Nos mentors sont les pommes dont nous sommes le jus | Dean & Cordelia

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i les recherches menées par Dean et secondées par ses sbires portaient des fruits remarquables à certains moments, ou tout du moins significatifs, il n'en retirait pas de franche et réelle satisfaction malgré tout. Et pour cause, sa maladie était toujours là, bien présente, irrévocablement présente, et si certains progrès étaient encourageants, il y avait toujours un petit quelque chose pour entacher le tableau. Comme le vol des remèdes qui avaient été mis au point pour sauver les humains de notre terre de la maladie. Entre autres choses...

Il sentait bien, il voyait bien que l'on agissait à son encontre, mais sans preuve ni éléments d'accusation, il ne pouvait pas grand-chose, sinon ronger son frein et redoubler de vigilance et de patience du mieux qu'il le pouvait. Cette situation, quoi qu'il en soit, mettait à jour une certitude qui l'avait frappé depuis un moment déjà, mais qui se révélait à présent ni plus ni moins qu'inévitable : il fallait qu'il aborde ses expériences sous un nouvel angle, et il était plus que primordial qu'il le fasse rapidement, le plus rapidement possible, sans quoi il perdrait en influence et en crédibilité. Bien évidemment, c'était proprement hors de question. Pour cela, il le savait, il fallait qu'il mette en application certains projets, et il pensait avoir entre ses mains et à l'esprit tous les éléments nécessaires à la bonne marche de ses plans. Attitude certainement bien trop présomptueuse de sa part. Mais l'humilité n'avait jamais, à aucun moment, caractérisé Dean Appers, il faut bien le dire.

Pour cela, il avait donné rendez-vous à Cordelia. Il aurait voulu pouvoir s'adresser à Julian, mais sa confiance en lui s'était quelque peu délitée, et en la circonstance, il l'imaginait de parti pris. Cordelia, elle, était d'une loyauté sans faille, et s'il devait compter sur quelqu'un, c'était sur elle. Il avait choisi de la retrouver non pas dans les grottes comme à leur habitude mais dans un coin reculé du village, en pleine nuit. Ce n'était pas dans les habitude du Sorcier de se rendre au village, mais la nuit noire autorisait cette entorse à ses propres règles. Et il avait besoin de parler à un endroit où aucun de ses sbires ne pourrait surprendre leur conversation. Quand il arriva, Cordelia était déjà là, parfaitement ponctuelle.

-Jamais je n'envisagerais de te faire attendre, répondit-il simplement. Il marqua une légère pause. Nous avons beaucoup de choses à nous dire, mais avant tout, dis-moi, où en es-tu dans tes expériences ?

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ean avait entièrement conscience du fait que la sorcellerie telle qu'ils la pratiquaient, c'est-à-dire de façon expérimentale, en tentant de repousser toujours plus loin les limites de leurs compétences, était un art complexe et capricieux, qui exigeait sans nul doute du temps, des échecs, et des tentatives répétées pour aboutir. Les sorciers des grottes avaient fait de grands projets, dernièrement, et qui n'avaient rien de négligeable. Dean était le premier à en avoir conscience puisqu'il participait de très près à chacune de ces expérience et s'occtroyait un droit de regard quasi-omniscient. Rien qui ne lui permette malheureusement encore de le guérir du mal qui le rongeait un peu plus à chaque instant, mais le moindre pas en avant le rapprochait néanmoins d'une réussite qui tardait à venir.

Les ratés ne dérangeaient pas Dean tant qu'ils n'étaient pas considérés comme des échecs et que ceux qui en étaient responsables ne se livraient pas à un exaspérant défaitisme. Le Sorcier avait bien conscience que dans leur domaine d'expertise, on ne pouvait pas tout réussir du premier coup, et que plus le projet était ambitieux, plus il exigeait de temps. Aussi ne s'inquiétait-il pas des propos de Cordelia, pas plus qu'il ne se mettait en colère. Il préférait entendre de bonnes nouvelles plutôt que celle-ci, il est vrai, mais il connaissait son interlocutrice. Il avait eu tout le loisir d'analyser ses compétences, son talent, son potentiel, il savait combien elle était douée et surtout investie. Si ses expériences avaient connu un progrès significatif, elle l'aurait certainement partagé avec lui avant que ce dernier ne vienne lui poser la question. Il n'était donc pas tant surpris, mais du moins curieux, et confiant tout de même. Il savait que Cordelia n'était pas le genre de femme à baisser les bras. Au contraire, elle persisterait jusqu'au bout, jusqu'à obtenir gain de cause. Et si, comme elle l'affirmait, les choses avancaient, il savait qu'il pouvait lui faire confiance, ce qui au passage était un constat plutôt plaisant, car trop rare, dernièrement. Cordelia était bien la seule de ses acolytes sur laquelle Dean ne laissait reposer aucun soupçon. Ou au mieux un soupçon de convenance, pour ne pas mourir idiot.

-Dis m'en plus, dans quelles mesures, précisément ?

Dean avait le souci du détail. S'il s'intéressait de très près aux expériences de ses interlocuteurs, c'était aussi dans l'intention de ne rien négliger de son côté. Si progrès, même minimes, il devait y avoir, Dean voulait connaître lesquels et dans quelles proportions précisément.

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ean écouta la réponse de Cordelia avec la plus grande attention. Il trouvait l'expérience de son interlocutrice particulièrement intéressante, mais il n'était pas étonné. Cordelia était ambitieuse, et elle était loin de limiter son travail à un spectre limité. Quand elle se fixait un objectif, elle était comme lui, elle s'arrangeait pour qu'il soit impossible. Car dans ces grottes, ils rendaient l'impossible possible, et c'était quelque chose d'aussi intéressant que stimulant. Peu importe le résultat définitif qu'elle obtiendrait, chaque étape de son expérience leur en disait plus sur la nature des créatures qui les entouraient, sur la manière dont leurs pouvoirs fonctionnaient.

Dean ne perdait pas des yeux son objectif le plus définitif (sa guérison mise à part) qui était d'extraire l'essence même de la nature magique de tous les êtres exceptionnelles, de l'isoler pour s'en servir à sa guise. Bien évidemment, les expériences de Cordelia abondaient dans son sens, et quand il l'entendait parler de ses progrès, il songeait qu'il était bien possible qu'elle parvienne bel et bien à ses fins. Obtenir un résultat même partiel, dans ce genre de situation, c'était déjà un véritable succès. L'homme hocha donc la tête, approbateur. Il aimait quand les choses abondaient dans son sens (en même temps, qui n'aimait pas cela ?), et ce n'était pas si souvent le cas, dernièrement, malheureusement. Alors, évidemment, la constance, l'efficacité, la loyauté et le talent de Cordelia lui faisaient le plus grand bien.

-Bien. Je pense que tu t'es engagée sur la bonne voie. Je crois en ta persévérance, assura-t-il avec un fin sourire au coin des lèvres.

Il pourrait demander encore plus de précisions, il était tenté de le faire, d'ailleurs, curieux qu'il était, mais Dean avait toujours mis un point d'honneur à laisser les sorciers des grottes faire leurs expériences à leur guise sans pour autant les brimer. Quand il était question de l'art délicat de la sorcellerie, ordonner et se contenter de s'entourer d'exécutants ne rimait à rien. Il laissait à chacun leur liberté. Seulement, il ne fallait pas qu'ils oublient, à la fin de la journée, que c'était majoritairement à lui que leurs expériences devaient bénéficier.

-Pourquoi s'intéresser aux sirènes en particulier ? demanda-t-il tout de même, simplement pour connaître plus en détails les motivations de son interlocutrice. Même s'il n'y avait peut-être pas plus d'explication à trouver qu'une légitime curiosité qui s'était portée sur ce cas spécifique.

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ordelia confirma à Dean ce qu'il avait présumé avant même qu'elle lui réponde. La sorcière n'avait pas de motivation spécifique à choisir pour l'heure les sirènes comme objet d'étude, c'était juste une affaire de curiosité, et d'intérêt naturel, presqu'instinctif. Dean était d'avis que des motivations comme celle-ci étaient les plus à même d'aboutir à des résultats dignes de ce nom. L'intérêt personnel que l'on pouvait trouver à telle ou telle expérience avait le mérite de vous conférer une énergie nécessaire à l'ouvrage, mais également un manque de distance analytique qui pouvait vous faire défaut. C'était presque inévitable, en réalité, et c'était une excellente chose, déjà, que d'en avoir conscience.

Dean en savait quelque chose. Le sorcier ne pouvait pas complètement occulter le fait que, s'il n'était jusqu'alors pas parvenu à trouver le moindre remède au mal qui le rongeait, c'était peut-être seulement qu'il était justement trop impliqué dans l'affaire, puisqu'il réussissait entre-temps en matière de magie des exploits qui paraissaient irréalisables il y a quelques années de ça, et bien plus complexes que ceux qu'il ne parvenait pourtant pas à achever.

-Il ne s'agit pas du plus inintéressant, c'est vrai, reconnut Dean dans un hochement de tête.

En même temps, pour Dean, chaque espèce, chaque créature, même les humains, avaient leur intérêt, un mystère à percer, une faille à exploiter... Ceci dit, il est vrai que les sirènes avaient pour lui une place de choix, plus intrigante que les loups-garous et les vampires, surtout, dont il pensait avoir cerné les aptitudes et comportements jusqu'à la corde.

-Je suis curieux de découvrir le résultat de tes recherches, ajouta-t-il simplement. Penses-tu que je pourrais assister à ta prochaine expérience ? demanda-t-il sans attendre de refus de la part de son interlocutrice, bien sûr. Il laissait tout un chacun faire leurs expériences en s'en mêlant dans une relative mesure, surtout quand il était question de ses éléments les plus doués et dignes de confiance. Mais il estimait préférable de jeter un oeil de temps à autre, par seul soucis de contrôle. Est-ce que tu travailles sur des échantillons ou directement sur un cobaye ? demanda-t-il ensuite, continuant de s'intéresser sincèrement à la réponse de Cordelia.

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ean adressa à Cordelia l'une de ses rares esquisses de sourire sincère, de celles qu'il adressait à un nombre très limité de personne, et toujours avec une immense parcimonie et tout autant de réserve. Cordelia n'était pas réellement en droit de refuser, si elle lui avait affirmé ne pas vouloir de sa présence au cours de ses prochaines expériences, il est certain que sa réaction aurait été à la hauteur de sa déception. Dean Appers était un homme auquel il était malvenu de dire non, peu importe le prétexte. C'était ainsi, il menait les rênes et entendait que cela dure.

Quand il prenait sa décision, et même quand il la faisait passer pour une proposition ouverte, il y avait tout intérêt à hocher la tête et à approuver sans contester... mais dans le cas de Cordelia, Dean savait qu'elle n'agissait pas sous l'effet d'une quelconque pression subie. Quand elle affirmait qu'il était toujours le bienvenu pour assister à ses expériences, c'était une chose qu'elle pensait bel et bien, et c'était tant mieux. Il s'agissait là d'une nouvelle preuve de sa loyauté et de sa dévotion, et des éléments comme elle, en ces temps de crise, Dean en avait de toute évidence le plus grand besoin.

Elle lui donna par la suite plus de précision sur ses expériences, n'oubliant pas de faire preuve de la précision qu'il attendait tout naturellement de sa part. Il n'accepterait pas qu'elle se montre laconique, ou qu'elle fasse mine d'ignorer l'une de ses questions. S'il les posait, toutes autant qu'elles étaient, c'était qu'il attendait une réponse pour chacune d'entre elles, et il les obtint en effet. Elle travaillait donc sur échantillon avant de passer à un cobaye de chair et de sang. Une méthode au fond classique et qui avait fait ses preuves, même si Dean avait pris pour habitude de ne plus vraiment s'encombrer d'échantillons quand il le pouvait. Il aimait à entrer directement dans le vif du sujet, même si ce n'était pas toujours possible, bien évidemment.

-Le moment venu, n'hésite pas à m'en faire part, je devrais pouvoir te faire dégoter des cobayes de premier choix, répondit-il avec le plus grand sérieux, n'ayant aucun mal à se dissocier de l'émotion naturelle que pourrait inciter à éprouver la perspective de disposer ainsi d'une âme vivante. Il n'en avait cure.

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ean hocha simplement la tête, satisfait, quand Cordelia lui assura qu'elle ne manquerait pas de venir le trouver au moment de transférer ses expériences sur des sujets disons plus... conscients. Bien sûr, elle serait sans doute parfaitement capable de s'approvisonner elle-même si elle le décidait, et Dean était loin de remettre cela en question. Il considérait que Cordelia était, avec Julian, son élément le plus doué. Il y avait longtemps qu'il n'avait plus rien à lui apprendre. Elle était puissangte, elle savait parfaitement agir et réussir par ses propres moyens... ce qui n'ôtait rien au fait que le Sorcier considérait que tout ce qui se passait au sein de ces grottes continuait de le concerner directement.

Quand bien même il laissait les sorciers qui oeuvraient là libres de leurs méthodes et de leurs expériences, il s'octroyait un droit de regard, voire un droit d'intervention, sans spécialement attendre après l'aval de ceux qu'il considérait, même pour les plus proches et loyaux d'entre eux, comme ses sbires, des sbires dont il n'hésiterait pas à exploiter les compétences au moment de mettre au point un remède définitif au mal qui le rongeait.

Cordelia le brossait dans le sens du poil, en quelque sorte, en affirmant qu'il était la personne la plus compétente à ce titre et à bien d'autre, sans doute, mais ce n'était pas pour le déranger. Dans tous les cas, c'était ce que le sorcier pensait également de son côté. Oui, il considérait bel et bien être le sorcier le plus doué et le plus puissant de notre terre. Il ne s'en cachait pas, il n'avait aucune honte à l'affirmer haut et fort, pour lui, ce n'était ni plus ni moins qu'un fait. Avéré, établi, inébranlable.

-Jusqu'au jour où une autre prendra ma place, observa-t-il en lui adressant un regard entendu.

Ne nous méprenons pas, Dean était loin de vouloir la céder si facilement, cette place. Ce n'était pas pour rien s'il refusait de se laisser consumer par le mal qui le rongeait plutôt que d'accepter son âge et d'admettre qu'il avait sans doute assez vécu pour passer la main. Mais un jour ou l'autre, il faudrait bien qu'il envisage de léguer son empire, et Cordelia était bien évidemment toute désignée pour lui succéder. Elle avait un talent et une ambition à la hauteur de ses propres desseins.

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ean n'avait pas besoin d'entendre les propos de Cordelia pour en connaître la teneur et y croire sur parole, sans remettre un seul instant en doute la véracité de ses dires. La confiance n'était pas une chose qu'il accordait facilement, et quand il l'adressait à autrui, il fallait ne faire aucun pas de travers au risque de finalement la perdre (comme c'était le cas pour Julian, en qui Dean avait eu aveuglément confiance jusqu'à il y a peu, et dont il remettait davantge en question les intentions dorénavant). Cordelia lui avait prouvé de longue date qu'il pouvait effectivement lui faire confiance, et ce n'était pas pour rien s'il envisageait la possibilité qu'elle puisse lui succéder, à un moment ou à un autre.

Alors définitivement, la jeune femme n'avait aucun besoin de le convaincre, mais il appréciait tout de même entendre la sorcière lui assurer que si elle devait un jour se retrouver à sa place, elle ferait ce qu'il faudrait pour perpétuer son oeuvre et agir selon sa ligne de conduite. Il avait bâti un empire, ce n'était pas pour voir ses rênes en être reprises dans l'irrespect total de tout ce qu'il avait souhaité instaurer et construire, et de tout ce qu'il avait d'ores et déjà instauré et construit. Cordelia en avait parfaitement conscience, et Dean appréciait que ce soit effectivement le cas.

-Et s'il n'y a qu'un seul précepte à retenir, c'est en effet celui que tu viens d'énoncer, observa Dean.

Il ne reprocherait pas à Cordelia de vouloir aller au-delà de ce qu'il avait construit lui-même, puisque le but de ce qui se tramait continuellement au sein de ces grottes était de dépasser constamment leurs acquis. Dès qu'une percée était faite, il n'était pas question de se reposer sur ses lauriers, mais de se servir de cette percée pour marcher vers un autre progrès, encore et encore, continuellement. C'était ainsi qu'ils façonnaient l'avenir, qu'ils rendaient le monde toujours plus vaste et fascinant : en dépassant constamment les limites de la magie, et il faudrait que ce continue d'être le cas après son départ, si tardif Dean espérait-il qu'il soit. Ce précepte, c'était son héritage, au-delà même de tout ce qui s'était déjà accompli en ces lieux, et cela, son interlocutrice l'avait bien compris.

-Bien sûr, tu te doutes que tu n'es pas la seule à pouvoir prétendre à ma succession..., ajouta-t-il alors, sachant qu'elle sauait forcément à qui il faisait référence et pour connaître son opinion au sujet de Julian.

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ean se contenta d'esquisser un fin sourire quand Cordelia suggéra que si, d'aventure, c'était à Julian qu'il faisait allusion, elle s'en sentirait vexée. Il n'en attendait pas moins de sa part, et il se doutait que s'il devait tenir le même discours à son protégé masculin, il réagirait d'une façon équivalente. Cela ne dérangeait pas le moins du monde le sorcier. Il n'attendait pas des sorciers sous sa coupe qu'ils travaillent en parfaite harmonie (même si dans certaines circonstances, une saine collaboration pouvait porter ses fruits) : mettre ses meilleurs éléments en opposition, en concurrence, c'était les voir aussi chercher à se dépasser, à se supplanter mutuellement, ce qui lui promettait à lui des résultats excellents.

Julian tout comme Cordelia, d'un point de vue strictement objectif, possédaient des compétences équivalentes, ils étaient aussi puissants l'un que l'autre. Et à ce titre d'ailleurs, il était de fait préférable que l'un comme l'autre répugne à l'idée de ne serait-ce que collaborer, car dans ce cas, les élèves réussiraient sans doute trop certainement à dépasser le maître, et le trône qu'il évoquait l'idée de céder lui plaisait encore trop pour qu'il accepte qu'on le lui prenne par la force. Quand bien même c'était une éventualité concernant laquelle il se devait de faire preuve de la plus extrême vigilance.

Et c'était d'ailleurs ce que Cordelia semblait suggérer. Dean balaya d'un revers de manche quand Cordelia qualifia Julian de crétin. C'était faire preuve de mauvaise foi que d'user d'un tel adjectif pour faire mention de son rival. Qu'elle cherche à l'attaquer et à le descendre en sa présence ne le dérangeait pas, en revanche, il préférait, et de loin, qu'elle utilise pour ce faire des arguments qui vaillent véritablement la peine d'être entendus. Dean était d'accord avec le fait qu'il y avait quelque chose de louche chez Julian, mais objectivement, il y en avait chez eux tous.

-Je ne lui fais pas confiance, répondit posément Dean. Ce qui était vrai. Il lui avait longtemps fait confiance, mais quelques-unes de ses décisions récentes avaient ébranlé cette confiance. Sans s'imaginer pour autant ce qui se tramait dans son dos, il était du moins plus vigilant, et cette vigilance s'appliquait également à Cordelia. Le plus simple était encore de ne plus faire confiance à personne et de les pousser, tous autant qu'ils étaient, dans leurs derniers retranchements. Mais tu dois tout de même reconnaître qu'il est un sorcier particulièrement talentueux.

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ean s'amusait beaucoup de l'assurance de Cordelia, autant à vrai dire que de la rivalité manifeste entre ses deux protégés. Il ne les avait pas choisis au hasard. Si il avait accepté de leur accorder du temps, de l'attention, et les moyens de dépasser leurs propres compétences, c'est parce que faute d'avoir forcément foi dans leurs intentions, il avait foi dans leur talent. Il n'aurait pas accordé son tempts et son énergie à des personnes qui ne le méritaient pas un seul instant.

Si Julian et Cordelia daignaient ne serait-ce qu'envisager de collaborer, ils feraient sans doute des miracles, mais cela n'arriverait sans doute jamais à moins qu'il ne les y obligent... ce qu'il ne ferait pas. S'il aurait peut-être eu beaucoup à gagner de leur association, il gagnait également beaucoup à les voir en concurrence. Chercher à dépasser sans cesse les compétences de l'autre, c'était se dépasser soi-même, et c'était dans son intérêt que de les voir aller au-delà de ce qu'ils étaient capables de faire.

Dean était convaincu que Cordelia ne faisait même pas preuve de mauvaise foi quand elle refusait de reconnaître les talents de Julian, elle s'appliquait tant et tant à le rabaisser qu'elle choisissait de fermer les yeux sur les dons qu'il possédait pourtant, et qu'ils avaient en commun. Il afficha un léger sourire en coin quand son interlocutrice ajouta qu'il était libre de penser ce qu'il voulait. C'était heureux, bien sûr. Jamais Dean ne tolèrerait qu'on lui soutienne qu'il avait tort, et pis encore, qu'on cherche à le convaincre de ces mêmes torts. Il en était bien évidemment hors de question.

-Bien entendu, se contenta-t-il de répondre, ce qui était sa manière de lui faire remarquer que le simple fait d'observer qu'il était libre de penser ce qu'il voulait, comme si sa liberté de penser quoi que ce soit pouvait dépendre d'elle, était déjà de trop à ses yeux. On est mégalo ou on ne l'est pas. Il n'est rien de plus dangereux que de sous-estimer ses rivaux, tu en as conscience, n'est-ce pas ? ajouta-t-il alors.

Mais Cordelia refuserait sans doute de considérer Julian comme un rival. Ce qui aux yeux de Dean était une erreur. Une erreur qui pourrait éventuellement lui causer du tort plus tard.

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ordelia avait beau ne pas apprécier l'idée même de pouvoir être placée en situation de rivalité avec Julian, il allait falloir qu'elle s'y fasse. Puisque les deux ne semblaient pas décidés à collaborer ensemble, ce qui aurait pu aboutir à un résultat tout à fait spectaculaire, à vrai dire, quand il devait être question de qui lui succéderait (même si c'était une considération qui pouvait attendre un peu, car Dean n'avait pas l'intention de laisser sa place tout de suite), il était effectivement son rival puisque, ainsi qu'il le lui avait fait comprendre plus tôt, il était la seule personne en lice en dehors d'elle qu'il imaginait apte à prendre sa place et à régner sur l'empire qu'il avait mis en place.

Qu'elle n'apprécie pas qu'un homme qu'elle qualifiait elle-même de crétin (même si Dean avait pu plus d'une fois constater son intelligence, sa force d'initiative et son talent) puisse être mis dans une telle position vis-à-vis d'elle, ça la regardait. En attendant, ça n'ôtait rien au fait que si l'on se fiait à une définition très stricte du terme, Julian était son rival. Son concurrent, si elle préférait.

-Oui, répondit posément Dean, sans aucune intention de brosser son interlocutrice dans le sens du poil. Toi et Julian êtes les seuls que j'envisage pour prendre un jour ma place. Que cette possibilité t'agace ou t'indigne, ce n'est pas vraiment mes affaires. Mais si réellement tu souhaies un jour me succéder, alors oui, commence à envisager Julian comme un rival, tu gagneras du temps et peut-être même de l'avance sur lui.

En vérité, une avance, même si légère, sur Julian, elle l'avait déjà, car même s'il choisissait de se défier de tous ses sbires à l'heure où il flairait la trahison, il appréhendait davantage que Julian lui plante un couteau dans le dos que Cordelia. Ceci dit... l'ambition qui couvait peut-être dans l'esprit de Julian, même si elle était à son encontre, pouvait témoigner d'une certaine motivation à diriger, et ce n'était pas un mal. On n'arrive jamais à rien sans écraser les autres. Oui, Cordelia avait de l'avance. Mais à s'imaginer qu'elle n'avait pas de réelle concurrence, c'était une avance qu'elle pourrait bien finir par perdre.

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ui, Dean savait très bien que Julian n'avait pas une meilleure opinion de Cordelia que l'inverse, la différence résidant simplement dans le fait que Julian clamait moins haut et fort sa désapprobation vis-à-vis de Cordelia, ou en tout cas l'estimait davantage en tant que rivale (ce que le sorcier estimait être loin d'être une mauvaise chose). Mais leur petite guerre d'egos ne l'intéressaient que s'ils étaient capables d'en faire une force. Dans le cas contraire, cela le laissait entièrement de marbre. Savoir qu'untel n'aimait pas untel, ça n'avait pour lui aucune forme d'intérêt, ça n'en avait que si cette rage ou cette haine pouvaient être métamorphosés en quelque chose de productif et de réellement utile.

-Mon but n'est pas que vous vous entendiez, encore moins que vous vous appréciez, je n'ai que faire de vos sentiments respectifs.

C'était dit un peu brutalement, mais c'était la vérité. Cette conversation lui rappelait combien l'affect pouvait avoir de répercussions négatives sur les uns comme sur les autres. L'on vivait bien mieux dans l'indifférence la plus totale des sentiments d'autrui. Même s'il était difficile d'en faire abstraction malgré tout, surtout si l'on voulait éviter que son empire s'effondre du fait de connivences ou de gueguerres quelconques.

-Ce qui m'intéresse, ce ne sont pas vos états d'âme ou même votre opinion, c'est vos compétences. Et vous gâchez l'un et l'autre votre talent à force de considérations qui n'ont absolument pas leur place au sein de ces grottes, décréta-t-il d'un ton ferme.

Sans doute devrait-il mesurer son discours, mais à vrai dire, cette conversation le lassait un peu. Il ne voyait aucun intérêt à écouter Cordelia lui expliquer de mille manières combien grande était son aversion envers Julian, tout comme il ne demandait certainement pas à entendre l'inverse de la part de Julian. Il voulait simplement faire des deux les meilleurs sorciers qui puissent être. Oh, ils étaient déjà bon, très bon même, mais ils pourraient l'être davantage, en sachant valoriser et mettre à profit leurs atouts respectifs. Ce n'était pas pour rien si Dean laissait accès à un certain nombre de sorciers à ses grottes et laboratoires, il retirait le meilleur de chacun, et admettait que sans eux, il n'aurait pas accompli de tels progrès.

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a réponse de Cordelia demeurait très neutre dans le ton qu'elle employait, mais beaucoup moins dans les propos qu'elle tenait. L'avait-il vexée ? Il en avait l'impression. Comptait-il s'en excuser ? Non, pas le moins du monde. Il n'estimait pas avoir dit quoi que ce soit de mal. C'était la pure vérité, il n'avait que faire des états d'âme et des sentiments de ses protégés, et à ses yeux, c'était une preuve d'autant plus grande de l'estime qu'il tenait à Julian ou à Cordelia. Il ne laissait aucun sentiment personnel interférer dans son jugement, il se contentait des faits, et dans les faits, Cordelia Stamm était la sorcière la plus brillante qu'il ait jamais rencontré, et il tenait son travail et ses compétences en grande estime.

Si elle considérait que ce n'était pas suffisant, eh bien soit. Est-ce qu'il pouvait redouter que cela se retourne contre lui ? Si ça devait être le cas, il serait déçu, mais Cordelia aurait fait son choix. Il ne pensait pas avoir un jour manqué de respect à Cordelia et à son travail, et il avait tout fait pour que ses talents soient mis en valeur et pour que sa magie puisse s'épanouir. A ses yeux, rien de tout ceci n'avait donc d'importance, et il osait croire que la très grande maturité de Cordelia suffirait à l'admettre.

-Ou quoi que ce soit d'autre ? répéta-t-il alors. Veux-tu parler de tes expériences et de ton travail ? demanda-t-il tout de même, afin de savoir s'il devait s'intéresser ou non à ses paroles. Si tu penses, Cordelia, que n'accorder de valeur qu'à ton talent, et uniquement à ton talent, est te manquer de respect, alors sache que tu te trompes. Le talent est la seule chose que je respecte. Chez n'importe qui. C'est pour cette raison que je te considère tout particulièrement, et c'est pour cette raison que j'estime que tu es la sorcière la plus douée de ta génération, et que je veux encourager les dons que tu possèdes. Il marqua une pause. Voilà qui ne m'ennuiera jamais.

Mais elle pouvait décider malgré tout ne plus vouloir dépendre de lui, et il reconnaissait qu'il y perdrait, et qu'il redouterait de l'avoir contre lui plutôt qu'avec lui. Il n'en serait pas moins fier de ses accomplissements.

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