[Event] Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire [pv Léo]

I

l avait hésité à venir. Il faut dire qu'il n'était pas vraiment certain d'être à sa place au sein de cette manifestation heureuse, qui réjouissait la plupart des villageois. Fête le renouveau, c'était une chose, mais son renouveau, au lieu, avait toutes les chances d'avoir des travers très obscurs. Il n'avait pas franchement le  coeur à la fête. Pas alors qu'il ne pourrait passer ces festivités auprès de celle qu'il aimait, pas alors qu'il risquait fort de croiser plusieurs visages connus, qu'il n'avait nulle envie de croiser.... Ou plutôt, des visages connus qui ne voulaient plus croiser le sien, quand, à lui, ils manquaient trop. Au final, il n'avait pas vraiment eu le choix. Tant d'humains concentrés au même endroit ? Forcément, certaines créatures pouvaient vouloir profiter de la situation à mauvais escient. Mieux valait, par conséquent, que les Hellsing soient sur le qui-vive, et donc se rende sur les lieux. C'est donc sans enthousiasme qu'il s'était rendu sur la grande place. Si le temps était encore frais, les relans de printemps qui leur parvenait étaient agréables, même si Andrew n'était pas vraiment à même d'en profiter. Il allait d'un bout à l'autre de la place comme l'on patrouille, peut-être parce qu'il patrouillait un peu, Pour se donner une contenance, il s'arrêtait à l'un ou l'autre stand, faisait mine d'être intéressé. Le fait est qu'il aurait largement préféré passer la soirée chez lui, et ce fut plus certain encore pour lui, quand il remarqua Léo, un peu plus loin. Il aurait voulu aller vers lui, lui parler... mais à quoi bon ? Il avait été très clair, il ne voulait plus lui adresser la parole, et à juste titre... Et s'il savait ce qui se tramait dans sa cave, ce serait pire encore. Alors il restait à distance. C'était du moins sa décision première.

Un événement étrange se produisit alors. Une brume étrange, épaisse, sombre et tout autant fugace envahit les lieux... Une fumée singulière, qui ne semblait pas avoir grand chose de naturelle. Cela aurait dû être son objet premier de considération, mais ce ne fut pas, en définitive, la pensée qui envahit son esprit. Il ressentit tout à coup le besoin irrépressible et irrévocable de livrer tout ce qu'il avait sur le coeur, et la première victime de cet instinct soudain devait être Léo, vers lequel il s'approcha, tout à coup déterminé, sûr de lui. Arrivé à son niveau, il serra ses doigts autour de son bras pour l'empêcher de fuir la conversation.

-Il faut qu'on parle.

Pour dire plus que ce qui s'était déjà dit entre eux ? Oui, parce qu'il avait le sentiment que leur dernière discussion s'était achevée sur un arrière-goût d'inachèvement désagréable. Le chasseur qui, l'instant d'avant, voulait fuir celui qu'il considérait toujours comme son meilleur ami, sentait à présent la nécessité de mettre cartes sur table. Toutes les cartes. Et peu importe s'il devait encore y aller de révélations qui devaient faire mal. Ils n'étaient plus à cela près, après tout. Et surtout, il n'avait plus rien à perdre.

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B

ien sûr, Andrew ne s'était pas attendu à ce que son interlocuteur lui ouvre grand les bras comme si de rien n'était, certainement pas, c'était impossible après ce qu'il s'était passé entre eux, mais en même temps, il ne s'était attendu à rien, pour tout dire, puisqu'il ne s'était pas franchement imaginé qu'il se retrouverait dans cette situation, à chercher la confrontation avec celui qu'il considérait encore comme son meilleur ami, même si ce n'était plus réciproque. Dans tous les cas, le chasseur ne voulait pas franchement laisser le choix à son interlocuteur. Il éprouvait comme le besoin impérieux de lui sortir tout ce qu'il avait sur le coeur, et avec la plus grande sincérité possible, tant pis si ça devait faire mal, et tant pis s'il était supposé garder cela pour lui-même, normalement. Il n'avait pas l'intention d'attendre, même s'il y a des choses qui ne devraient certainement pas être dites. Qu'importe, donc, que Léo ne veuille ni le voir ni l'entendre, ça ne changeait rien au fait qu'il parlerait quand même. Pour dire quoi ? À vrai dire, il ne le savait pas encore, il voulait seulement vider son sac, et c'était maintenant ou jamais. De toute façon, il n'avait pas vraiment besoin de réfléchir à ce qu'il disait (en même temps, s'il y réfléchissait ne serait-ce qu'un peu, il se serait contenté de passer son chemin, ce qui aurait sans nul doute mieux valu pour tout le monde), les mots sortaient tous seuls, comme l'on pouvait presque dire que ses gestes étaient guidés par une autre volonté que la sienne, même s'il croyait dur comme fer sur le moment être le seul et unique maître de ses moyens.

-Non, on ne s'est pas tout dit, pas du tout. répliqua-t-il d'un ton sec. On a fait semblant de s'être tout dit, parce que c'était plus simple pour tout le monde. Il lui adressa un regard des plus sévères. Si tu m'avais écouté, même quelques secondes, tu aurais pu essayer de te mettre à ma place, et tu n'as pas fait cet effort. Oui, dans cet accès de sincérité, il osait également dire ce qu'il daignait à peine penser. Il se blâmait sans cesse, se reprochait sans arrêt d'avoir ruiné une amitié si importante pour lui, mais dans cet accès d'honnêteté, il voulait tout à coup reconnaître qu'il ne se pensait pas seul responsable. Tu vas me dire que moi, je n'ai pas fait l'effort de te comprendre, mais c'est toi qui ne voit pas ce que tu as sous les yeux. J'avais raison, depuis le début, et j'en ai assez que tu te voiles la face. Il marqua une pause, croisa les bras. Les mots s'échappaient de ses lèvres à un rythme si effréné que lui-même n'était pas franchement certain qu'elles soient bien perfectibles. Mais c'était le cadet de ses soucis pour le moment. Tu t'inquiètes de la disparition de ta femme, pas vrai ?

S'il était un sujet qu'il ne fallait pas aborder, c'était bien évidemment celui-là, aujourd'hui plus encore qu'autrefois, mais Andrew n'en avait que faire pour l'heure. Il était incapable d'agir de façon raisonnée, et les conséquences allaient sûrement être difficiles à assumer.

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I

l n'était plus question, à l'heure actuelle, de ménager les sentiments de Leopold comme Andrew avait eu (trop souvent) tendance à le faire. Non pas qu'il ait plus qu'autrefois l'intention de le blesser ou de lui faire du mal, il était son meilleur ami, il ne voulait évidemment pas cela, mais il était grand temps d'exprimer les choses ainsi qu'elles étaient, sans plus de détours, sans artifices... De toute façon, la manière qu'il avait eu de procéder jusque là n'avait pas été bien concluante, non ? Pas vraiment, en effet... Et même s'il avait voulu employer la même, il en aurait été incapable. Quelque chose, manifestement, l'en empêchait. Pour l'heure, ne faisant pas la relation avec la brume sitôt venue, sitôt évaporée, il arrivait à se convaincre que cette nouvelle attitude venait de lui, qu'il en avait simplement assez de dissimuler ou de ne parler qu'à mi-mot, il voulait dire la vérité, parler même si cela blessait, parce que c'était à ses yeux nécessaires, parce qu'il ne se voyait pas faire autrement, parce que de toute façon, à ce stade, la vérité se faisait jour à tout instant. Alors autant aller jusqu'au bout... Il cesserait certainement de penser de la sorte une fois les effets du brouillard dissipés. Mais ça... Pour l'instant, il se sentait tout simplement prêt à tout déballer, même l'information la plus dangereuse, celle qui, non seulement, briserait sans doute net le reste de lien fragile qui pouvait subsister entre eux, mais pourrait bien compromettre ses plans (ainsi que ceux d'Aaron, auquel il ne pensait égoïstement pas pour le moment) si Léo courait au secours de son épouse indigne, qui ne méritait rien plus que son sort, pourtant.

-Oui. répondit-il tout net, incapable de se taire, le regard planté dans celui de son interlocuteur. Il était évident qu'il n'aurait pas dû répondre ça, et il était évident (même s'il ne constatait pas cette évidence) qu'il n'était pas dans son état normal. Il avait tout bonnement le besoin presque maladif de lui apprendre la vérité, faisant au passage entièrement fi des évidentes conséquences qui allaient découler de ces informations. Je sais parfaitement où est Jane, puisqu'elle est chez moi. Il croisa les bras. Je sais déjà ce que tu vas dire, mais je m'en moque, elle mérite son sort. En fait, elle mérite pire que son sort.

Elle mériterait d'être morte, morte et enterrée, et qu'elle ne puisse plus faire de mal autour d'elle comme elle appréciait tant de le faire, mais les circonstances voulaient qu'elle croupisse chez elle jusqu'à ce que son fichu moutard, peut-être hypothétique, pointe le bout de son nez...  Ça aussi, c'était une information qu'il n'avait plus franchement envie de dissimuler à Andrew sous le prétexte de le ménager. Il allait sans doute le haïr, et pour toujours, mais en même temps, c'était déjà plus ou moins le cas, non ? Alors quelle importance. Quand on a déjà perdu, on ne craint plus de perdre. C'était l'heure de tout déballer, alors soit. De quoi déballer, le chasseur en avait à revendre.

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S

ans surprise, Léo ne manqua pas à les couvrir, lui et sa famille, d'insultes cinglantes. Ça n'avait pas grand chose de surprenant. Ou du moins, cela n'aurait pas surpris Andrew si le fait de lui parler de Jane comme il l'avait fait ne l'avait pas surpris lui-même. Il n'avait pas du tout eu l'intention de lui parler de tout ça, vraiment pas, mais c'était sorti tout seul. Et pour tout dire, ça le soulageait. Ce secret, même s'il ne côtoyait plus son "meilleur ami", restait lourd à porter. Ceci dit, les circonstances de ces aveux étaient on ne peut plus douloureuses. Léo le traitait d'enfoiré, et le pire, c'est qu'Andrew avait l'intime conviction qu'il le pensait en effet (il avait de quoi, en même temps). Entendre ces mots prononcés par quelqu'un à qui il tenait tant, ça faisait un mal fou. L'entendre insulter sa famille, cette famille à qui il sacrifiait (presque) tout, c'était un supplice également, mais il ne pouvait pas vraiment blâmer le jeune homme. Sa réaction était malheureusement normale, même si Léo n'avait aucune raison de prendre la défense de son "épouse"... S'il comprenait ce qu'Andrew, lui, avait compris, peut-être que les choses se passeraient différemment, en attendant, il devait supporter les foudres de son interlocuteur. Et sa colère était plus difficile à supporter que la violence de son geste, quand il l'attrapa par le col, avant de lui demander à deux reprises ce qu'il avait fait.

-Rien, d'accord ? Je lui a rien fait ! En soi, c'était un mensonge, mais qu'il pouvait prononcer sous l'effet d'un sort de vérité, puisque, en son for intérieur, il considérait que ce qu'il avait fait subir à Jane Hardwick n'était effectivement rien. Ou pas grand chose, tout du moins, en comparaison de ce qu'il aurait pu lui faire subir. Il s'était contenté de la séquestrer et de la garder en vie. On avait l'intention de la tuer mais... on a dû changer nos plans à la dernière minute. C'était dit de façon si directe, sans y mettre les formes. Jamais Andrew n'aurait parlé de cette manière en temps normal, mais il ne contrôlait pas vraiment les mots qui s'échappaient de ses lèvres. Il ne contrôlait rien. D'ailleurs, tu vas peut-être pouvoir m'éclairer, toi ! Elle est enceinte ou pas, la salope qui te sers d'épouse ?

Le chasseur ne se préoccupait plus d'être cru ou blessant. Son regard soutenant celui de son interlocuteur, il se contentait de lui exposer les faits, bruts, et c'est tout. Jane était enfermée chez les Hellsing parce qu'ils n'avaient pas pu la tuer, ils n'avaient pas pu la tuer parce que cette garce était potentiellement enceinte, et dans ce cas, certainement pas du jeune homme qui l'accusait de tous les noms quand, en fait celle qui était à blâmer, celle qui leur gâchait la vie, à l'un comme à l'autre, c'était Hardwick, encore et toujours cette saloperie de myrihande, semeuse de zizanie. Et sincèrement, oui, Andrew ne voyait pas de terme plus approprié pour la qualifier que celui de salope.

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