Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux. (Andrew)

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eu à peu, Andrew trouvait son rythme, et adoptait de nouvelles habitudes. L'air de rien, le changement avait été des plus radicaux. Quand il vivait chez les Hellsing, Andrew suivait tous les jours un programme très clair, avant tout ponctué par ses entraînements et ses parties de chasse, mais la donne avait changé, à présent. Au début, le jeune homme avait naïvement cru pouvoir changer de lieu de vie sans pour autant palier à ses habitudes, en retrouvant sa famille régulièrement afin de leur prouver qu'il ne cesserait jamais d'être un chasseur. Mais depuis, Aaron avait découvert la vérité. La jeune homme ne pouvait plus se permettre d'aller et venir comme bon lui semblait. Il en allait de sa sécurité, et il en allait de la sécurité de Penny également. Aaron avait-il tout avoué à William ? Andrew voulait croire que non, dans le cas contraire, la maison aurait déjà été prise d'assaut. Andrew se plaisait à penser que Aaron ne voulait pas informer leur père de cette histoire, qu'il voudrait s'en charger lui-même. Ce qui ne l'arrangeait pas davantage mais lui donner l'opportunité, peut-être, de s'en tirer et de mieux protéger la femme qu'il aimait. Plus de parties de chasse pour lui, il refusait de toute façon de rester trop longtemps loin de Penny, même s'il se demandait parfois s'il ne se montrait pas trop protecteur avec elle (mais il avait ses raisons). Prenant de nouvelles habitudes, il avait organisé son temps en fonction des moments où il savait qu'il aurait le moins de risques de rencontrer un membre de sa famille. C'est pour cette raison qu'il faisait le marché si tard, à une heure où les étals s'apprêtaient à fermer et les commerçants à rentrer chez eux, pour s'éviter la possibilité de rencontrer un Hellsing. Alors qu'il venait d'achever ses dernières courses, il entendit une voix familière s'adresser à lui.

-Bonjour Ely. la salua-t-il en esquissant un fin sourire, un rien gêné, car s'il n'avait pas eu de scrupule à faire d'elle sa maîtresse occasionnelle autrefois, il devait bien reconnaître l'avoir complètement oubliée après que Penny soit entrée dans sa vie, et n'avait pas vraiment pris soin de lui donner de nouvelles. En même temps, devrait-elle vraiment s'en formaliser ? Ils ne s'étaient jamais rien promis. Leur relation était très simple, avait été purement physique. Comme elle ne le serait plus... Andrew allait sans doute décevoir les attentes de la jeune femmes. Bah, elle avait des ressources, il était bien placé pour le savoir, elle s'en remettrait vite. Je vais bien et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ?

Ou comment engager inutilement la conversation par pure politesse. Il ferait mieux de s'en aller, en réalité, mais Andrew se voyait mal se contenter de s'en aller en lui adresser seulement deux mots avant de tourner les talons.

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ly lui apprit aller très bien, fidèle à elle-même. Cela n'était pas vraiment surprenant pour Andrew. Au fond, il ne connaissait pas grand chose de la jeune femme (et d'ailleurs, s'il en savait plus, il se serait bien gardé de la fréquenter, et il lui aurait plutôt logé une balle entre les deux yeux, sans sommation), mais il avait quand même le sentiment qu'elle devait constamment aller bien, que rien n'était susceptible de l'atteindre. Il la voyait comme une véritable force de la nature, inébranlable, qui ne s'inquiétait de rien, croquait la vie à pleine dent et ne se souciait jamais du lendemain. De son côté, il se garderait bien de lui dire exactement comment il allait, car quand bien même sa vie avait d'excellents aspects et qu'il n'y changerait jamais rien (il était avec la femme qu'il aimait, et en dépit de la difficulté de sa situation, il n'échangerait cela pour rien au monde), sa vie était loin d'être un long fleuve tranquille, ce au nom de raisons qu'il n'avait pas la moindre intention d'évoquer auprès d'Ely. Même si elle lui était sympathique, il ne l'imaginait pas devenir sa confidente. Le fait est que sa relation avec la jeune femme n'avait jamais vraiment exigé de leur part qu'ils discutent beaucoup ou qu'ils partagent leurs pensées les plus intimes (ils partageaient d'autres choses, tout aussi intimes pour leur part). D'ailleurs, il se doutait qu'elle avait dans l'intention de voir cette discussion prendre son tournant habituel. C'est à dire quelques mots échangés avant qu'ils n'aillent épancher leurs envies ailleurs. Mais cette fois, les choses ne se passeraient pas ainsi. Andrew ne pouvait pas nier qu'il trouvait toujours Ely aussi attirante, mais il n'avait plus besoin de ce genre de relation dans sa vie. Il avait Penny, elle comblait à elle seule son univers, alors le reste importait peu. La présence d'Ely ne lui était pas déplaisante, c'est certain, mais elle appartenait à présent à une autre vie, qui lui semblait bien lointaine. Quand elle affirmait que ne plus le revoir et qu'il lui avait manqué, il savait bien ce qu'elle pensait, et il allait falloir la repousser. En douceur si possible. Quoi qu'il l'imaginait bien mal s'offusquer pour si peu quand même. Séduisante comme elle l'était, elle avait plus d'un amant à son tableau de chasse, elle ne s'ennuierait pas de lui.

-Il faut dire que ma vie a été très animée ces derniers temps, reconnut-il avant de boire une nouvelle gorgée de son verre. Je suis avec quelqu'un, maintenant, ajouta-t-il, qui considérait qu'il n'avait vraiment pas à tourner autour du pot. Autant en parler tout de suite afin de ne pas donner de faux espoirs à sa plantureuse interlocutrice pour rien. Alors je t'offrirai un verre avec plaisir, mais je ne pourrais pas te donner plus.

Ainsi, voilà qui était chose dite, mais cela n'avait pas à les empêcher de passer du bon temps ensemble, en tout bien tout honneur, après tout. Ils n'avaient jamais cherché à trop se connaître d'un point de vue... purement vertical, disons, mais il y avait peut-être plus à apprendre l'un de l'autre que ce qu'ils pouvaient bien imaginer.

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avantage quand on avait affaire à quelqu'un comme Ely, c'est que Andrew se doutait qu'elle n'allait pas prendre mal l'information, et ne pas en prendre ombrage non plus. Il n'y avait jamais eu d'ambiguïté dans leur relation. Certes, ils se plaisaient de toute évidence suffisamment pour s'être vus régulièrement, mais il n'avait jamais été question de sentiments entre eux, et Andrew n'ignorait pas par ailleurs que la jeune femme n'avait guère besoin de lui pour profiter de la vie et satisfaire ses envies. Ce qui l'embarrassait, ce n'était donc pas tant l'idée de peut-être vexer Ely que de devoir à présent engager la conversation avec cette femme qu'il n'avait jusqu'alors considérée, il faut bien le dire, que comme un coup de quelques soirs avec lequel il n'avait jamais cherché à avoir plus d'affinités. Il n'y avait pas de quoi en être fier, c'est certain, mais c'était ainsi, et elle le lui avait bien rendu. Restait donc à voir, à présent, ce que cette rencontre allait pouvoir donner. Ely, en tous cas, semblait prête à bavarder un peu (peut-être parce qu'on ne refuse jamais un verre offert, ce serait sottise). Ils verraient bien ce que ça donnerait. Ce n'était pas parce qu'ils n'avaient jamais vraiment fait cet effort qu'ils ne pouvaient pas s'entendre... quoique, en réalité, s'il connaissait la véritable nature de son interlocutrice, s'il apprenait qu'elle s'était jouée de lui tout ce temps, il était fort à parier qu'il n'aurait pas fait tant d'efforts pour chercher à la connaître ou même potentiellement se lier d'amitié avec elle. Ça aurait été la mort directe. Qu'importe sa relation avec Penny, ce n'était pas pour autant qu'il comptait porter les autres créatures dans son cœur. Andrew paya donc à Ely le verre qu'elle lui demanda de commander avant de reprendre la parole.

-Alors, dis-moi ce qu'il y a à savoir sur ta vie "routinière".

Elle avait beau lui avoir affirmé que sa vie était très routinière, ce n'était pas pour autant que cela pouvait aider Andrew à se faire réellement une idée de ce qu'était la vie de son interlocutrice au quotidien. Il fallait admettre ce qui était, il ne savait définitivement pas grand-chose de son interlocutrice. Au mieux savait-il ce qui se disait d'elle, quelle était sa réputation. Mais une réputation ne suffit pas à se faire une idée d'une personne, en définitive. Et il y avait sans doute plus à en apprendre sur elle par l'intermédiaire de la principale concernée que par l'intermédiaire de rumeurs qui n'étaient pas forcément fondées (même s'il pouvait tout de même admettre que l'une d'entre elles était on ne peut plus véridique, et il serait le moins bien placé au monde pour l'en blâmer).

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u fond, Ely avait certainement raison d'affirmer que, quoi qu'elle puisse dire sur sa vie, Andrew ne saurait complètement s'y intéresser puisque, soyons tout de même honnête, ce n'était pas pour sa conversation qu'ils s'étaient rapprochés, et sa vie en soi ne l'avait jamais réellement intéressé, si bien qu'il ne savait finalement pas grand-chose d'elle, pour ne pas dire rien du tout. C'était sans doute un comportement condamnable, mais après tout, à ce petit jeu, Ely s'était plu également et s'était montrée aussi peu intéressée par sa vie à lui que l'inverse (cela dit, elle en savait bien plus sur lui qu'il pouvait bien le soupçonner. S'il savait, ils ne discuteraient certainement pas tranquillement autour d'un verre, leur conversation serait d'un tout autre genre). Malgré tout, il voulait faire l'effort de s'intéresser à elle. On ne sait jamais, il pourrait peut-être apprendre d'elle quelque chose qui soit susceptible de réellement l'intéresser. Ely ne entra pas dans les détails de son existence, malgré tout. Elle se contenta de lui apprendre ce que le chasseur aurait pu deviner de lui-même. Elle profitait de la vie. Ça n'avait rien de surprenant. La jeune femme croquait la vie à pleines dents (il ignorait à quel point cette phrase était juste), il avait pu l'observer de lui-même. Andrew sourit quand Ely se qualifia d'irresponsable. À ce sujet, il ne pouvait pas franchement la contredire, c'était effectivement ce qu'il pensait d'elle. Ce genre de vie dissolue, il n'en aurait pas été capable lui-même (même si sa vie, avec ses mensonges, ses trahisons et ses secrets, n'avait rien de parfaitement rangée, à la vérité).

-Tant que tu mènes la vie qui te plais... répondit-il du ton de celui qui ne juge pas. Et pour cause, il ne pouvait vraiment pas se le permettre vu leur passif, cela aurait été d'une hypocrisie sans nom. Et ne dis pas n'importe quoi, je doute que tu cesses un jour d'être aussi belle que maintenant. Et ce n'était pas l'un de ces compliments qui menaient généralement à autre chose... pas ce qu'ils obtiendraient cette fois. C'était une manière pour le coup vraiment innocente de lui faire un compliment. Et par ailleurs, il le pensait bel et bien. Ely resterait une belle femme. Avec un peu de chance, seulement, elle finirait par se ranger. Au fond, je t'envie, c'est parfois plus simple de ne soucier que de l'instant présent.

Parce que dans certains cas. Dans son cas particulier, à vrai dire. L'avenir pouvait faire peur, vraiment peur. Andrew craignait de ne pas savoir offrir à Penny la vie qu'elle méritait, il craignait de décevoir les personnes auxquelles il tenait, il craignait de voir le moindre de ses projets virer au désastre. Et cet avenir avait malheureusement peu de chances d'être fictif.

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instinct faisait une bonne partie du travail, quand on était un chasseur, c'était en tout cas de notoriété commune parmi les Hellsing, il y avait d'abord l'intuition d'avoir affaire à une créature, et de cette intuition découlait tout le reste : la traque, la recherche de preuves, l'assassinat dans les règles de l'art. Pourtant, Andrew avait eu beau avoir à plus d'une reprise Ely sous les yeux (et l'avoir observée sous toutes les coutures, par ailleurs), jamais il n'avait su voir au-delà des apparences, jamais il n'avait décelé sa vraie nature - à croire que ses nombreux atouts altéraient son jugement, il se pouvait malheureusement que ce soit aussi simple que cela, en effet. Il était donc incapable de constater que son interlocutrice se jouait de lui, qu'elle était une buveuse de sang bien heureuse d'avoir su ferrer un chasseur de créatures. Encore maintenant, alors qu'elle se lamentait au sujet de l'âge qui finirait par la rattraper et altèrerait son physique, il était incapable de voir au-delà des fausses lamentations d'une jeune femme particulièrement séduisante, qui savait parfaitement qu'elle avait encore de nombreuses années devant elle avant de perdre de son sex-appeal... ce qui n'arriverait jamais, dans le cas d'Ely. Non, vraiment, Andrew était incapable de comprendre combien son interlocutrice se jouait de lui. Il se contentait d'engager la conversation avec une jeune femme qu'il se permettait de découvrir sous un angle qu'il n'avait jamais vraiment pris la peine d'explorer jusqu'alors. Et à vrai dire, il trouvait en Ely plus de profondeur (sans aucun mauvais jeu de mots) qu'il ne l'aurait imaginé... Encore qu'il ne savait pas, une fois encore, faire la distinction entre ce qu'elle affirmait et ce qu'elle pensait réellement.

Profiter de l'instant présent semblait plus simple, oui (mais être une solution de facilité aussi, par conséquent), et Ely comprenait ce qu'elle voulait dire. On s'évitait alors toute attache et toute responsabilité. Mais qu'on le veuille ou non, Andrew était d'avis que l'on naissait, de toute manière, avec des attaches et des responsabilités. Elles étaient plus ou moins grandes, c'est tout... Et dans le cas du chasseur, elles le dévoraient complètement. Ely ajouta que c'était elle qui l'enviait, et ce qu'elle dit alors eut le don de surprendre un peu le jeune homme. Il n'imaginait pas que la femme fatale qu'elle était puisse être tentée par une vie plus simple et plus posée, avec moins de responsabilités. C'est sûr, au fond, il ne la connaissait pas du tout (c'est clair), il ne faisait donc que des présomptions sur ses désirs et ses aspirations. Il commençait à se dire qu'il s'était fourvoyée à son sujet. C'était le cas, oui, mais pas dans le sens qu'il imaginait.

-Je suis convaincu que si c'est ce que tu souhaites, tu n'auras aucun mal à vivre ça, toi aussi, affirma-t-il.

Même si Ely n'était pas forcément le genre de femme que l'on épouse, pour dire ça élégamment.

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ndrew ne le pensait peut-être pas complètement, en fait, quand il disait à Ely que si elle le voulait, elle pourrait vraiment vivre une relation qui en vaille la peine. C'était injuste, il se fondait sur ses préjugés concernant cette jeune femme, mais il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de se dire que cette jeune femme ne se marierait sans doute jamais, d'une part parce qu'elle ne donnait pas l'impression de le vouloir, d'autre part parce qu'il était incapable de l'imaginer réellement fidèle ou autre. Oui, c'était vraiment une manière étroite de considérer les choses, et c'était pour cela qu'il ne se permettait pas de l'exprimer comme telle, mais il ne pouvait pas s'empêcher malgré tout de le penser. Et la jeune femme, au final, ne lui donnait pas tort une seule seconde, ce qui l'arrangeait, au final. Certes, il avait envie de considérer que l'amour pouvait frapper à n'importe quelle porte, mais tout le monde, définitivement, n'était pas fait pour ça. Bref, Ely ne semblait pas décidée à abandonner son statut de célibataire et de chasseuse, elle non de créatures mais d'hommes, qui avaient certainement été nombreux à défiler dans son lit (et il ne pouvait pas porter de jugements là-dessus, certainement pas, vu qu'il avait été aux premières loges pour connaître son talent dans ce dialogue). Elle affirma par ailleurs que la vie de couple apportait un lot bien trop conséquent de préoccupations. Andrew voudrait lui donner tort, mais il ne le pouvait absolument pas. Bien au contraire, il ne pouvait que lui donner entièrement raison, s'il se fiait à sa propre situation.

Allez savoir s'il existait des relations stables faciles à vivre. Andrew ne savait pas s'il en avait connues un jour; Il n'avait jamais eu de relations réellement stables avant Penny, l'exemple de son meilleur ami avec Hardwick en disait long sur le désastre que ça avait été... et il n'avait pas vraiment d'autres exemples à l'esprit. Ses parents lui semblaient avoir formé un couple stable. Mais il avait si peu connu sa mère ! Il ne pouvait pas vraiment être sûr de cela, sans oublier qu'ils formaient un couple de chasseurs, forcément atypique, tout ne devait pas forcément être rose, entre eux. Et il y avait sa relation avec PEnny. Oh, il l'adorait, il était prêt à tout pour elle et il préférait être avec elle que de ne subir aucune complication. Mais le risque de plus en plus grand qu'il encourrait de perdre toute une famille qui lui était pourtant on ne peut plus chère, ce n'était tout de même pas rien, il fallait bien qu'il le reconnaisse.

-Tu as sans doute raison, admit-il dans un léger sourire. Il pourrait la convaincre que bien sûr que si, les couples sans complications, ça existait. Mais non. Mais certains soucis en valent la peine, ajouta-t-il. Enfin, c'est ta vie, après tout.

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n une seule phrase, très simple, Ely laissa comprendre à Andrew qu'elle n'avait pas l'intention de changer son style de vie, et le chasseur (s'il en était encore un) ne pouvait pas vraiment la blâmer pour cela, tout comme il n'avait pas non plus l'intention de s'évertuer à convaincre son interlocutrice qu'elle ferait bien de changer, de laisser une chance à une relation affective. Tous les tempéraments n'étaient peut-être pas faits pour ça, après tout. Quoique... avant de rencontrer Penny, Andrew avait été convaincu qu'il serait bien incapable d'éprouver de l'amour, du moins tel qu'on l'entend communément, et pourtant... pourtant, ça lui était tombé dessus, et avec toutes les complications qui allaient avec, car quitte à tomber amoureux, il avait bien évidemment fallu qu'il jette son dévolu sur une fée, à croire qu'il était totalement incapable de faire les choses à moitié. A certains moments, il se disait qu'il aurait mieux valu, à d'autres, il se contentait d'admettre que si les choses étaient à recommencer, il ferait en sorte de les reproduire de l'exacte même manière. Il aimait beaucoup trop Penny pour envisager seulement de vivre encore sans elle. Même si rien n'était simple, et même s'ils étaient loin d'être encore venus à bout de leurs difficultés et que bien d'autres les attendaient au tournant, il le savait bien. Il se contenta d'une esquisse de sourire quand son interlocutrice lui demanda si celle qui avait si bien su voler son coeur lui apportait beaucoup d'ennuis. Il est vrai que ses propos prêtaient forcément à interrogations. Et pourtant, il n'avait certainement pas eu l'intention de se plaindre, encore moins de seulement en parler... et pour cause, il n'avait que trop conscience des risques que cela pourrait bien engendrer, et pas seulement pour lui. Il allait donc devoir se contenter d'une réponse lacunaire.

-Pas vraiment, non. Ce qui était un mensonge éhonté, cela va sans dire, mais ne serait-ce que trop en laisser deviner sans rien expliquer était déjà à ses yeux une erreur, et il en faisait déjà suffisamment pour ne pas vouloir en rajouter plus encore. Ce serait ça, l'erreur. Andrew était certes amoureux, il osait tout de même penser qu'il n'en était pas pour autant devenu complètement stupide. Sauf quand elle m'oblige à décliner tes avances, bien sûr, ajouta-t-il d'un ton amusé.

Andrew n'avait jamais été très doué en matière de plaisanterie, mais sa remarque était tout de même supposée en être une. Inutile, après tout, de jouer la carte des confidences, ce serait dériver là sur une pente sur laquelle il préférait ne pas glisser, à choisir. Après, elle en ferait ce qu'elle voulait. Ce n'était pas comme si leur conversation était vouée à gagner en profondeur. Après tout, ils ne se connaissaient pas du tout. Et ce n'était rien de le dire.

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ndrew sourit franchement quand Ely plaisanta de la situation, assurant compatir à la difficulté que ce devait être pour lui de ne plus pouvoir répondre à ses avances. Andrew devait bien reconnaître apprécier ce nouveau trait de caractère qu'il décelait chez son interlocutrice. Ils n'avaient jamais vraiment pris le temps de parler, tous les deux, ils n'avaient jamais vraiment eu le temps de se connaître autrement que physiquement, si bien que le chasseur (s'il en était encore un) n'aurait pas pu dire grand chose du caractère de la buveuse de sang (heureusement pour lui - et pour elle - il n'avait pas conscience qu'elle en était une), si ce n'est qu'elle ne se prenait pas outre mesures la tête et que ses moeurs étaient légères, qu'elle n'avait pas froid aux yeux... Là, il lui découvrait de l'humour, et il réalisait qu'ils pouvaient très bien parler ensemble sans que ce ne soit pour autant une corvée. Il s'était senti un peu gêné pour commencer, mais plus ça allait, plus il se détendait, il en venait à oublier le nombre de fois où tous les deux s'étaient vus nus, il se contentait de découvrir une jeune femme à la personnalité pétillante, avec laquelle il serait tout à fait susceptible de s'entendre... Même s'il n'irait pas jusqu'à chercher à lui reparler après cette conversation, ce serait assez déplacé au vu des circonstances qui les avaient réunis pour commencer, il préférait ne pas prendre de risque, si c'était réellement possible. Ely ajouta qu'elle lui souhaitait d'être heureux avec sa dulcinée. Elle ne lui semblait pas hypocrite en disant cela. Elle n'était manifestement ni amère, ni rancunière. Comme quoi...

-Oh mais je suis très heureux, confirma-t-il alors.

Et c'était le cas. Sa situation était au-delà de compliquée, avec Penny, mais cela ne changeait rien au fait qu'il était fou amoureux de la femme qui partageait sa vie et qui à ce jour portait son enfant, il l'aimait plus que tout, et chaque instant passé avec elle suffisait à son bonheur, qu'importe alors qu'il soit nécessaire en contrepartie d'affronter multitudes d'obstacles. Elle méritait tous les sacrifices au monde, dans tous les cas, et il donnerait sa vie pour elle si c'était nécessaire. Oui, il était heureux. Pas serein, certes, mais heureux.

-Je crains fort de ne plus jamais avoir l'occasion d'entendre tes avances, ajouta-t-il alors.

Bien sûr, on ne sait pas ce que la vie nous réserve. Penny pourrait décider de se séparer de lui, ou il pourrait bien lui arriver pire encore... Mais quand bien même Penny et lui ne devaient plus être ensemble, Andrew ne pensait pas qu'il tomberait de nouveau dans les bras d'Ely. Il n'était vraiment pas certain de vouloir des bras d'aucune femme au monde, même aussi belle et sulfureuse qu'Ely, après avoir connu ceux de la fée qui faisait battre son coeur.

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