L'amitié transcende tous les maux. [pv Léo <3]

C'

était quelque chose qui avait l'air très simple, sur le papier, de se promettre mutuellement de tirer le meilleur parti de leurs situations, d'apprécier leur vie telle qu'elle était, d'en profiter au maximum et de ne pas se faire de soucis, d'autant que tous les deux avaient de très bonnes raisons d'être heureux chacun de leur côté. Mais dans les faits, il était tout de même difficile d'oublier à quel point la vie, à tout instant, pouvait vous jouer de mauvais tours et vous mettre plus bas que terre. Les promesses qu'ils se faisaient devaient avoir l'air anodines, mais ils auraient tout intérêt à les respecter, ne serait-ce que pour eux-mêmes, en réalité, parce que tous les deux avaient vraiment besoin de profiter et d'aller mieux. Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres. A présent que tout s'améliorait pour eux, il n'était pas temps de rebrousser chemin. Le destin, pour ne pas dire la fatalité, se chargerait peut-être bien trop vite, de toute façon, de leur rappeler qu'ils n'avaient pas le droit à tout. De toute façon, ils savaient qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre. Même si leur amitié avait été mise en difficulté à plus d'une reprise, le jeune homme avait vraiment le sentiment que c'était derrière eux, à présent, et il n'avait pas envie de revenir en arrière à ce sujet.

-Parfois moins que plus, répondit Andrew avec un léger sourire.

Il ne disait pas cela pour alourdir l'ambiance, c'était plus... un constat que quoi que ce soit d'autre. Andrew aimerait affirmer qu'ils s'étaient toujours soutenus mutuellement sans avoir jamais flanchés, et c'était faux... et Andrew endossait totalement la responsabilité de cela. Il savait pertinemment qu'il était par trop responsable de cette situation, ou l'avait été du moins, parce qu'il avait été malhonnête. Il avait menti. Et aucune amitié moins solide que la leur n'aurait pu survivre à tous ces mensonges. Il avait vraiment de la chance que le jeune homme soit quelqu'un d'à ce point compréhensif.

-Mais bon, j'ai bien retenu ma leçon, crois-moi, alors que t'en veuilles ou non, t'auras mon soutien dans tous les cas. Même si c'est pour finir ta vie avec Déa, ajouta-t-il en plaisantant. Au fond, il était loin de penser que Déa soit la pire chose qui ait pu arriver à Léo... s'il mettait ses vieilles rancoeurs de côté, il admettrait même que c'était la meilleure. Et il ferait de son mieux pour supporter la sirène, si c'était pour son meilleur ami. Faudra que vous veniez dîner ensemble à la maison, un de ces quatre.

Ce qui était déjà arrivé par le passé, mais pas dans ces circonstances. Il faisait en l'occurrence ce geste envers lui pour lui prouver qu'il était prêt à accepter tout ça.

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C'

était dans des moments comme celui-ci qu'Andrew ne pouvait absolument plus douter du fait que tous les deux, ils étaient devenus des adultes aguerris. Bon, les indices se multipliaient depuis un bon moment, hein, il faut quand même le dire : Andrew s'était installé en couple, sa petite amie était enceinte de lui, il allait devenir père et s'y sentait tout à fait prêt... Clairement, oui, il ne pouvait plus prétendre à une prime et innocente jeunesse... mais même si les signes sont là, clairs et évidents, il n'est jamais simple d'admettre les faits de soi-mêm, quand bien même on peut reconnaître leur valeur objective. Et finalement, c'étaient des éléments bien plus... anodins qui venaient vous convaincre de ce que vous deviez déjà savoir : en l'occurrence, c'était cette conversation, tout simplement.

Andrew et Léo se connaissaient pour ainsi dire depuis toujours, ils étaient amis depuis une éternité, depuis l'enfance, en somme... Alors forcément, planifier un dîner à quatre avec leurs compagnes respectives, qui semblaient être les "bonnes", celles avec qui ils passeraient le reste de leurs vies, ça devait leur donner un coup de vieux. Mais c'était un coup de vieux agréable, simple, plaisant. Ca n'avait rien de déprimant, ni d'une corvée, juste un constat d'autant plus plaisant qu'après de trop nombreux déboires, ils semblaient enfin se trouver sur les bons rails... Et ils étaient heureux. C'était ce qui comptait.

En fait, l'idée de ce dîner à quatre rendrait presque Andrew impatient, ce même si Déa faisait partie de l'équation. La dernière fois, c'était forcément un peu... différent, parce que la situation n'était pas la même et que Léo et Déa ne s'étaient pas encore avoué leurs sentiments respectifs (ce qu'ils n'avaient su faire qu'en décalé pour commencer, c'était bien le problème)... Là, forcément, tout serait plus sûr, plus officiel, plus... léger. Et ils avaient aussi besoin de cela, de purs moments de détentes. Qui dorénavant incluaient qu'ils ne soient pas juste un duo d'amis, mais un véritable quatuor, forcément hors du commun, et qui deviendrait un quintet pour commencer, jusqu'à ce que la vie poursuive encore son cours.

-C'est pour ça qu'il vaut mieux qu'on se charge de planifier ça nous-mêmes, au moins on sera sûrs d'avoir notre mot à dire, plaisanta simplement Andrew, d'un ton qui ne pouvait qu'être léger en de telles circonstances. Il marqua une légère pause. C'est drôle, j'avais toujours pensé que ce genre de choses me barberaient, et maintenant, je l'attendrais presque impatiemment.

Les gens changeaient, les mentalités aussi, et dans le cas d'Andrew, c'était encore plus flagrant. Sans avoir changé du tout au tout, il n'était clairement plus le même qu'à une certaine époque, pourtant pas si lointaine... Et l'air de rien, il ne regrettait clairement pas d'être devenu celui qu'il était aujourd'hui.

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O

ui, c'est clair, ils vieillissaient tous les deux, et sacrément. Mais ce qu'il aurait considéré comme une hantise à une certaine époque n'était plus du tout le cas aujourd'hui. Non, c'était tout l'inverse en réalité. Il avait l'âge qu'il avait, et les ambitions de son âge, et il était en phase avec qui il était, ses choix et ses responsabilités. Il n'échangerait son rôle pour rien au monde, bien au contraire. Il était heureux du chemin qu'il avait suivi. Alors, certes, il aurait préféré que les choses se passent différemment au bout du compte sur certains aspects, mais ici et maintenant, il se sentait tout simplement bien. "Vieux", pour lui, n'était pas du tout une insulte, bien au contraire, même. C'était un accomplissement. Il était prêt, prêt pour tout ce qu'il faisait à présent.

Il était prêt à être père, prêt à vivre toute sa vie avec une femme qui le rendait heureux, prêt à passer tous ses dimanches à organiser des repas avec ses proches. Il s'était choisi une nouvelle famille, et il en était heureux. Et vraiment, il se réjouissait sincèrement à l'idée de passer un dîner en compagnie de Penny, Léo... et contre toute attente, même Déa. Il y avait quelque chose de serein et de rassurant dans le quatuor qu'ils formaient à présent, et elle n'avait vraiment pas envie de se passer de ça, surtout pas. Donc tant pis si la perspective dîners dominicaux leur donnait des allures de grands-pères sur le retour, il assumait complètement, sans aucun doute possible.

-C'est très probable, admit-il simplement, loin de considérer que c'était un problème.

Tout comme il avait le sentiment que ce n'était pas un problème non plus pour Léo. Ils se connaissaient, et il avait le sentiment qu'ils vivaient une période parmi les plus belles de leur vie. Ils avaient tant vécu, tant enduré... de toute évidence, ils le méritaient. Certes, ils en vivraient d'autres, ils en endureraient d'autres, c'était une certitude. Ils verraient bien, effectivement.

-Tu sais, je crois bien que ça ne me déplairait pas.

Il ne cherchait pas les rebondissements, il disait oui à la routine. Il avait envie que tout coule de source, et de ne plus avoir à se poser la moindre question. Il savait pertinemment, bien sûr, que ça ne pouvait pas être aussi simple quoi qu'il en soit, et qu'il fallait bien qu'il l'accepte, mais en attendant, c'était une chose qu'il appréciait d'envisager. Il avait le sentiment qu'au terme de ce qui venait d'être dépassé, tout pouvait l'être dorénavant. Absolument tout.

-J'aime bien être vieux il faut croire, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Pas parce qu'il ne l'aimait pas. Mais parce qu'il n'était pas vieux, en fin de compte. Même s'ils en jouaient.

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A

ndrew afficha un fin sourire en entendant la remarque de son meilleur ami. Ce dernier n’avait pas tort, en effet, Andrew avait toujours eu une sorte de… maturité presque naturelle. Il pourrait peut-être mettre cela sur le compte de sa stricte éducation, de la mort de sa mère, des valeurs qu’on lui avait inculquées dès son plus jeune âge, mais il ne savait pas si ça suffisait à l’expliquer – étant donné que Aaron, de son côté, en dépit de toute l’affection qu’Andrew avait pour lui ne pouvait pas forcément être présenté en exemple de maturité. Le fait est qu’il s’était toujours imposé un certain nombre de responsabilités, et avait voulu être la voix de la raison… il savait d’ailleurs que ça pouvait lui donner un côté moralisateur agaçant, mais ça faisait partie de sa personnalité, et une part de lui avait envie de penser que c’était ce qui ferait de lui un bon père.

Est-ce que ça faisait de lui quelqu’un de sage pour autant ? Sur ce point, il se permettrait d’émettre davantage de réserves, il devait bien le reconnaître. Il avait essayé d’agir en fonction de ses principe, et il en était perclus, mais était-ce sage que de tuer à tour de bras sous prétexte de défendre une cause qu’il avait cru noble ? Etait-ce sage de tourner le dos à sa famille et à cette même cause par amour ? Etait-ce sage que de mentir à son meilleur ami pensant des années au sujet d’une chose pourtant importante, véritablement primordiale ? Le jeune homme, forcément, avec le recul qu’il pouvait se permettre d’avoir aujourd’hui (et cette seule phrase faisait déjà de lui quelqu’un d’infiniment vieux, il s’en rendait bien compte), osait penser que non. Mais s’il n’avait pas été sage jusqu’ici, il cherchait à l’être à présent. Il tenait à donner le meilleur exemple possible à sa fille, il tenait à devenir exemplaire. Il y avait des erreurs sur lesquelles il ne pouvait pas revenir, il avait fait des choix par le passé qui n’étaient plus réparables, mais il sauverait quoi qu’il en soit ce qui pouvait encore l’autre. Il se donnerait le moyen d’y parvenir, pas juste parce qu’il s’agissait de lui, mais pour Penny, et pour leur enfant.

-J’ai quelques doutes sur la question quand même, observa Andrew avec un sourire volontairement sceptique.

Dans le fond, il appréciait d’entendre son meilleur ami lui dire que c’était ainsi qu’il le considérait. Mais ce n’est pas pour autant qu’il le croyait sur parole. Il avait tout de même conscience de son parcours. Il savait ce qu’il en était.

-Mais si ça peut faire de moi un bon père, je ne dis pas non.

Ce qu’il tenait à être. Jamais il ne renierait la manière dont son père s’était occupé de lui et de Aaron, même s’il avait souvent été trop strict. Il comptait bien ne pas être la copie conforme de William Hellsing pour autant, ceci dit, et c’était une de ses considérations principales. Il voulait, comme toujours, être à la hauteur.

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