Le silence permet de trouver son destin. (Jane <3)

O

ui, Jane pensait bel et bien qu'Edward prenait autant de plaisir qu'elle-même à la situation, et elle était convaincue que, en ce instant, le jeune homme répliquait l'inverse uniquement pour lui donner tort. Il ne pouvait que deviner son sourire tout à l'heure, elle devinait à présent le sien. L'avoir dans son dos lui prouvait combien ils n'avaient pas besoin de contact visuel pour se ressentir, se comprendre, être sur la même longueur d'onde. En même temps, ils l'étaient toujours quelles que puissent être les circonstances, mais c'était encore plus tangibles à perfection. Oui, il était forcément bien car elle ne voyait pas comment son bien-être ne pourrait pas être communicatif. Il ne pouvait qu'éprouver lui aussi qu'elle était bien comme elle ne l'avait jamais été... parce que cette situation était tout simplement parfaite. L'air de rien, cela commençait à faire un petit temps qu'ils étaient officiellement ensemble (même si l'idée restait incroyable à ses yeux, et qu'elle se demandait toujours ce qui allait leur tomber sur le coin de la figure la prochaine fois... ils en avaient tant éprouvé pour enfin en arriver là, là, qui était l'accomplissement naturel de ce qu'ils étaient destinés à vivre), mais elle n'avait jamais senti aussi bien qu'ils étaient effectivement ensemble que maintenant. Elle l'éprouvait, au plus profond d'elle-même. Elle éprouvait un plaisir et une sérénité sans pareils, et elle ne pouvait en rien s'imaginer que son époux n'éprouve pas exactement la même chose. C'était trop fort, trop agréable. Et encore plus agréable à présent qu'il accentuait la pression de ses doigts sur ses épaules. Il savait y faire, pour ce qui était de la détendre. Personne ne pouvait y parvenir mieux que lui (mais pour la tendre aussi, ceci dit).

-Il faut croire. Dommage... répondit-elle doucement, un grand sourire aux lèvres, même s'il ne devait toujours pas le voir, les yeux encore fermés, profitant autant que possible de chacune des sensations qu'il lui procurait. La chaleur de leur contact, la douceur du message, la bienveillance dont découlait sa seule et unique présence... Si tu savais comme je suis bien, là, maintenant, tout de suite, vraiment dommage que tu puisses éprouver ça. Elle marqua une légère pause. Mais bon, si c'est pas le cas, tant pis, c'est comme ça.

Elle jouait avec lui, très clairement, mais en s'abstenant de prendre trop de risques tout de même (elle savait ce que ça pouvait donner quand elle tirait un peu trop sur la corde, et c'était hors de question). Elle ne voulait certainement pas gâcher ce moment, tout était trop parfait. Mais il était pour autant évident qu'elle n'abandonnerait jamais sa manie de le taquiner. Elle aimait trop cette dynamique entre eux. Elle faisait tout le piment de leur relation ça en plus de tout le reste, tout ce qui faisait, à ses yeux, qu'ils étaient uniques et leur histoire tout autant. Malgré tout ce qu'elle pourrait avoir de complexe et houleuse.


   

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I

l se sentait bien, lui aussi. Jane adorait l'entendre dire même si, en réalité, elle le savait pertinemment. Elle serait à vrai dire déçue si le jeune homme considérait que ce moment n'était pas idéal. Certes, c'était lui qui était aux petits soins pour elle, il était sans doute normal qu'elle l'apprécie plus que lui-même, mais elle avait envie de penser qu'il ne saurait ce souvenir de ce moment autrement que comme de l'un de ces instants de symbiose dont ils avaient le secret, tous les deux, et qui faisaient qu'ils ne pouvaient pas douter du fait d'être faits l'un pour l'autre, au-delà de ce qui semblait nécessairement devoir les séparer. Oui, elle était contente qu'il l'admette, car son bonheur ne pouvait de toute façon pas être complet si elle était seule à l'éprouver. C'était ce qui faisait le sel et l'intérêt de leur histoire, ils dépendaient trop l'un de l'autre pour être satisfait aux dépens de l'autre. Pour eux, ça ne pouvait fonctionner ainsi. Mais elle pouvait être rassurée, ceci dit, d'autant plus qu'il ne se contenta pas de dire qu'il était bien, il précisa qu'il était "si" bien, ce petit "si" qui changeait tout... même si, bien évidemment, il ne put s'empêcher d'ajouter une remarque supplémentaire, précisant qu'il n'était pas son esclave. Encore heureux ! Ce n'était pas avec un simple esclave qu'elle désirerait une telle proximité, une telle communion de corps, d'esprit, et de sentiment (car oui, c'était bel et bien ainsi qu'elle voyait les choses, comme ça et pas autrement).

-Ça je le vois bien, répondit-elle d'un ton amusé, serrant contre elle les bras de son amant, s'imprégnant au maximum de ce feu qu'il savait si bien faire brûler en elle. Un esclave ne râlerait pas autant, ajouta-t-elle, ce qui était en soi vrai, mais n'était pas l'unique raison pour laquelle elle considérait que Edward était bien plus que son simple esclave, il était son tout, il ne pouvait pas être réduit à une simple fonction. Et ça aussi, il le savait forcément. C'est pour ça que c'est encore mieux. Tu n'es pas aux petits soins parce que tu y es obligé, juste parce que tu en as envie. Elle marqua une légère pause. Si tu veux, on pourra toujours échanger les rôles après. Elle marqua une légère pause avant de reprendre. Ou pas, je me sens tellement détendue, là, je suis à deux doigts de m'endormir.

Bon, ce n'était jamais qu'une blague de plus, il n'empêche qu'elle sentait quand même la fatigue la rattraper. Outre le fait qu'ils n'avaient pas ménagé leurs efforts depuis tout à l'heure, elle était quand même en convalescence, techniquement. Bon, elle avait à peine le sentiment d'avoir été malade, mais ça c'est sans rapport.



   

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E

lle ne tenait vraiment plus la route... Jane allait bel et bien finir par le croire tant, à la simple évocation d'un repos bien mérité, elle ressentait l'envie profonde et totale de s'abandonner à la fatigue, de fermer les yeux et de s'endormir là, dans la chaleur du bain et des bras de l'homme qu'elle aimait. D'un autre côté, ils avaient beaucoup donné de leur personne. S'ils avaient tendance à se montrer très... vigoureux... même d'ordinaire, ils se contenaient un peu plus. Mais l'abstinence, les retrouvailles, la reconquête de leurs pouvoirs, avaient joué pour eux... et un peu contre eux, maintenant, parce que oui, même si l'envie de rendre la pareille à son amant était bel et bien présente, elle n'était pas certaine d'avoir envie de bouger en cet instant. Elle se sentait vraiment bien. Elle sourit doucement quand Edward affirma que donc, il avait fait tous ces efforts pour rien. Bah, elle les avait bien mérité, non ? Elle se sentit presque proche de se vexer quand il affirma que la détente n'était pas faite pour lui. Elle savait qu'il ne disait pas les choses dans ce sens-là, mais sous peu, elle aurait le sentiment de vraiment lui être redevable, en vérité. Elle ne dit rien pendant plusieurs secondes, pas certaine de la réponse qu'elle voulait donner à son interlocuteur. Le casser ? Obéir ? Se taire... Elle poussa un profond soupir sans bouger de sa place. Non, elle n'était pas prête à bouger le petit doigt, même si ce devait être dans le but d'inverser les positions et de lui adresser à son tour un massage digne de ce nom.

-Si t'as envie d'action, tu peux toujours me laisser toute seule, tu sais, répliqua-t-elle, ce qui était sa façon de lui faire comprendre, donc, qu'elle n'avait pas la moindre intention de s'en aller, qu'elle était trop bien.

Oh, elle comptait bien se montrer aussi attentionnée que le jeune homme l'était en cet instant, mais là, pour le moment, elle voulait simplement s'abandonner au sensations agréables qui l'envahissaient et se laisser doucement sombrer. Même si ces sensations risquaient fort de s'atténuer à la vitesse de la lumière s'il choisissait de prendre ses propos au pied de la lettre et de bel et bien quitter la baignoire et la salle de bains. Le contact de leurs peaux l'une contre l'autre participaient à son bien-être à l'heure actuelle. C'était bien simple, elle ne voulait tout simplement rien changer à cet instant. Absolument rien. Oh non, elle n'avait aucune envie qu'il s'en aille, mais elle n'avait pu s'empêcher de répliquer de la sorte malgré tout. Elle n'avait pas pu s'en empêcher parce que même si les taquineries étaient une constante, chez eux, elle aimerai bien croire que son époux pouvait pleinement se satisfaire de cette situation, même sans contrepartie.


   

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C

omme Edward ne pouvait plus tôt que deviner ses sourires sans pour autant les voir, la jeune femme ne pouvait savoir si le jeune homme devinerait la grimace qui s'était dessinée sur ses lèvres, elle lui était pourtant toute destinée. Une grimace qui n'était pas entièrement sincère, évidemment, juste là pour marquer un agacement et une exaspération qu'elle ne ressentait en réalité pas réellement. S'il fallait qu'il quitte ce bain, ce ne serait pas agréable, mais elle y survivrait. La jeune femme ne se noierait pas dans l'eau de son bain, et si celle-ci commençait à devenir froide sans pour autant qu'elle soit en mesure encore de le remarquer, ses pouvoirs pourraient bien se charger de réchauffer l'eau une fois encore pour lui permettre de se délasser encore un peu dans le liquide savonneux. Elle ne pouvait pas se passer de lui de manière générale, c'était un fait sûr et parfaitement avéré, oui, mais quelques fractions de secondes, ce pouvait tout à fait être envisageable. Ceci dit, même si c'était possible et que Jane n'avait aucune envie de flatter l'égo de son interlocuteur, elle ne répliqua rien à ce sujet. Car il est vrai qu'en cet instant, elle n'avait juste pas la moindre envie de le voir partir. Certains instants vous semblent si idéaux que vous voudriez qu'ils demeurent éternellement, c'était le cas de ce moment précis. À un moment ou à un autre, il allait bien falloir que ça s'arrête, évidemment. Les moments bons comme mauvais ne duraient pas éternellement. Mais Jane avait bien envie de se voiler la face encore un peu. Au final, elle aimait entendre qu'il n'avait pas besoin d'action supplémentaire et se satisfait très bien de rester là. C'était tout ce qu'elle avait eu envie d'entendre. Jane fit l'effort de se retourner pour se trouver sur le ventre, afin de pouvoir soutenir le regard de son âme sœur. Tout de même, elle aimait mieux pouvoir le regarder dans les yeux, et cette position n'était pas complètement inconfortable, au contraire.

-Je n'y vois aucun problème, répondit-elle dans un fin sourire, le regard planté dans le sien.

Évidemment, qu'elle n'y voyait aucun problème. Elle pouvait bien faire n'importe quoi et se contenter d'absolument tout, en réalité, si cela pouvait lui permettre de passer du temps en compagnie de son âme sœur, si elle pouvait ainsi passer autant de temps que possible avec celui à qui elle avait trop tardé d'accorder la place qu'il méritait dans sa vie. Elle n'allait pas dire les choses telles qu'elles, parce que ça ferait vraiment trop plaisir à son interlocuteur et qu'elle pensait déjà faire bien assez de concessions comme ça. Pour ajouter encore à son propos, et pour satisfaire aux désirs de son âme sœur autant que des siens, elle déposa ses lèvres sur les siennes.


   

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L

e contact de ses lèvres était doux, chaleureux, agréable. Elle avait bien envie que le temps s'arrête, là, tout de suite, car s'il était certain qu'ils n'étaient pas encore prêts, l'un comme l'autre, à vaquer à leurs occupations, à retourner à la réalité, il allait bien falloir qu'ils se raisonnent à un moment ou à un autre. Pas tout de suite, tout de même, pas encore, elle voulait bien faire durer ce baiser une bonne éternité, uniquement pour l'empêcher. En cet instant, elle pouvait prétendre qu'il n'y avait qu'eux, qu'ils n'avaient pas la moindre obligation, si ce n'est l'un envers l'autre. C'était un mensonge, bien évidemment, un véritable mensonge, mais très agréable, au demeurant, et dans lequel Jane se complaisait en même temps qu'elle se serrait aussi fort que possible contre Edward, comme pour l'empêcher d'avance s'il li prenait l'envie de trop s'éloigner d'elle. Même si c'était on ne peut plus inévitable, bien sûr. Elle grimaça néanmoins quand Edward lui fit remarquer qu'elle était dépendante de lui. Elle ne voulait pas être dépendante de qui que ce soit, elle s'y était toujours refusée, catégoriquement. Sauf que c'était tout de même le cas. Elle était totalement dépendante de son âme sœur. Elle n'arrivait à rien, sans lui. Pour respirer, elle avait besoin qu'il respire, pour être heureuse, elle avait besoin qu'il le soit, pour se sentir aimée, elle avait besoin qu'il l'aime, lui et personne d'autre. L'opinion et le regard des autres finissaient toujours par s'effacer au profit des siens. Il était tout ce qu'elle désirait, tout ce qu'elle voulait, tout ce dont elle avait besoin. Elle ne pouvait même pas le contredire, même pas pour la forme : l'évidence était bien trop grande.

-Toujours moins que toi, répliqua-t-elle pour la forme sans que cela ait réellement du sens, car il était certain que leur niveau de dépendance l'un à l'autre était parfaitement équivalent. Elle était seulement incapable de lui laisser le dernier mot. Comme d'habitude. Leur mécanique avait toujours été ainsi : très bien rodée. Et dans la surenchère toujours, c'était comme ça qu'ils s'en sortaient, c'était comme ça qu'ils se plaisaient. En tout cas, c'était comme ça qu'il lui plaisait. Elle adorait leurs prises de bec constantes, tant qu'elles n'allaient pas trop loin (ce qui pouvait malheureusement arriver bien trop souvent). Mais bon, on ne peut pas devenir l'un de ces couples chiants qui font absolument tout ensemble et ne se décollent jamais l'un de l'autre, pas vrai ?

Même si, d'un autre côté, ça restait tout de même très tentant. Infaisable, concrètement, et en plus s'ils le faisaient, Jane deviendrait tout ce qu'elle avait détesté. Mais quand même. Parfois, elle ne savait même pas comment ils sauraient faire autrement.


   

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À

vrai dire, il était fort probable qu'ils soient tout ce qu'ils prétendaient ne pas voulir être. Si Jane acceptait de porter un regard objectif sur la situation, elle était bien contrainte d'admettre que s'il lui était donné la possibilité de n'être qu'avec Edward, constamment, en oubliant définitivement le monde extérieur, elle le ferait, et n'hésiterait sans doute pas beaucoup avant de prendre cette décision. Ils pouvaient mettre cela sur le dos de leurs pouvoirs et des épreuves qu'ils avaient traversés, mais à ses yeux, c'était encore au-delà de tout ça. Quelque chose de si fort que c'en devenait indescriptible. Et oui, c'était sans doute absurde et mièvre, donc pas bien différent des couples qu'ils prenaient grand soin de conspuer. Ceci dit, ce serait effectivement un tort que d'admettre qu'ils pouvaient se contenter d'infinies et constantes niaiseries. Leurs conflits réguliers (pour ne pas dire perpétuels) en disaient long à ce sujet. Ils recherchaient constamment la confrontation, preuve, donc qu'ils avaient besoin encore d'autre chose, de cet élément bien distinct et propre à eux qui pimentait allègrement leur relation. C'était ce qui les rendait différents des autres, c'est ce qui les rendait, et elle était absolument présomptueuse en s'exprimant de la sorte, plus intéressants, supérieurs à tous les autres, ceux qui prétendaient connaître l'amour et qui ignoraient pourtant tout de la véritable passion, dans ses tourments, ses épreuve, ses moments d'intense plaisir, de bonheur total, et de tristesse insurmontable. Leur amour, c'était des montagnes russes. Ils n'étaient pas constamment au sommet, c'est vrai, mais ils se relevaient chaque fois qu'ils chutaient, ils savaient tout dépasser. Ça, pour Jane, c'était la preuve ultime de ce qu'ils avaient de plus fort et de plus tout court, que tous les autres.

-Non, personne c'est vrai, reconnut-elle sans l'ombre d'une humilité (en même temps, si l'humilité était une qualité qu'ils connaissaient, tous les deux, ça se saurait... manifestement, c'était loin d'être le cas) avant de prolonger le baiser qu'Edward lui adressa alors. Est-ce qu'aucun autre baiser pouvait avoir autant de force et de valeur, là encore, elle en doutait fortement. Elle demeura ainsi, à recueillir autant de force que possible au creux de ses lèvres, avant d'accepter de s'abandonner à une résolution déplaisante, mais qui après tout, n'était qu'une étape avant qu'ils ne se retrouvent à nouveau tous les deux. On devrait peut-être sortir de là quand même... Ambre sera contente de te voir.

En vrai, Jane se fichait royalement de Ambre et de son état, mais elle savait que ce n'était pas le cas d'Edward. Et de son côté, elle devait bien reconnaître s'inquiéter tout de même de l'état où pouvait bien se trouver sa mère, maintenant. Ils ne s'en retrouveraient peut-être que d'autant mieux une fois qu'ils auraient accompli leur devoir familial l'un comme l'autre. En attendant qu'ils guérissent, bien sûr. S'ils guérissaient.


   

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J

ane ne put que sourire à la remarque de son âme sœur, car elle ne pouvait pas le moins du monde prendre mal étant donné qu'elle ne pouvait que révéler une vérité indéniable. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que Ambre détestait profondément, viscéralement, Jane, et le temps qu'elles avaient passé toutes deux enfermées dans la même chambre n'y avait rien changé. Ambre serait clairement ravie de ne plus avoir à la supporter... Et Jane, de son côté, devait bien avouer qu'elle serait contente de ne pas avoir à passer sa nuit dans cette fichue chambre cernée de microbes, elle serait bien mieux dans sa chambre, donc dans leur chambre, dans les bras de son petit ami. Bras qu'il lui faudrait quitter maintenant. Avec la satisfaction de pouvoir les rejoindre plus tard, sans difficulté. Après tout, ils avaient toute la vie maintenant à passer ensemble. Oui, qu'Edward aille rejoindre sa sœur, il avait tout à fait raison, de son côté, elle avait tout intérêt à rejoindre sa mère. Et oui, elle serait certainement heureuse de savoir qu'elle allait bien, très bien même (malgré la fatigue, elle dormirait bien, cette nuit), elle serait heureuse de la savoir présente. Et contrairement à ce qu'elle avait longtemps pu avancer, le bonheur de sa mère comptait vraiment pour elle, et encore plus maintenant, car Jane ne pouvait tout de même s'ôter de l'esprit que sa génitrice vivait peut-être ses dernieirs instants (oui oui, il fallait être positif, mais nier la réalité n'était pas une bonne chose non plus). Elle hocha doucement la tête. Le retour à la réalité allait être brutale, mais il le fallait bien.

Elle en avait un avant-goût alors qu'Edward sortait du bain. Ce fut seulement alors qu'elle se rendit compte que l'eau du bain avait eu le temps de devenir très froide. Un large frisson parcourut son échine tandis qu'elle sortait à son tour, et s'empressa de se rhabiller (on allait dire que cette fois serait la bonne. Elle ne mit pas longtemps, ceci dit, à attraper la main d'Edward, tout simplement pour ne pas perdre directement le contact physique avec lui tant qu'elle le pouvait. De suite, elle avait moins froid.

-Oui, je pense aussi, approuva-t-elle doucement, prenant de plus en plus conscience du fait qu'elle allait peut-être trouver sa mère dans un état vraiment, vraiment déplorable. Mais elle devait bien faire avec. Et mon père aussi, j'imagine... Qu'elle trouverait peut-être à son chevet, qui sait. En ce qui le concernait, elle ne savait jamais trop que penser. Mais il fallait qu'elle y aille dans tous les cas. Elle prit une grande inspiration, ça n'allait pas être le plus simple que de se séparer de lui une bonne fois pour toutes, ni d'aller au chevet de sa mère. Mais c'était ça, sans doute, être adultes. Je ferai vite, affirma-t-elle alors avant de déposer à nouveau ses lèvres sur celles d'Edward.



   

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D'

accord. Là, maintenant, tout de suite, ils répondaient véritablement, et de manière ultra-conforme, à la définition que Jane pouvait faire des couples qu'elle abhorrait et auxquels elle prétendait ne pas vouloir ressembler. Au pire, elle s'absenterait quelques heures, pas davantage, et pourtant, elle présentait très clairement que cette séparation allait être délicate. Elle ne décelait aucune exagération ni aucune ironie dans les propos d'Eward, et en ce qui la concernait, elle ne voyait pas les choses différemment de lui. Il allait lui manquer aussi, oui, et très sincèrement. Ce manque se rationaliserait sans doute avec le temps, mais là, alors qu'ils avaient craint de ne plus jamais se retrouver, alors qu'ils avaient craint de ne jamais retrouver leurs pouvoirs, la perspective de s'éloigner l'un de l'autre prenait de suite plus d'ampleur. Tout prenait toujours plus d'ampleur, quoi qu'il en soit, lorsque cela les concernait. Ça faisait sans doute partie de leur charme, quelque chose du genre. On allait dire ça, en tout cas, ça leur éviterait de se remettre en question. Elle fut tentée malgré tout de lancer une petite pique à Edward, mais elle s'en abstint, se contenta d'un sourire qu'elle pensait aussi révélateur qu'un "Tu vas me manquer aussi". Ce qui allait indubitablement être le cas. Elle se contenta donc de hocher la tête quand Edward lui offrit de faire appel à lui au besoin. Elle le prenait au pied de la lettre. Elle voulait croire être suffisamment forte pour supporter la situation sans déraisonner et sans appeler à l'aide, mais si jamais, c'était rassurant de savoir qu'Edward serait quoi qu'il puisse en être là pour la soutenir. Elle ne savait rien de l'état de sa mère à l'heure actuelle. Toutes les hypothèses étaient permises. Alors forcément, elle se permettait d'envisager le pire.

-C'est promis. Mais tout va bien se passer. Là, c'était surtout elle qu'elle s'efforçait de convaincre. Et ça n'avait rien de diablement efficace. Enfin, le meilleur moyen d'en avoir le cœur net, c'était encore d'aller voir. Au moins cela lui donnait-il un motif digne de ce nom pour se séparer de son âme sœur, ce qui n'était définitivement pas une entreprise des plus simples.

Jane prit une nouvelle inspiration puis, résignée, lâcha la main d'Edward. C'était insupportable, ce froid, et pourtant, elle devait songer que c'était dans cet état qu'elle s'était trouvé constamment après qu'ils aient bu la première potion de Perséphone, celle qui les avait privés de leurs pouvoirs. Hors de question de laisser ce froid s'éterniser.

-À tout à l'heure.

Elle s'abstint d'adresser à Edward un nouveau baiser qui l'aurait définitivement empêché de tourner les talons et de quitter la salle de bains et, a fortiori, la demeure des Baker. C'était tentant, mais après tout, ils en auraient pleinement l'occasion plus tard. Ça faisait longtemps, il faut dire, qu'ils n'avaient plus pu se dire "À tout à l'heure", et être certains que cela ne représenterait finalement que peu de temps.


   

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