La fatalité des phases lunaires [pv Gwenn]

Chaque pleine lune était éprouvante, à chaque fois Gwenn devait simplement accepter de se laisser perdre, de laisser place au monstre qui vivait à sa place. Ça n’avait rien d’évident non… mais en même temps, il commençait à y avoir une certaine routine. La pleine lune arrivait et donc… par conséquence, la jeune femme se préparait à se transformer et elle avait ses petits rituels. Elle avait déjà pris quelques habitudes à l’époque où elle devait plus ou moins gérer ça seule, mais c’était forcément plus facile depuis qu’elle était avec Arthur. Au moins, ils partageaient la même peine tous les deux. Arthur savait exactement ce qu’elle vivait parce qu’il vivait exactement la même chose. Ils avaient leurs habitudes donc, même si depuis que Arthur s’était transformé sans raison, ils avaient dû revoir certaine habitude.

Gwenn avait donc géré la « crise » comme d’habitude, prise de cette malheureusement habitude. Elle aurait aimé ne pas avoir à être habituée à ce genre de chose, mais ce n’était pas comme si elle pouvait y faire quoi que ce soit dans tous les cas. La seule chose qu’elle pouvait faire c’était supporter tout ça en serrant des dents (la présence de Arthur dans sa vie l’aidait quand même beaucoup à relativiser sur son sort). La jeune femme avait, comme toujours, laissé des vêtements dans la forêt parce qu’elle prenait toujours la décision de se rendre dans la forêt pendant les pleines lunes. Ainsi, quand elle se réveillait nue, elle avait de quoi se vêtir de nouveau. Elle mit un certain temps à émerger cette fois-ci, alors qu’elle était allongée au pied d’un arbre. Pendant un temps, elle observa le ciel sans bouger, sans rien faire… parce qu’elle sentait malheureusement le goût du sang dans sa bouche. Elle n’aimait jamais ça, parce qu’elle ne savait trop bien ce que ça signifiait. Soit elle avait tué quelqu’un (et c’était le sort le plus honorable qu’elle pouvait offrir), soit elle avait condamné quelqu’un à son sort. Et rien que cette idée lui donnait des hauts le cœur, elle n’aimait pas du tout l’idée d’avoir banni une personne au sort de lycan, même si elle n’y pouvait rien non plus. On l’avait banni avant.

Elle trouva ses vêtements, avant de parcourir un peu la forêt dans le but de retrouver Arthur. Il tentait le plus possible de rester ensemble, de ne pas se séparer, mais à chaque fois qu’ils perdaient conscience tous les deux, ils savaient bien qu’ils pouvaient très bien se séparer. Alors elle le cherchait. Même si dans tous les cas, ils savaient qu’ils allaient se retrouver tous les deux à la maison. Et alors qu’elle marchait, elle entendit une voix féminine. Elle s’approcha vers la voix.

« Vous savez que c’est dangereux dans la forêt ? » Demanda-t-elle, sans la moindre once de menace dans sa voix. La seule chose qu’elle voulait c’était savoir qui était cette femme, parce que si elle se trouvait dans la forêt c’était soit qu’elle était une humaine inconsciente, soit elle était une créature.

La femme sous ses yeux lui apprit qu’elle était au courant que la forêt était dangereuse, mais que du coup elle s’y rendait parce qu’elle aimait ces endroits qui l’apaisaient. Gwenn ne savait pas vraiment quoi penser de sa présence et surtout de ce qu’elle disait. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si elle était humaine. Forcément quand on commençait à comprendre que le monde était peuplé de créature, quand on faisait des rencontres un peu étranges comme celle que faisait la jeune femme, on ne pouvait que se poser des questions. La jeune femme se dit même qu’il était possible qu’elle soit un loup-garou comme elle, mais même si elle avait envie d’en savoir plus, elle ne pouvait pas réellement se permettre de lui poser la question. Parce qu’elle ne pouvait pas lui parler directement des créatures, au cas où justement qu’elle ne soit au courant de rien et qu’elle ne soit qu’une simple humaine.

La jeune femme serra la main de son interlocutrice, ne prenant pas pour autant la peine de s’installer à ses côtés. Ce n’était pas contre elle, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se montrer sur ses gardes, et elle n’avait aucune envie de la mettre en danger non plus.

« Je m’appelle Gwenn. » Dit-elle pour se présenter à son tour, parce qu’elle n’avait aucune raison de cacher son identité à la jeune femme. Et elle allait devoir donc répondre à la question de celle qui s’appelait Ophélie donc, ne sachant pas vraiment comment elle allait tourner sa réponse. Parce qu’elle ne pouvait pas juste dire la vérité, parce qu’elle ne pouvait pas se montrer honnête. En soit, ce n’était pas un souci de mentir à une inconnue, ce n’était pas grave et ça n’aurait pas de conséquence. « Peut-être que je suis quelqu’un de dangereux en fait. » Finit-elle par dire.

Elle ne pouvait pas s’empêcher de mettre en en garde son interlocutrice. Elle se trouvait là, pas loin d’elle, et on ne pouvait pas réellement dire que la lycane était une enfant de cœur quand elle devenait un loup-garou. Ça ne lui plaisait pas, mais ce n’était pas comme si elle y pouvait quelque chose malheureusement.