L'espoir fait vivre (Coraline <3) [-16]

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usqu'à il y a peu, Coraline n'aurait su affirmer s'ils faisaient bien ou non de se voir ainsi qu'ils le faisaient, de façon régulière, où ils se donnaient déjà rendez-vous durant leur enfance (enfance qui se lisait encore sur le visage de la jeune buveuse de sang, qu'elle le veuille ou non - et elle ne le voulait pas). Au fond, c'était indispensable, car les moments qu'elle passait loin de Scott lui étaient impensablement désagréables, encore plus depuis qu'ils s'étaient revus. Le temps semblait prendre un malin plaisir à trainer la patte, comme pour la punir de ne pas être à l'image de ce qu'il lui faudrait être pour savoir plaire entièrement, corps et âme, à celui pour qui son cœur n'aurait jamais cessé de battre, si ces battements n'avaient pas été brutalement interrompus. Elle adorait ces moments passés avec le jeune homme. Ils discutaient de tout, de rien, ils rattrapaient le temps perdu. Ces instants se suffisaient presque à eux-mêmes, mais presque seulement, car il manquait quelque chose de primordial à l'intimité de leur relation. Bien sûr, Coraline ne pouvait pas reprocher à Scott de n'éprouver aucun désir physique pour elle, le contraire aurait même été particulièrement malsain, c'est certain. Mais c'était difficile à assumer pour elle, car elle ne rêvait que de pouvoir enfin déposer ses lèvres sur les siennes, que leurs contacts physiques ne se limitent pas à de seules étreintes. Elle voulait, tout simplement, ce qu'on ne devrait logiquement pas espérer quand on possède son statut : vivre une histoire d'amour normale. Sauf que son histoire, à l'origine, n'avait absolument rien de normale.

Mais ce soir, les choses allaient changer, et elle se sentait grisée non seulement par la potion qu'elle venait tout juste de boire, mais par ses effets miraculeux, alors qu'elle observait son reflet à la surface limpide du lac. Elle était bien elle, mais différente. Plus grande, son visage moins rondelet, plus fin, entouré toujours néanmoins des mêmes boucles blondes, Ses hanches et ses seins avaient pris plus de volume, elle se sentait femme, elle se sentait belle. Ce ne serait que temporaire, bien sûr, la potion avait malheureusement des effets limités. Mais elle savait se contenter de ce qu'elle avait. C'était plus que tout ce qu'elle avait espéré. Et elle n'avait jamais éprouvé cela auparavant. Elle avait réussi à dégotter une tenue à sa taille, et elle peinait à contenir son impatience, tandis qu'elle attendait la venue de Scott, volontairement cachée, pour garder la surprise jusqu'à la dernière seconde. Quand elle s'approcha enfin, c'était un sourire indélogeable qui trônait sur ses lèvres, et l'espoir qu'il la reconnaîtrait immédiatement qui prenait place dans son esprit.

-Je ne t'ai pas trop fait attendre ? demanda-t-elle d'un ton innocent, se positionnant face à lui pour qu'il ne puisse voir qu'elle, et qu'il ait tout le loisir d'examiner (et d'apprécier, l'espérait-elle) son apparence toute neuve.

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e sourire de Coraline s'étendait d'une oreille à l'autre, et elle était tout à fait incapable de l'en déloger, quoi qu'elle fasse. Elle avait le sentiment de n'avoir jamais souri à ce point et de cette manière de toute sa vie, la morosité avait pris une telle place sur son visage qu'il lui était difficile de s'imaginer capable d'un tel bonheur... Quoique... si, la dernière fois qu'elle avait dû sourire autant, c'était avant sa transformation, et à chacun de ses rendez-vous avec Scott, quand il lui communiquait de façon incroyable la joie d'une vie qu'elle ne possédait pourtant plus. Bien sûr, le revoir l'avait rendu infiniment heureuse, mais l'impossible derrière chacune de leur rencontre les teintait invariablement d'une certaine mélancolie. Là, leurs problèmes étaient objectivement loin d'être résolus, et pour cause, ce physique emprunté n'était jamais qu'une simple illusion, et la mort finirait bien par emporter Scott au lieu d'elle-même. Mais elle arrivait à faire entièrement abstraction de ces problèmes, parce qu'il y avait ce sourire sur le visage du jeune homme, parce qu'elle avait le sentiment de lire du désir dans le regard de Scott pour la toute première fois. La seule chose qui leur avait manqué jusqu'alors. Il lui avait manqué, lui aussi, même s'ils s'étaient vus il y a peu. Le temps avait l'air de prendre un malin plaisir à ne pas défiler normalement quand il était loin d'elle. Et quand il était près d'elle aussi, d'ailleurs, il allait beaucoup trop lentement dans le premier cas, beaucoup trop vite dans le second cas. Là, maintenant, ça aurait été l'instant idéal pour que le temps s'arrête, mais elle savait que ce ne serait pas le cas.

Non, en fait, c'était maintenant que le temps devait s'arrêter complètement, alors qu'il lui disait qu'elle était magnifique, un compliment qu'elle avait rêvé d'entendre, alors qu'il la regardait, de ce regard qui savait l'embraser, alors que ses lèvres se déposaient enfin sur les siennes. Si son coeur pouvait battre encore, comme il s'emballerait. C'était son vrai premier baiser, et elle le prolongeait avec une certaine passion que n'avait que trop bien su fait naître l'impatience.

-J'ai de nouveau l'impression d'être moi. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. D'être vivante.

C'était évidemment dû à ce physique qui ressemblait enfin à ce qu'elle était intérieurement, c'est certain, mais il n'y avait pas que cela. Elle aurait été heureuse de pouvoir se ressembler quoi qu'il advienne, c'est une certitude, car le temps avait enfin l'air d'avoir suivi son cours naturel, et c'était plaisant. Mais ce qui lui avait donné bien plus encore le sentiment d'être vivante, c'était ce baiser, l'amour qu'il insufflait par ce seul geste. Leurs problèmes n'étaient pas résolus, loin de là, mais en cet instant, elle avait le sentiment qu'ils n'avaient pas la moindre existence.

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était à se demander pourquoi Coraline avait mis si longtemps avant de chercher la solution à son problème d'apparence quand on voyait comme le fait de l'avoir trouvé la rendait heureuse et légère. Ils devaient être satisfaits, ceux qui gagnaient la jeunesse éternelle quand ils mouraient sur leurs vingt ans, mais elle, elle s'était de moins en moins supportée à mesure que les années passaient. Bien sûr, c'était commode et bien pratique, parfois, de se faire passer pour une gamine, on ne la voyait pas arriver. Mais la plupart du temps, ce n'était ni plus ni moins qu'un véritable et insurmontable calvaire. Elle aurait pu trouver cette solution bien avant, oui, mais au fond, elle se disait qu'il avait été nécessaire que ce soit maintenant, parce que c'était au moment de retrouver Scott que cela importait vraiment, parce qu'elle se sentait certes bien dans ce physique qui aurait dû être le sien, mais ce qui lui donnait le sentiment que son cœur arrêté était bel et bien capable de battre, c'était malgré tout le contact de ses lèvres contre le sienne, le regard qu'il se permettait enfin de lui adresser, toutes ces démonstrations d'amour et de tendresse dont ils avaient infiniment besoin l'un et l'autre, c'est pour cela que l'éternité méritait d'être vécue, même si l'éternité de Coraline, elle n'envisageait pas les choses autrement, s'arrêterait pour sa part dès lors que le cœur de l'homme en face d'elle aurait cessé de battre. L'entendre dire que lui aussi se sentait plus vivant que jamais ne faisait qu'ajouter au sentiment de plénitude qu'elle éprouvait. Ce moment était parfait, simplement parfait.

-Oui. acquiesça-t-elle quand son interlocuteur lui demanda si le sorcier était à l'origine de son changement d'apparence. Il m'a confié une potion qui permet ce petit miracle. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire d'une oreille à l'autre en disant cela. Pour le coup, qu'importe que le Sorcier soit le pire psychopathe et criminel que notre terre ait jamais porté, Coraline s'en foutait, elle ne saurait que lui être reconnaissante pour le don précieux qu'il lui avait confié. Les effets ne durent que trois heures. Après, je redeviens... moi-même. Elle n'aimait pas dire ça, parce que pour elle, être elle-même, c'était être ce qu'elle était maintenant... Enfin, quoi qu'il en soit, Scott était prévenu, ces effets n'étaient que temporaires. La plupart du temps, elle se verrait contrainte de garder l'apparence d'une gamine, pour ne pas gâcher trop d'elixir... économie qu'elle devrait bientôt aux effets désastreux que cette potion allait avoir sur son organisme. Mais ça, elle ne le savait pas encore. Pour l'instant, elle se contentait de vouloir savourer chaque seconde de ces quelques heures. Alors il faut en profiter. ajouta-t-elle avant de lui adresser un nouveau baiser.

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ne chose était absolument certaine, Scott savait parfaitement trouver les mots qu'il faut pour la soulager et la rassurer. Coraline avait eu besoin d'entendre cequ'il venait de dire, et il avait su lui apporter ce qu'elle souhaitait au mot près, et avec ce qu'elle devinait être la plus grande des sincérités. Elle avait besoin, oui, d'entendre qu'il l'aimait quoi qu'il arrive, que ses sentiments étaient sincères, et que le désir ne soustrairait pas à leurs sentiments d'antan sous le prétexte qu'elle était à présent physiquement accessible. Elle se plaignait bien souvent de sa situation, mais celle de Scott n'était pas davantage enviable. Difficile d'assumer aimer quelqu'un de son âge quand il n'en avait en rien conservé l'apparence. Au fond, Coraline aurait aimé qu'ils ne soient constitués que de vapeur indicible, qui oublierait toute catégorisation, s'exempterait de la masse de leurs corps. C'était leurs âmes qui étaient tombées amoureuses l'une de l'autre, et leurs âmes avaient le même âge. Il était injuste que leurs enveloppes corporelles respectives faussent la vérité, et doive culpabiliser un sentiment qui ne devrait jamais être coupable. Bien sûr, l'idéal, c'était maintenant, quand elle pouvait sentir son souffle sur son visage, la tendresse de ses baisers et la caresse de sa main dans son dos. Mais tout cela, ce n'était qu'une expression physique et concrète de leurs sentiments, parce qu'ils s'aimaient trop pour ne pas se le dire et se le montrer, sans eux, les sentiments restaient les mêmes, juste plus complexes à montrer. Seulement, parfois, la parole suffisait à tout, et Scott avait exactement su dire ce qui devait l'être pour Coraline se sente pleinement rassurée.

-Je t'aime aussi, Scott. répondit-elle avec toute la sincérité du monde. Et même si elle avait grandi physiquement, le sourire qu'elle affichait avait quelque part la candeur de l'enfance, parce qu'il fallait une certaine innocence dont Coraline s'était pourtant crue exempte, pour pouvoir assumer un sentiment si pur et être certain qu'on saura l'assumer tout court. Comment croire le contraire. Ils ne s'étaient pas vus plus de quinze ans, et ils n'avaient pour autant pas su s'oublier. Cela voulait tout dire, non ? Quoi qu'il puisse arriver. Elle marqua une légère pause. Mais j'aurais dû mal à me passer de ce regard, maintenant.

Celui qu'il lui adressait à l'heure actuelle, et qui pouvait s'autoriser à l'envie et au désir. Oui, elle aurait du mal à s'en passer. Comme de ces baisers, comme de ce sentiment de s'appartenir à soi-même, et donc de lui appartenir mieux encore. Elle n'avait jamais su l'éprouver ainsi jusqu'alors. Bien sûr, si tout devait s'arrêter, c'était rassurant de se dire qu'il ne l'abandonnerait pas pour autant. Mais à présent, il était tout de même très difficile de concevoir de faire marche arrière.

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e n'était peut-être pas une bonne chose. On pourrait les blâmer, sans doute, de jouer ainsi avec le destin de façon si légère. Il avait décidé que leur histoire était impossible, ils insistaient, ils contrariaient la nature, pour un moment de grâce qui rendrait peut-être tous les autres beaucoup plus difficiles. Mais comment concevoir que ce puisse être une mauvaise chose ? Ou même envisager qu'elle puisse en souffrir ? Scott promettait de l'aimer toujours, quoi qu'il arrive, il est certain qu'elle ne pouvait que lui faire qu'une promesse parfaitement identique, puisque ses sentiments n'étaient pas différents des siens ? Comment ressentir le moindre regret, comment craindre d'avoir forcé le destin, d'avoir bouleversé l'ordre naturel des choses, quand ses lèvres se déposaient sur les siennes. Pour elle, c'était ça, le vrai ordre naturel, la douceur de leurs lèvres enfin unies, le bonheur simple de cette relation enfin possible, de l'expression naturelle et désormais autorisée des sentiments qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, et ce depuis toujours : un amour profond, une passion intense. Ni plus ni moins que cela. Tout ne serait pas rose, peut-être que cet instant, s'il leur plaisait tant à présent, contrarierait ces moments où la distance physique serait de mise, où leurs cœurs ne pourraient se parler qu'à distance... Elle ne voulait pas y penser. Elle n'avait pas connu d'instant plus beau, harmonieux, sublime que celui-là, et elle ne laisserait aucune considération d'aucune sorte le gâcher. Scott avait raison, ils devaient en profiter au maximum, saisir l'instant présent comme ils n'avaient jamais pu le faire jusqu'alors. Ils auraient tout le temps de songer à la suite quand ces heures trop courtes s'achèveraient. Mieux valait, pour l'heure, saisir ce qu'elle avait.

Alors elle décida de ne rien répondre et de tout simplement se perdre dans l'intensité de ce baiser qu'elle lui rendit avec une ferveur égale et fébrile. Avec autant d'impatience que d'hésitation, elle laissa ses mains glisser doucement sous le haut du jeune homme. Elle lisait du désir dans son regard, et ce désir était complètement partagé. Mais pour sa part, elle n'avait du désir et de son expression que des images abstraites et jamais réalisées. Pour cause, si elle avait largement la maturité morale de ses envie, elle n'en avait pas la maturité physique... elle ne l'avait pas eu jusqu'alors, du moins. Oui, elle avait envie que leur amour s'exprime comme s'exprime celui de tous les amants, de toutes les âmes sœurs, mais elle n'était pas certaine de savoir s'y prendre. Jamais, encore, elle n'avait vécu telle situation. Jamais elle n'avait cru qu'on ne l'autoriserait à en vivre. Et si c'était une perspective euphorisante, elle était forcément assez angoissante. Ne serait-ce que parce qu'elle craignait que ce nouveau seuil d'intimité dépassé altère pour de bon son opinion d'elle.

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ls avaient beau s'aimer, et passionnément, c'est certain (au point d'accepter de faire abstraction de la différence d'âge qu'affichait leurs apparences, quand bien même il ne s'agissait que d'un leurre, et de leurs différences de nature, puisque l'immortelle buveuse de sang qu'était Coraline ne devrait pas pouvoir se mêler à un humain), Coraline avait beau être convaincue que cet instant était la suite naturelle de ce qu'ils éprouvaient, elle ressentait tout de même une sorte d'appréhension, comme si le jeu auquel elle jouait à l'encontre de la nature lui inspirait un sentiment d'angoisse, de celles que l'on éprouve lorsque l'on triche et que l'on a peur de se faire piéger. Et d'un autre côté, ce n'était certainement pas maintenant qu'elle allait reculer. Elle ignorait si elle embrassait bien, mais Scott ne semblait pas s'en plaindre, en tous cas, et au final, elle n'avait pas vraiment besoin de réfléchir au mouvement de ses lèvres, tout lui venait naturellement, guidé par l'infinité de sensations que ce contact éveillait en elle. Pour le reste, elle savait qu'elle devait laisser son instinct la guider, mais c'était déjà plus compliqué. Elle avait parfaitement conscience de ce qu'elle désirait, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une appréhension grandissante, celle de ne pas être à la hauteur, celle de tout gâcher. Elle s'appropriait à peine elle-même ce corps qu'il parcourait dorénavant de ses mains, chacune de ses caresses animant un nouveau frisson dans son échine, c'était étrange de le savoir découvrir ce corps en même temps qu'elle, et en même temps, pouvait-il véritablement exister meilleure manière de faire ? Elle en doutait fort. C'était seulement nouveau, là où Scott avait forcément plus d'expérience (et elle en éprouvait une certaine jalousie, elle devait bien le reconnaître), elle voulait qu'ils ressortent tous les deux convaincus par cette expérience. Elle avait sans doute trop la pression, en vérité.

Ceci dit, il savait s'y prendre pour la détendre. À l'assaut de ses formes, elle sentait son cœur s'emballer, et tandis qu'il la débarrassait de ses vêtements, elle s'appliquait à faire la même chose de son côté, découvrant un torse qu'elle avait deviné musclé, mais plus attirant encore dénué de tout vêtement. Ses doigts en retracèrent les ligne dans un frisson. Elle descendit un peu plus bas, sans oser s'aventurer vraiment vers ce qu'elle avait pourtant envie d'explorer, mais ce non sans en éprouver une certaine réticence. Elle craignait vraiment de ne pas savoir s'y prendre. Elle voulait être à la hauteur. Le plus simple était peut-être de se laisser guider. Par ses sensations, oui, mais par lui, surtout. Même si elle craignait qu'il déplore son manque d'initiative. Oui, bon, d'accord, elle devait mettre son cerveau en veille et s'abandonner. Elle aimerait en être complètement capable. Parce que cet instant méritait d'être aussi exceptionnel qu'elle l'avait rêvé, au-delà de ses craintes inutiles.

-Je suis à toi. dit-elle simplement, sa manière de lui faire comprendre qu'il ne devait pas craindre de la brusquer. Elle s'abandonnait totalement à lui. Et en toutes confiance.

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lle était à lui, avait le sentiment de lui avoir toujours appartenu, dès les premiers instants de leur rencontre, et qu'elle lui appartiendrait toujours, même quand l'éternité se serait chargée de les séparer l'un de l'autre. Elle savait bien que les circonstances ne jouaient pas en leur faveur, qu'il y avait mille raisons pour eux d'oublier pour de bon cette idylle et de remettre les pieds sur terre. Leur relation n'était sans doute ni naturel, ni saine. Mais si elle n'était naturel, alors, pourquoi tout semblait à ce point évident, pourquoi ses lèvres ne cessaient-elles pas de répondre à l'appel des siennes comme aimantées l'un à l'autre, pourquoi chacune de ses caresses la transportait-elle d'une salve de frissons, d'une chaleur intense et d'un désir incroyable ? Et si ce n'était pas sain, pourquoi se sentait-elle en cette seconde mieux qu'elle ne l'avait jamais été au cours de son existence toute entière ? (Vivante et morte). Qu'importe ce que les bonnes mœurs auraient à commenter quant à leur histoire. Elle n'appartenait qu'à eux, c'était leur jardin secret, personne n'avait à savoir. Et en attendant, ils n'avaient qu'à célébrer l'amour qu'ils se portaient l'un à l'autre. Et il était si fort, si intense, qu'il ne pouvait pas exister pour ne pouvoir être éprouvé. Elle l'entendait ainsi, elle voulait qu'il en soit de même pour Scott, qu'il néglige ses appréhensions ou ses peurs éventuelles. En cet instant, il n'y avait plus que lui, il n'y avait plus qu'elle, le reste existait à peine. Et ils étaient libres de faire tout ce qu'ils voulaient, l'un et l'autre, l'un avec l'autre. Le monde, le temps, pourrait bien les rappeler à l'ordre au moment venu. En attendant, elle les envoyait balader avec grand plaisir.

Et il était d'autant plus simple de s'en tenir à cette résolution que toutes ses pensées se faisaient plus légères à chaque baiser, à chaque caresse, légères comme des bulles de savon qui éclataient les unes après les autres pour ne plus rien laisser d'autres qu'un sentiment de douceur et de transport, dans cette zone de non-lieu faite de plaisir, où les sensations qu'elle éprouvait était tout ce qu'il restait, tout ce qui avait de l'importance et de l'intérêt. Elle se sentait envahie d'agréables vagues de plaisir tandis que les mains de son amant glissaient entre ses jambes, dans ces zones encore inexplorées qu'il ne savait que trop bien découvrir. Elle se laissa entraîner dos au sol. Ce tapis de feuilles mortes n'était certainement pas le lieu idéal, mais tout lieu était idéal, pour Coraline, tant qu'ils étaient ensemble, et elle n'éprouvait pas la moindre gêne, en l'occurrence, portée simplement par son ressenti. Nus comme des vers, l'un comme l'autre, elle pouvait apprécier au mieux le contact de leurs épidermes, et tandis que les mains expertes de Scott découvraient son intimité, ce qui laissait échapper des lèvres de Coraline des soupirs de plaisir, elle aussi se permettait des gestes plus entreprenants, tandis que ses mains caressaient la zone la plus sensible de l'anatomie de son amant, dans l'espoir de lui procurer autant de plaisir qu'il savait le faire avec elle.

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es appréhensions s'évaporaient peu à peu, en même temps que se dissipaient une à une les pensées qui l'avaient assailli, amenant avec elle le doute ou la crainte. Il n'y avait plus rien de tout cela, maintenant. Il ne pouvait plus rien y avoir de tout cela parce que cet instant était tout simplement parfait, parce qu'il n'existait plus rien au monde que elle et Scott. Elle et ce corps enfin acquis et à présent exploré, lui qui en quelques gestes lui faisait découvrir un plaisir comme elle n'envisageait plus d'en ressentir. Les pensées n'existaient plus, non, les sensations avaient pris leurs places, et tout était plus simple, à présent, car c'était elles qui guidaient ses gestes qui, elle le sentait, procuraient à son amant le plaisir qu'elle avait voulu lui faire ressentir et ne partageait que trop bien, car c'était elles qui offrait à cet instant tout ce naturel et cette certitude. La réflexion n'avait pas sa place dans un moment pareil. C'était leurs sentiments, qui étaient au commande, et comment pourraient-ils s'exprimer, si ce n'était autrement que verbalement, mieux que dans ce dialogue des chairs et des épidermes qui savaient se mêler et se répondre parfaitement, dans la douceur de ces baisers comme Coraline voudrait pouvoir en savourer chaque jour de sa vie, dans l'émotion de chaque caresse, dans le moindre soupir qui franchissait ses lèvres. Ce moment avait des allures quasi mystiques pour Coraline, simplement parce que leurs corps traduisaient en geste ce que leurs esprits et leurs âmes se contentaient de communiquer par le geste et la pensée, et c'était à la fois simple, naturel et parfait. Parce que c'était elle et lui, sans entraves morales ni incertitudes. Seulement deux êtres qui s'aiment et à qui rien ni personne ne semblait interdire de partager de tels sentiments.

Elle n'eut pas mal, quand leurs corps s'unirent. Peut-être une légère gêne, mais qu'elle oublia si rapidement qu'elle ne fut pas même certaine qu'elle ait été présente. À l'instant où leurs corps le réclamaient, ils n'avaient fait plus qu'un, voilà tout, et c'était toujours avec le même naturel que leurs bassins s'harmonisaient à présent en une danse pour le moment lente et langoureuse. À chaque mouvement de rein, Coraline sentait un frisson la saisir tout entière. Elle saisissait à pleines mains les feuille mortes au sol sans même y réfléchir, comme pour avoir encore un peu prise sur quelque chose quand son être tout entier succombait à une extase de plus en plus prononcée, que confirmaient des soupirs de plaisirs qui peu à peu se faisaient gémissements. Abandonnée, elle s'en remettait à son amant et à un plaisir qu'elle avait pensé interdit, à jamais banni de son être. Elle n'était pas seulement aimée ou désirée, elle était comblée, et elle savait bien qu'elle avait par la même enclenché un engrenage qui pourrait bien la dépasser. Car comment renoncer à un tel plaisir une fois qu'on y avait goûté.

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ertains hommes et femmes se perdaient chaque soir dans des lits différents, dans les draps étrangers de personnes qu'ils n'avaient jamais rencontré avant le jour même. Coraline n'avait jamais vécu ce genre d'histoires, c'est vrai, elle ne pouvait pas en juger, mais elle était convaincue qu'elle ne serait pas capable de cela. Peut-être le fait de penser se résoudre toute sa vie à l'abstinence, ou le fait plus simple encore que le corps à peine formé dans lequel elle se trouvait la plupart du temps n'était pas encore physiologiquement prêt, y contribuait, elle n'en savait rien, en tous cas, elle était heureuse d'expérimenter cela ici, maintenant, et surtout avec lui, car si les sensations étaient sensuelles et agréables, ce qu'elle retenait avant tout de ce moment, alors que les mouvements de leurs bassins s'intensifiaient, généraient des vagues de plaisir chaque fois plus intenses, c'était que leurs âmes autant que leurs corps semblaient être en parfaite harmonie, comme s'ils avaient là la confirmation certaine que leurs âmes étaient faites pour s'unir. Le destin s'était joué d'eux, leur avait donné la mauvaise nature et les mauvais corps, il n'empêche qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et que ce moment précis le confirmait. Ses sentiments avaient dû mûrir indépendamment de Scott, par la force des choses, mais ils avaient mûri tout de même, comme l'avait fait son esprit, bien plus conforme à l'apparence qu'elle revêtait à présent. Cet instant était vraiment parfait. Elle aurait voulu que le temps s'arrête et n'avoir qu'à apprécier éternellement ce pur instant où tout semblait possible, où leur histoire n'avait plus rien d'anormale ou de cruelle, où il ne s'agissait plus que d'une histoire d'amour comme il en existe mille autre, et en même temps aucune.

Coraline se laissa reposer contre le torse de l'homme qu'elle pouvait dorénavant qualifier comme son amant, reprenant doucement son souffle, savourant l'écho des battements de son cœur contre ses tympans. Elle éprouvait une plénitude totale, qu'importe qu'ils se trouvent au beau milieu de la forêt, que l'endroit ne soit pas idéal, il l'était parce qu'ils étaient ensemble. Elle releva la tête vers son amant et déposa un baiser sur ces lèvres avant de lui adresser ces mots simples, mais qui voulaient tout dire, et qu'elle avait moins de scrupules à prononcer sous cette forme, comme si elle n'avait plus à se sentir coupable de quoi que ce soit.

-Je t'aime.

Puis elle se releva. Elle n'en avait pas particulièrement envie, mais elle préféra se rhabiller directement. Ils avaient normalement un peu de temps devant eux, mais la jeune femme appréhendait tout de même de retrouver son corps initial plus rapidement que prévu et de mettre Scott dans une situation compromettante. Il allait falloir qu'ils parviennent à faire la part des choses entre ces deux facettes d'elle-même, et ça n'allait pas être simple.

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oraline ne put s'empêcher de sourire quand elle entendit la déclaration de Scott. Ces mots, ce n'était pas la première fois qu'il les lui adressait, mais elle ne se lassait jamais de les entendre, ils gardaient sans cesse la même saveur, la même valeur à ses yeux. Voilà longtemps qu'elle n'avait plus à ce point éprouvé la sensation d'être aimée. Bien sûr, elle savait que Joachin l'aimait, à sa manière, malgré ce qu'il lui avait fait, mais il s'agissait là d'un amour ce qu'il y a de plus paternel. Avec Scott, elle découvrait ce que cela faisait que de se sentir lié à ce point à quelqu'un d'autre. L'amour n'était pas que dans les livre. Et les âmes sœurs n'étaient pas que des myrihandes. Elle l'avait su, quelque part, dès le jour de leur rencontre, même si elle n'avait pas osé l'admettre avant de le retrouver à nouveau... Maintenant, c'était évident, et pourtant, tout semblait leur signifier qu'ils ne devaient pas vivre cet amour, à commencer par la raison qui l'avait poussée à remettre ses vêtements avant que la potion ne fasse plus effet. Ils avaient encore du temps devant eux, c'est vrai, mais elle préférait être prudente. Oh, si seulement elle pouvait rester comme ça toujours ! La vie était cruelle. Comment le sort pouvait-il vous destiner avec tant d'évidence à un homme, et en même temps empêcher que cette histoire soit vraiment possible... Mais il ne fallait pas qu'elle y pense. Rien n'était parfait, mais pour le moment, après tout, ils étaient ensemble, et elle pouvait goûter à la saveur incomparable de ses baisers avec le sentiment qu'elle était enfin elle-même. Et elle ne put empêcher son cœur de s'emballer quand elle l'entendit lui dire qu'il était heureux avec elle. C'était tout ce qu'elle pouvait bien désirer : le rendre heureux.

-Moi aussi... Je pensais plus que c'était possible avant de te retrouver. Et elle s'était faite une raison. Elle avait cru qu'elle ne connaîtrait plus jamais le bonheur, qu'elle ne ressentirait plus jamais rien... ça avait facilité son travail pour le sorcier, c'est sûr, mais ça n'avait pas été une vie (même si, techniquement, elle n'était plus vraiment vivante). Pourtant, c'était le cas, elle avait tout à coup une nouvelle raison d'être et d'espérer. Pour le temps que durerait la vie de Scott. Après, tout s'arrêterait de nouveau, peut-être définitivement. Est-ce qu'elle avait vraiment envie de survivre après lui, d'oublier peu à peu les traits de son visage et le son de sa voix ? Non, certainement pas. J'aurais aimé pouvoir... tu sais. Devenir ta femme, porter tes enfants, te donner la vie que tu mérites.

Elle était certaine qu'il serait plus heureux encore si cela pouvait être le cas, mais c'était bien sûr totalement impossible.

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e cœur de Coraline avait beau ne plus être d'une grande utilité depuis qu'elle était devenue une buveuse de sang, Scott semblait avoir malgré tout, quelque part, le don de le ranimer. En sa présence, elle avait le réel sentiment qu'il battait encore, qu'il cognait contre sa poitrine, qu'il la rendait vivante... Et tandis qu'elle voyait son sourire s'atténuer un peu en réaction aux propos qu'elle venait de lui tenir, elle ne pouvait s'empêcher de le sentir se serrer, parce qu'elle se rendait bien compte que en dépit de tout ce qu'elle voulait offrir à Scott, elle ne pourrait jamais rien lui accorder qui soit à l'exacte hauteur de ses attentes... de leurs attentes, car tout ce qu'elle voulait accorder à l'homme qu'elle l'aimait, elle le voulait tout autant pour elle. Mais elle était bien contrainte de se faire une raison, quoi qu'il en soit. Elle ne serait jamais la mère des enfants de cet homme, elle n'aurait jamais l'opportunité de vieillir en même temps que lui, elle le condamnerait toujours au silence vis-à-vis de ses proches et de sa famille car ils ne pourraient comprendre cette relation qui, si on n'y regardait pas de plus près, pouvait sembler bien perverse. Elle aurait aimé qu'il sache faire abstraction de tout cela, mais elle savait bien que c'était trop lui demander, que c'était impossible. Elle-même n'en était pas capable, alors comment pouvait-elle seulement vouloir attendre de lui une chose qu'elle n'était pas susceptible d'assumer et d'accepter pour elle-même ? Il aurait aimé... Ce qu'il lui disait ensuite avait tout pour la rassurer, bien sûr, mais elle ne pouvait s'empêcher de demeurer focalisée sur ses propos. Il aurait aimé... Peut-être qu'à vouloir le garder auprès d'elle avec autant d'insistance, elle l'empêchait de vivre sa vie... Peut-être qu'elle lui faisait plus de mal que de bien. Tout ce qui comptait à ses yeux, c'était d'être avec elle, disait-il. Et la réciproque était tout aussi vraie pour elle... Mais est-ce que ça pouvait réellement suffire sur le long-terme ? Pouvait-elle se montrer égoïste au point de faire abstraction de cette possibilité ?

-Et... Elle hésita. Elle avait bien envie de ravaler ses propos et de se contenter des mots doux et rassurants de Scott, mais ce ne serait pas juste. Tu es sûr que ça suffira toujours ? Que tu ne vas pas finir par avoir des regrets ?

Elle ne savait pas si elle avait vraiment envie d'entendre la réponse à cette question, mais il était néanmoins certain qu'elle en avait on ne peut plus besoin, pour se rassurer elle-même, ou pour arrêter tant qu'il en était encore temps (même si c'était sans doute déjà bien trop tard, au point où ils en étaient). Ils pouvaient bien décider de ne faire aucun pari sur l'avenir, mais ils étaient au final engagé l'un à l'autre depuis si longtemps déjà qu'il semblait absurde de prétendre que c'était réellement envisageable.

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oraline savait que, pour vivre pleinement sa relation avec Scott, il fallait qu'elle sache taire ses doutes, qu'elle gagne en confiance en elle-même, et profite seulement de leurs sentiments partagés, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Même quand Scott s'appliquait à répondre à toutes ses questions, à la rassurer, les questions demeuraient, et elle ne se sentait pas totalement apaisée... Ceci dit, elle éprouvait temporairement un sentiment de soulagement, il affirmait avec tant d'assurance qu'il était sûr de ses choix et qu'il ne se lasserait jamais d'eux quoi qu'elle pisse croire. Oui, il aurait voulu se marier et fonder une famille, mais pas avec quelqu'un d'autre qu'elle, alors il pouvait renoncer à tout cela, pour elle. Oui, leur histoire serait toujours, quelque part, une histoire de renoncement, mais c'était ce qui en faisait la beauté, après tout... Ce n'était pas si mal, non ? Elle répondit à ses propos avec un sourire. Il avait su trouver les mots juste pour la tranquilliser. Ce qu'il fallait retenir de leur relation, après tout, n'était-ce pas que leur amour savait transcender le reste. Il avait survécu au temps, à l'absence, au secret, à la mort, aux apparences... Quels défis ne pourraient-ils pas relever, alors ? Coraline se serra dans les bras de Scott, profitant encore pleinement de ces contacts physiques qui leur seraient bientôt refusés. Elle déposa ses lèvres sur celles de l'homme qu'elle aimait, avant de répondre, avec une sincérité qui ne laissait pas la moindre place au doute.

-Je t'aime tellement... Un amour qui faisait peur, parfois, mais qu'elle savait, en cet instant, partagé sans l'ombre d'un doute, et ça la rendait vraiment heureuse. Elle l'embrassa une nouvelle fois avant d'ajouter, sentant un léger picotement lui traverser l'échine. Je vais bientôt me retransformer. Elle le sentait, dans quelques minutes, elle ressemblerait de nouveau à une simple gamine, il y avait des signes avant-coureurs. Oh, comme elle aimerait conserver toujours cette apparence. Si tu veux, on peut se dire au revoir sur un baiser, et tu pourras partir sans te retourner.

Ainsi, la magie de l'instant ne serait pas brisée par sa transformation. Bien sûr, ils ne pouvaient pas non plus fermer les yeux sur la réalité, mais elle considérait que ce serait plus simple pour eux deux, comme ça, même si cela signifiait qu'ils devaient se résigner à se séparer maintenant, ce qui n'était pas des plus simple. Si elle s'écoutait, elle passerait chaque seconde de sa vie (de sa mort) avec lui. C'était peut-être accorder trop d'importance à cette illusion qui ne pouvait être que temporaire, mais qu'importe, elle venait de vivre l'un des moments les plus forts et les plus importants de son existence grâce à elle, alors elle ne la minimiserait pas. Elle comptait, elle comptait réellement, et elle voulait qu'elle fasse partie intégrante de leurs vies dorénavant.

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