistance de ses parents pour les inviter régulièrement pour qu’il passe de temps avec elles. Résultat, le pauvre s’imaginait déjà finir par se résigner à en épouser une en mariage d’agrément.

Je n’ai pas encore trouvé qui que ce soit qui me corresponde, répondit-il avec un air dépité. Je suis peut-être destiné à devenir un vieux croûton rendant visite tous les jours à sa vieille cousine et à nourrir tous les chats des environs. J’aurai un grand jardin qui pourra rivaliser avec celui de mamie, il faudra bien que je m’occupe, ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

Après quoi, il jeta un coup d’œil aux alentours désert et effleura le rosier du bout des doigts. En un rien de temps, il se couvrit de magnifiques roses écarlates, prenant des teintes éclatantes, surtout en comparaison des autres plantes ternies par l’automne.

Je pourrais peut-être me trouver une petite maison isolée du reste du village ou je pourrais avoir un immense jardin éclatant toute l’année ? J’y cultiverai des sapins pour toi, promis.

Sven observait les roses qu’il avait fait renaître. Il avait mit plusieurs années avant d’avoir la maitrise de son pouvoir et la floraison d’un arbuste hors saison n’en était que la démonstration la plus gentille. Si besoin était, son pouvoir pouvait se muer en véritable arme de protection et d’attaque. Ceci dit, il était extrêmement rare qu’il en arrive là. Mais alors que Penny observait les fleurs en le remerciant pour les sympa tout en songeant, sans qu’il ne le sache, qu’elle enviait son talent Sven, de son côté, songeait au fait que le pouvoir de sa cousine lui serait tout de même plus utile. Pouvoir être à plusieurs endroits en même temps était tout de même bien plus pratique et intéressant. Comme quoi…

Oh ne me parle pas de malheur, soupira-t-il en imaginant parfaitement bien ses parents le marier effectivement en lui forçant un peu – beaucoup - la main avec la fille d’un de leurs couples d’amis fées. Car à choisir, il était évident qu’ils préféreraient le voir marié à l’une des leurs. Détail qui n’avait jamais vraiment eu d’importance aux yeux de Sven d’ailleurs. Certes, avec une non fées, il n’aurait pas l’occasion de faire perdurer la race mais soit, ce n’était pas comme si la survie des fées dépendait de sa descendance non plus.

On a encore de la chance, un siècle plus tôt et à tous les coups, c’est avec toi que la famille aurait cherché à me marier !

La simple idée avait de quoi filer des sueurs froides à Sven. Penny était sa cousine et, plus que cela, elle était comme sa sœur. Devoir l’épouser et surtout devoir lui faire des enfants… Il ne préférait même pas y penser ! A ces yeux, cette simple idée prenait des allures d’incestes vraiment dérangeantes.

En parlant de la famille, la voix de leur grand-mère se fit alors entendre et Sven tourna la tête pour regarder la maison pardessus son épaule.

Je crois qu’on nous réclame… Prête à retourner dans l’arène ?