L'envie de la vie se nourrit de repas entre amis. (Arthur/Perséphone/Owen)

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erséphone aimerait être capable de se réjouir de la soirée qui s'annonçait. Après tout, elle allait être officiellement présentée au meilleur ami de son petit ami, c'était un progrès, et la preuve que leur relation devenait sérieuse, alors même si un peu d'anxiété était forcément de mise, car elle avait envie de plaire à Arthur (et qu'elle partait avec un handicap, étant la cousine de Julian Enjolras), mais elle avait bien du mal à se sentir totalement sereine par rapport à cette situation compte tenu de la quatrième personne qui serait présente au cours de ce dîner. Cette quatrième personne, c'était Gwenn Le Clearc'h.

En soi, Perséphone n'avait rien de particulier contre elle, et pour cause, elles ne se connaissaient pas et s'étaient à peine parlé toutes les deux, mais elle ne pouvait penser à la jeune femme sans penser à la meilleure amie de cette dernière. Jane Hardwick, donc. En bref, elle avait vraiment peur d'être passée sur le grill au cours de cette soirée, que ce soit par Arthur, qui voudrait s'assurer sans doute qu'elle ne cherchait pas à manipuler Owen, ou par Gwenn, qui lui reprocherait peut-être silencieusement d'avoir gâché la vie de sa meilleure amie, comme si elle y était pour quelque chose et comme si c'était réellement elle la méchante de cette histoire.

Dans tous les cas, il n'y avait pas mille manières de voir les choses, il fallait y aller, et ils verraient bien comment les choses se passeraient. Elle, pour sa part, n'avait dans tous les cas pas l'intention de faire d'esclandre, elle voulait montrer sa bonne volonté, et elle allait tout faire pour être appréciée quoi qu'il en soit, dans la mesure où ça pouvait réellement être possible. Quand ils arrivèrent chez Gwenn et Owen, elle serrait peut-être un peu trop fort la main de son petit ami contre la sienne, c'était sa façon de se donner de la forcer, de faire en sorte de ne pas commettre d'impair malheureux. Ce fut Gwenn qui leur ouvrit, et Perséphone lui adressa un sourire certes timide mais sincère. Autant faire comme si de rien n'était. Et puis, à titre personnel, Persy n'avait absolument rien contre son interlocutrice.

-Bonsoir, merci de nous avoir invités. Elle tendit à Gwenn une bouteille qu'elle avait acheté pour l'occasion. Elle s'était dit que ne pas venir les mains vides l'aiderait sans doute à mieux faire accepter sa présence. Elle ne savait pas du tout si ce serait suffisant, mais dans tous les cas, elle faisait tous les efforts possibles. J'ai apporté ça... J'y connais pas grand-chose, j'espère que ce sera bon.

C'était fait sans malveillance, Perséphone ignorait tout des problèmes d'alcoolisme de Gwenn... Dans le cas inverse, elle aurait eu le bon ton de plutôt offrir une bouteille de jus de fruit à son hôtesse.

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rthur n'allait pas mentir, même s'il avait suggéré ce dîner, il n'était pas pour autant très emballé à la perspective des heures qui l'attendaient, même s'il estimait que rencontrer Perséphone était essentiel. Il n'avait pas forcément voulu imposer cela à sa petite amie, d'autant qu'il avait vaguement conscience de la situation de ce qui liait la cousine d'Enjolras à la meilleure amie de Gwenn... ce genre de détails ne le concernaient pas mais n'arrangeaient pas les choses cependant. Ceci dit, il fallait bien qu'ils fassent avec malgré tout. Il était aux yeux du lycan essentiel d'en apprendre davantage au sujet de la jeune femme et de s'assurer de sa sincérité. Il le voyait d'ici, Owen tombait dans le piège de cette sorcière à la solde de Dean qui se serait amusée à jouer les jeunes femmes innocentes (pas si innocentes puisqu'elle était déjà mère, au passage) dans le but de l'amadouer. Restait la possibilité qu'il se trompe complètement aussi, bien sûr, et il l'espérait de tout coeur, mais rien n'était moins sûr néanmoins. Arthur se méfiait de tout ce qui portait le nom d'Enjolras, et il estimait que c'était du pur bon sens que de réagir ainsi.

Dans tous les cas, alors que le jeune couple frappait à leur porte, il prit sur lui de se montrer au moins aimable et accueillant, ceci dit il lorgnerait le moindre fait et geste de son interlocutrice jusqu'à obtenir les réponses qu'il attendait. Bref, Gwenn leur ouvrit, et Perséphone joua la carte de la politesse appuyée. Premier faux pas, elle avait apporté une bouteille de vin. Bon, d'accord, elle ne pouvait pas être au courant des problèmes d'alcool dont souffrait Gwenn, mais il avait de mal à ne pas y voir de l'indélicatesse malgré tout. Ceci dit, ça, c'était parce qu'il était sérieusement sur les nerfs. Il attrappa la bouteille que Gwenn lui tendit et invita tout le monde à prendre place dans la salle à manger.

-Très bien, répondit Arthur, quand Owen leur demanda comment ils allaient, sans avoir grand-chose de plus à dire. Tout n'était pas forcément allé bien dernièrement, mais il ne voulait pas en faire une montagne, même si, sur le moment, cette situation l'avait angoissé. Même si on a rencontré quelques soucis... avec nos pouvoirs. Apparemment, c'est commun à beaucoup d'habitants du village, vous en avez entendu parler ?

Forcément, Arthur avait sa théorie sur la question. Et sa théorie concernait le Sorcier. De toute façon, quand quelque chose allait mal, Arthur en incombait naturellement la paternité à Dean Appers, c'était limite un principe à ce stade, et il n'y dérogeait jamais. Et forcément, c'était pour lui une première façon de sonder Perséphone en fonction du comportement qu'elle adopterait dans une telle situation.

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erséphone souffrait bien souvent du sentiment de ne pas être à sa place, de devoir s'effacer pour ne pas déranger, et cette fois ci ne faisait définitivement pas exception. La jeune femme ne pouvait s'empêcher de songer au fait que si elle n'était pas là, Gwenn, Arthur et Owen passeraient un repas agréable et un très bon moment ensemble. Elle était l'élément perturbateur, et elle détestait ça... tout comme elle détestait ne rien pouvoir y faire... rien du tout. Elle était là, elle ne pouvait pas reculer, et surtout, elle faisait cela pour Owen. Elle savait combien Arthur et la cause qu'ils défendaient ensemble étaient importants pour lui.

Owen était celui qui réussissait à la faire se sentir à sa place, à la faire se sentir réellement importante. Par conséquent, elle se devait de faire cet effort pour lui. Elle avait juste du mal à se débarrasser du sentiment de passer un véritable test. Elle voudrait que toute cette situation soit plus décontractée, mais ce n'était certainement pas elle qui y aiderait, elle était malheureusement beaucoup trop mal à l'aise pour ça, elle aurait voulu être de ces personnes sûres d'elles qui n'avaient aucune difficulté à se fondre en société et à s'imposer, mais ce n'était pas le cas, et toute cette situation était une véritable erreur pour elle.

Arthur leur assura qu'ils allaient très bien, ce sur quoi Gwenn semblait ne rien avoir à redire. Tant mieux, ça voulait au moins dire qu'ils devaient être dans de bonnes dispositions tous les deux, mais elle déchanta bien vite quand le jeune homme évoqua le mal qui s'était répandu sur notre terre et détraquait le pouvoir des créatures. Elle en avait entendu parler, oui, difficile de passer à côté, même si elle-même n'avait pas été touchée - et à vrai dire, elle n'avait entendu parler d'aucun sorcier touché... elle se demandait si cette remarque était un piège ou une façon d'engager la conversation. Car tous autant qu'ils étaient ici, ils devaient penser la même chose : Dean Appers était sans doute derrière tout cela. Mais quand bien même c'était le cas, Perséphone, elle, n'avait rien avoir là-dedans, et elle n'avait aucune envie de s'en défendre.

-J'en ai entendu parler, oui, répondit-elle d'une voix timide, mal à l'aise. Qu'est-ce qui vous est arrivé ?

Elle espérait que sa curiosité ne serait pas prise dans le mauvais sens, comme quelque chose de malsain ou de morbide. Persy était juste quelqu'un d'empathique. Elle voulait s'assurer que le jeune couple allait bien et n'avait pas été trop bouleversé par tout ça. C'est vrai qu'elle ne les connaissait pas, et il était très possible qu'ils ne deviennent jamais les meilleurs amis du monde, mais elle espérait que toute cette situation n'avait pas été trop dramatique.

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e malaise de Perséphone était palpable, mais Arthur ne s’en excuserait pas pour autant. Contrairement à ce que l’on pourrait peut-être s’imaginer au vu de son comportement, il n’avait aucune intention de mettre la jeune femme excessivement mal à l’aise ou encore mettre Owen, par la force des choses, dans l’embarras également, mais ce dîner n’était pas totalement informel, il devait servir à Arthur à s’assurer que la jeune femme était bel et bien de leur côté, qu’ell ne jouait pas un double jeu sordide avec Owen. Et non, ce n’était pas parce qu’elle paraissait tout à fait inoffensive qu’elle l’était bel et bien. Ceci dit, il ne tirait aucune conclusion hâtive de la réponse de la jeune sorcière. Elle avait de bonnes raisons de se sentir embarrassée.

Quand bien même l’on admettrait qu’elle n’était plus dans le camp de Dean Appers, elle avait travaillé en bonne intelligence avec lui, et son cousin tout comme sa marraine continuaient de le faire… cela ne la plaçait pas forcément en position avantageuse. Ceci dit, il devait admettre que quand elle demandait ce qui s’était passé, elle avait l’air de se sentir sincèrement inquiète et concernée. Ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose non plus, au passage, mais il reconnaissait que si elle était actrice, elle était bonne actrice, si elle ne l’était pas, elle était naturellement compatissante, et c’était tout à son honneur.

Ce fut finalement Gwenn qui répondit pour lui, ce qui l’arrangeait, il n’avait pas vraiment envie de revenir sur les événements… mais Gwenn le fit avec tact, ce qui lui ressemblait tant… Il lui adressa un regard en biais, attendri, en résumant les choses de la sorte, elle négligeait de partager l’essentiel, à savoir le fait qu’Arthur avait bien failli la tuer. Il pourrait peut-être se charger de le préciser, mais il n’en voyait pas réellement l’intérêt. Que la vie de Gwenn ait été menacée ou non, ça ne changeait rien au fait qu’il se sentait comme une bombe à retardement, et la prochaine fois, il y aurait peut-être une victime. Si ce n’est plusieurs victimes, même. D’ailleurs, ce dîner pouvait tous les mettre en danger, mais Arthur comptait sur le fait qu’il y ait pas moins de deux sorciers à leur table, qui devraient être à même d’éviter la casse. Seuls les sorciers semblaient capables d’éviter les complications… et de ce qu’il savait jusqu’ici, seuls les sorciers n’avaient pas été touchés par l’affectation de leurs pouvoirs. La conclusion à en tirer était évidente, et Owen fut le premier à la formuler.

Arthur hocha la tête avec gravité. Evidemment, il n’y avait pas à s’interroger cent ans. Un coup comme celui-ci, ça flairait à plein nez, une fois n’est pas coutume, Appers et ses expérimentations horribles. Ce n’était pas la première fois qu’il s’amusait à mener ses expériences à l’échelle de tout le village… Cela lui prenait quelques fois. Il s’ennuyait, il faut croire.

-Le doute n’est pas vraiment permis, confirma Arthur, ne pouvant s’empêcher de jeter un nouveau regard à Perséphone au passage. Vous seriez capable de savoir quelle sorte de magie a été mise en place pour le permettre ?

S’ils parvenaient à identifier la source du mal (la source, pas son commanditaire à l’identité évidente), ils réussiraient peut-être à l’éradiquer… Et ce qu’un sorcier avait fait, seuls des sorciers étaient sans doute capables de le défaire.

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éjà que cette situation plaçait Perséphone dans une situation d'inconfort total, la manière dont les regards convergeaient dans sa direction n'arrangeait absolument rien. La jeune femme aurait envie de se fondre dans le décor, et en même temps, elle pensait avoir une occasion de prouver qu'elle n'était pas du côté de Dean Appers et qu'on pouvait lui faire confiance. Car elle pensait la même chose que ses interlocuteurs. Les événements troublants qui avaient lieu actuellement ne pouvaient être le fait que d'un seul et unique homme, et ils le savaient tous. Et Perséphone était tout aussi décidée qu'eux à arrêter cet homme dangereux. Elle n'avait pas besoin pour cela d'entendre Gwenn affirmer que le village risquait beaucoup avec tout ça. Elle se sentait presque prise pour une idiote, avec ces mots... Mais ce n'était sans doute pas le cas. Elle était surtout susceptible... et à fleur de peau. D'autant plus qu'elle avait le sentiment d'être testée constamment.

Par exemple, pourquoi est-ce que c'était à elle qu'on adressait des regards si appuyés. Quand Arthur avait demandé s'il pouvait être possible de déterminer quel type de magie avait été mis en place, elle s'était dit que la question d'adressait autant à elle qu'à Owen, puisqu'ils étaient des sorciers tous les deux... Mais elle doutait, maintenant, et surtout, elle avait l'impression que c'était d'elle qu'on attendait une réponse... Et parce qu'elle se sentait complètement intimidée par la situation, elle osait à peine ouvrir la bouche. Elle avait l'impression que tout ce qu'elle pourrait dire pourrait être déformé ou encore mal interprété.

-On peut peut-être trouver, oui, répondit Perséphone avec hésitation, en tournant son regard vers son petit ami dans l'espoir d'obtenir son soutien. Elle avait utilisé le pronom "on" à dessein, dans l'espoir de partager un peu l'attention de ses interlocuteurs afin de ne pas devoir l'assumer toute seule, puisque c'était définitivement beaucoup trop pour elle. Mais pour ça il faudrait... des échantillons.

Elle n'osait pas reporter son attention sur Arthur, mais c'était évidemment à lui qu'elle pensait. Puisqu'il avait été victime des dernières machinations d'Appers, il serait sans doute possible d'en découvrir un peu plus au sujet de leur nature en prélevant un échantillon de sang, de cheveu, de peau, un quelque chose qui permettrait d'opérer des observations quelconques... Seulement... elle n'était pas convaincue que le lycan accepte si facilement de céder un morceau de lui. Surtout que la sorcière savait qu'elle était loin encore d'avoir obtenu la confiance de son interlocuteur. Maintenant, si Owen appuyait son propos, la confiance règnerait peut-être davantage. Surtout que si elle devait mener ces expériences, la jeune femme n'avait évidemment pas l'intention de le faire seule. Elle préférait le faire avec son petit ami.

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rthur hocha évidemment la tête aux propos de Gwenn. Il était bien évidemment de son avis, et il estimait par ailleurs qu'aucun d'entre eux ne pouvaient pas l'être dans les circonstances actuelles. Le village risquait effectivement gros avec tout cela. Et pas seulement le village, c'était également le cas de toutes les créatures qui vivaient recluses et qui certes avaient abandonné de longue date la possibilité de se mêler aux humains mais qui dans la foulée prenaient des risques inconsidérés pour les autres, quand ils avaient tout à fait pu ne vouloir se mêler que d'eux-mêmes et rien d'autre, sans nuire à personne. C'étaient toutes les créatures de Notre-Terre qui étaient en danger. Et les humains aussi, en vérité, car si des attaques comme celle dont Arthur avait fait preuve sans être capable de se contrôler avaient lieu en masse, il ne ferait définitivement plus bon vivre en notre terre. Et ce n'était pas réellement comme s'ils avaient aucune autre terre.

Le lycan était donc bien évidemment entièrement d'accord avec Gwenn, et même si l'objectif principal de cette conversation était techniquement d'apprendre à mieux se connaître, sans arrière-pensée, il serait absurde de mettre de côté leurs interrogations. Oui, son regard se tournait avant tout vers Perséphone, il ne le niait pas. Et pour cause, elle avait travaillé avec le sorcier, elle avait observé ses méthodes de très près, il était même possible - qu'en savait-il après tout, qu'elle y ait contribué d'une manière ou d'une autre. N'en déplaise à Owen, pour lui, il agissait d'une bonne manière, et si Perséphone était mal à l'aise, c'était peut-être qu'elle avait des choses à cacher ou à se reprocher. C'est vrai, elle paraissait tout à fait innocente, mais Appers avait eu l'air de l'être aussi quand il était venu frapper à la porte de ses parents. C'était comme ça, Arthur boulait bien faire quelques menus efforts, mais Arthur n'oublierait certainement pas d'où elle venait ni le nom qu'elle portait. C'était tout à fait impossible.

Ce qui semblait possible, en revanche, c'était de mener des expériences dans l'espoir de détruire le mal qui rongeait notre terre, et les menaçait tous. Mais pour cela... il fallait des échantillons. Cette idée ne plaisait pas à Arthur. Il pouvait objectivement admettre que c'était sans doute un passage obligatoire dans ce genre d'expérience, mais il n'aimait pas ça, cela lui rappelait beaucoup trop les méthodes du sorcier des grottes. Mais bien sûr, Owen se rangeait de son côté. Est-ce que ça rassurait Arthur ? En partie seulement. Il n'oubliait ftout de même pas que la jeune femme, toute innocente semblait-elle être, le manipulait peut-être.

-D'accord, mais seulement si tu assistes à toutes les expériences, dit-il en s'adressant à Owen, cette fois. Vous auriez besoin de quoi ?

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eureusement qu'Owen était auprès d'elle pour la soutenir et l'aider à passer cette épreuve (bon, en même temps, elle n'aurait aucune raison d'être là si Owen n'était pas là auprès d'elle), car sans cela, elle aurait le sentiment qu'elle se serait fait manger toute crue (sans mauvais jeu de mot). Certes, ni Arthur ni Gwenn ne lui avaient directement sauté à la gorge, mais l'hostilité et la non-confiance étaient très clairement au rendez-vous, et c'était un climat qu'il était difficile pour elle de supporter, même si elle comprenait bien qu'il fallait vraiment qu'elle prenne sur elle et qu'elle fasse ses preuves. Elle le devait à son petit ami, mais au fond, elle le devait tout autant à elle-même.

En attendant, elle tenait vraiment à aider, et pour cela, il n'y avait pas mille manières de faire, ils avaient besoin d'échantillons... même, ils auraient besoin d'un cobaye, en vérité, mais bien sûr, la jeune femme s'abstiendrait de faire cette proposition à Arthur. Là, ils auraient de bonnes raisons de ne pas lui faire confiance... Là, cette proposition ne les engageait à rien. Certes, Perséphone savait qu'on pouvait nuire avec une personne avec juste des échantillons de peau ou de sang... Mais elle n'avait pas ce genre d'intentions, et n'avait de toute façon pas le niveau pour créer des malédictions. Et elle aimerait qu'ils soient capables de voir sa vraie nature, et par conséquent de comprendre cette situation.

-L'idéal serait des cheveux, des échantillons de peau... Le sang est souvent le moyen le plus sûr d'observer une contamination et une pathologie...

Elle savait que demander son sang à Arthur avait moins de chances de passer, surtout si Gwenn s'y opposait en comparaison. Au passage, cette façon de s'inquiéter de l'usage de simples échantillons, comme si Perséphone venait de lui suggérer de l'ouvrir en long de la tête jusqu'aux jambes pour savoir comment il était fait à l'intérieur l'agaçait purement. Persy ne savait vraiment pas ce que Jane avait pu dire à sa meilleure amie la concernant, mais il fallait vraiment qu'elle ait médit comme c'est pas permis pour que la jeune femme ose ne serait-ce que la considérer comme une menace. Rien de surprenant de la part de Jane, ceci dit, c'était admis que cette fille était une horreur ambulante.

-C'est la meilleure solution. Pour soigner le mal, il faut déjà réussir à l'identifier, et on aura du mal à l'identifier à partir de rien, répondit Perséphone, sur la défensive.
-Ne t'en fais pas, reprit Arthur en serrant la main de sa compagne dans la sienne. J'accepte, ajouta-t-il en se tournant vers Owen... Mais je refuse que Perséphone ait le moindre accès à mon sang si tu n'es pas dans les parages.

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rthur était loin, bien loin de vouloir donner sa confiance à Perséphone. Elle accumulait toutes les tares possibles pour ne pas avoir son approbation : elle portait le nom d'Enjolras, elle fréquentait les sorciers des grottes, elle était une sorcière elle-même... Elle pouvait sembler aussi douce et réservée qu'elle le voulait, on n'ôterait pas de la tête du lycan qu'il fallait naturellement se défier d'elle. La seule chose qu'elle avait pour elle, c'était d'être avec Owen, et même s'il voulait se fier au jugement de ce dernier, il n'oubliait pas qu'il avait tout à fait pu se laisser berner, et qu'il ne fallait vraiment pas aller trop vite en besogne de ce point de vue... Dans tous les cas, cette soirée même avait été organisée dans le but de faire des concessions, pour cette raison, Arthur consentait à mettre de l'eau dans son vin, et il espérait qu'Owen avait conscience de l'effort qu'il faisait en consentant à subir les expériences de Perséphone... sous sa vigilance, il n'était pas complètement fou, mais tout de même. De sa part, ce n'était pas rien, ce n'était pas rien du tout, même.

S'il entrevoyait d'autres solutions, il se précipiterait dessus, mais il fallait aussi qu'il admette que c'était peut-être ce qu'ils avaient de mieux en réserve à l'heure actuelle. Il se passait quelque chose de véritablement alarmant, et il fallait impérativement qu'ils y remédient. Entre remettre sa santé entre les mains de la petite amie d'Owen et la perspective de faire peut-être à nouveau du mal à Gwenn, son choix était vite fait. Quoi qu'il en soit, c'était toujours la santé et la sécurité de Gwenn qu'il ferait passer en priorité, ce qui était après tout très normal, n'est-ce pas ? Owen lui donnait sa parole, Arthur hocha la tête. La parole de son ami comptait pour Arthur, bien assez pour qu'il consente à s'en contenter. Il n'était pas très serein à la perspective de ce qu'ils se promettaient, mais il admettait tout de même qu'il valait mieux cela qu'autre chose, vraiment.

-Oui, changeons de sujet, je pense que nous en avons suffisamment dit sur la question, confirma Arthur.

Il était temps pour eux de passer une soirée plus simple, agréable et confortable. Les sujets les plus dramatiques se devaient d'être abordés, ils ne pouvaient pas se permettre de les passer sous silence, mais c'était chose faite, il était inutile d'en rajouter davantage. Encore qu'il était difficile pour Arthur de ne pas revenir à la charge auprès de Perséphone.

-Tout se passe bien avec ton fils ? Samuel, c'est ça ?

Perséphone ne répondit pas tout de suite, elle tourna vers Owen avant de hocher la tête, un peu embarrassée.

-Oui. C'est... un petit ange.

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erséphone se sentait sur la sélette, elle avait le sentiment que quoi qu'elle puisse dire ou faire, elle serait forcément regardée d'une certaine manière, et elle n'était pas totalement certaine de savoir soutenir ce regard-là. Elle avait envie de faire les choses bien, elle avait envie de plaire, vraiment, mais elle avait le sentiment que ses possibilités étaient particulièrement limitées par les circonstances. Elle comprenait qu'il y avait des sujets qu'il était préférable de ne surtout pas aborder, le souci, c'est quelle commençait doucement à se demander s'il y aurait ne serait-ce qu'un seul sujet qu'il serait possible d'aborder sans que cela pose un souci quelconque, et oui, elle en doutait un peu, il faut le dire. Elle partiat peut-être défaitiste, mais cette situation était si compliquée.

-On peut dire ça, oui, tenta doucement Perséphone en forçant un sourire à s'accrocher à ses lèvres quand Gwenn remarqua que si Samuel était un petit ange, c'est qu'il devait tenir beaucoup d'elle : elle était de cet avis effectivement. Ce n'était pas difficile, en même temps, que d'avoir un tempérament plus angélique qu'Edward - ou moins angélique que le sien.

Et tant mieux, d'ailleurs, que Samuel ne soit pas un petit diable, ça arrangeait quand même largement les choses, car déjà qu'il n'était pas simple de devenir mère à son âge, autant ne pas en rajouter une couche non plus, tant qu'à faire. Elle adressa un regard à Gwenn, elle ne savait pas trop si elle avait juste voulu se montrer aimable ou s'il s'agissait d'une pique détournée, mais elle décida de ne pas trop y réfléchir en fin de compte : elle supposait que c'était mieux ainsi.

-Non, ça va, on a trouvé notre rythme : on se répartit équitablement les temps de garde, on s'arrange s'il y a besoin... là-dessus, je peux dire qu'on a réussi à s'entendre - curieusement.

Car on ne pouvait pas dire qu'elle et Edward s'entendaient encore sur quoi que ce soit d'autre à ce stade... Mais au moins, Samuel était entre de bonnes mains : ils savaient faire la part des choses, au final. Ils ne s'aimaient définitivement plus, mais ils aimaient leur fils, et ça faisait une différence tout de même assez remarquable.

-Vous envisagez d'avoir des enfants, v... ?

Perséphone s'interrompit dans sa question en comprenant qu'elle venait de dire une vraie connerie, et sans y avoir pensé pour commencer. Elle baissa les yeux. Vraiment, elle n'en manquait pas une ! Elle avait envie de se gifler mentalement pour sa grande maladresse. Vraiment, elle n'était pas fière d'elle ! Certes, elle n'avait pas fait exprès, mais elle n'avait définitivement pas de quoi être fière. Elle avait envie de disparaître six pieds soujs terre, là, tout de suite.

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