Tout conseil serait le bienvenu [pv Jonathan]

L

a première chose que Jane avait faite après sa décision de faire une pause avec Edward avait bien évidemment été d'aller voir sa meilleure amie, et pour cause, si quelqu'un était capable de comprendre ce qu'elle traversait, ou au moins de l'écouter sans la juger, c'était bien Gwenn... Qui devait vraiment être un exemple de patience, tant elle en subissait, des histoires de haut et de bas, à force d'être le témoin privilégié de son histoire avec Edward qui n'était presque jamais, il fallait bien le reconnaître au bout d'un moment, au beau fixe.

Très clairement, se confier à sa meilleure amie sur sa situation lui avait fait bien, cela avait été comme se retire une gigantesque épine du pied, comme s'ôter un poids qui pesait trop lourdement sur son coeur, mais malgré tout, c'était loin de tout résoudre et de soulager entièrement sa conscience. C'était que, en confessant ses problèmes à Gwenn (ce qui devenait une habitude), elle s'était bien rendue compte qu'elle ne pouvait pas tout expliquer. Gwenn avait beau faire tous les efforts du monde pour comprendre, il y avait une limite, tout comme lorsque la jeune femme lui parlait du fait d'être un loup-garou... Comment permettre à l'autre de comprendre une chose à ce point forte, qu'elle-même peinait à véritablement comprendre la majeure partie du temps ? Pour vraiment comprendre ce qu'elle traversait, pour se faire l'ombre d'une idée de ce qui lui traversait l'esprit, il fallait pouvoir vivre ce qu'elle vivait, ou au moins en partie. Bref, il fallait être un myrihande... Et c'était bien pour cette raison qu'elle s'était instinctivement tournée vers Jonathan... Bien sûr, elle aurait pu se tourner directement vers Iris, mais quand elle se trouvait en présence de cette dernière, Jane se sentait parfois un rien... méprisée. Ce qui n'était peut-être qu'une impression, mais elle avait dans tous les cas toujours eu plus de facilités à se confier à Jonathan.

Elle ne savait pas réellement ce qu'elle allait dire ni comment elle allait le dire, mais elle aurait tout le temps d'y réfléchir plus tard. En attendant, elle frappait à présent à sa porte, et espérait qu'il soit présent. Une chance pour elle, c'était bel et bien le cas.

-Salut Jonathan, désolée de te déranger. Je peux rentrer quelques minutes ?

code by Mandy

J

ane tout en affichant un fin sourire de remerciements, entra donc chez Jonathan. Elle savait que ce dernier avait peut-être mieux à faire que d'entendre ses histoires, mais elle avait aussi envie de penser que le myrihande du feu était un homme entier, suffisamment droit dans ses bottes et sincère pour dire les choses comme il le pensait : en bref, si elle l'avait vraiment emmerdé, si il n'avait pas eu le temps de l'écouter ou s'il avait eu mieux à faire, il le lui aurait dit directement sans passer par quatre chemins et l'auraient laissée à la porte. Il ne le faisait pas, et elle se disait donc qu'elle ne devait pas avoir trop de scrupules à le déranger... Et comme elle avait vraiment, vraiment (vraiment) besoin de parler, de dire ce qu'elle avait sur le coeur et sur la conscience, ça l'arrangeait très largement.

Sans attendre qu'on l'y invite, un peu sans-gêne il est vrai, elle se dirigea dans le salon et s'installa dans le fauteuil le plus proche. N'en déplaise à son interlocuteur, qui apprécierait sans doute qu'elle change de disque, ça avait de bonnes chances de durer longtemps, cette affaire, donc autant qu'ils soient installés confortablement tous les deux, ou au moins elle, lui il faisait évidemment ce qu'il voulait. Elle afficha un nouveau sourire en coin quand Jonathan suggéra qu'elle voulait lui parler d'Edward. En même temps, de qui d'autre.

Ce qui rassemblait les Baker et les Caldwell, c'était leur statut de myrihandes, qui leur permettait de se comprendre mieux que quiconque ne le pourrait, alors quand ils avaient des choses importantes à se dire (mais on ne va pas se le cacher, c'était plus les Baker qui avaient des choses à dire en temps normal), le choix de l'interlocuteur était vite trouvé.

-Comment t'as deviné ? plaisanta Jane alors, d'un ton qu'elle voulait détendu. Sauf qu'elle ne l'était pas vraiment.

Si elle venait voir son interlocuteur, ce n'était pas juste pour le plaisir de se plaindre... C'était peut-être l'impression qu'elle donnait vu de l'extérieur, ça elle n'en savait rien, mais le fait est qu'elle n'était vraiment pas... bien. Que rien n'allait... Elle poussa un léger soupir avant de reprendre la parole.

-On a décidé de faire une pause.

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J

ane ne put que sourire sans prendre ombrage des propos de son interlocuteur quand il présenta avec humour la situation pour ce qu’elle était. La vie de Jane et Edward, c’était effectivement un putain de bouquin, avec sûrement trop de rebondissements pour être encore réaliste. Quand on faisait partie de l’entourage des myrihandes du feu, il fallait avoir le cœur bien accroché pour ne pas juste décider de s’en foutre et ne pas lâcher l’affaire pour de bon. Jane le voyait avec Gwenn. Elle était son amie qu’elle voyait le plus souvent, et pourtant, d’une fois sur l’autre, elle ne tenait jamais le même discours : la veille, elle pouvait débarquer chez elle, la bouche en cœur et le sourire jusqu’aux oreilles lui affirmer qu’elle n’avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie, et le lendemain, elle userait jusqu’à la corde toutes les injures de son vocabulaire pour soutenir à quel point son âme sœur lui sortait par les trous de nez.

Elle avait de la chance, elle le savait, que Jonathan ne se soit pas encore lassé de toutes leurs histoires et accepte encore de l’écouter. Parce qu’elle avait vraiment besoin de son oreille attentive et de ses conseils. C’était quand même dingue qu’Iris et lui, avec leurs histoires de fou, forment un couple bien plus équilibré que les Baker, et pourtant… Si on lui avait foutu des énergumènes comme elle et Edward sous le nez, Jane aurait jeté l’éponge depuis longtemps, elle. Alors ouais, toute susceptible qu’elle était, elle acceptait que l’on moque gentiment ce bordel où Edward et elle savaient si bien se mettre tout seuls. Même si bon, parfois, on les aidait un peu quand même… mais ils l’avaient toujours plus ou moins cherché, il faut quand même le reconnaître, de près ou de loin. Bref, puisqu’il demandait à en savoir plus, elle s’en serait douté, elle n’allait pas y passer par quatre chemins (ce n’était de toute façon pas son genre) et lui épargner les détails assommants (et c’était pas ce qui manquait) qui pourraient lui prendre des heures à raconter.

-Disons que j’encaisse pas si bien que ça le fait qu’il ait fait un gosse à une autre fille dans mon dos, soupira-t-elle. Bon, cette histoire n’était pas nouvelle, le problème, c’est qu’elle n’évoluait pas réellement comme il le faudrait. Je prends vraiment sur moi, mais… J’y arrive pas. Et maintenant, on a perdu une partie de nos pouvoirs et c’est encore pire.

Voilà la situation brièvement résumée…

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J

ane afficha un sourire un peu amer quand Jonathan observa que cette situation ne devait pas être facile à vivre pour elle. Elle estimait que formuler les choses de cette manière relevait de l'euphémisme le plus certain. Il avait raison, en effet, cette situation n'était absolument pas facile à vivre, elle était même impossible. Pourtant, elle n'avait eu de cesse que de se convaincre que tout allait mieux, qu'elle était suffisamment forte pour encaisser tout ça et que c'était la dernière épreuve qu'il leur restait à affronter avant d'être enfin heureux, sans plus aucune ombre au tableau.

Mais quelque chose n'allait pas, quelque chose bloquait, quelque chose qui faisait qu'ils se prenaient la tête encore plus qu'ils ne le faisaient déjà en temps normal. Elle avait envie qu'une solution lui tombe tout de suite entre les mains, et bien évidemment, cette situation n'advenait jamais. La solution était sans doute d'admettre qu'il n'y avait pas de solutions, en réalité, alors quoi qu'il en soit, il fallait faire avec. Ceci dit, elle avait envie de croire que Jonathan serait capable, lui, d'entrevoir une piste qu'elle aurait négligée. Au moins, il semblait vouloir aborder le problème de front, et l'air de rien, c'était pile ce dont Jane avait le plus grand besoin à l'heure actuelle.

Il lui posait une question assez évidente, plus qu'évidente, même, et pourtant, Jane réalisait qu'elle n'avait pas fait l'effort de ne serait-ce qu'essayer d'y répondre. Peut-être parce qu'elle fuyait la réalité, parce qu'elle avait peur de la réponse qui pourrait lui être donnée. Mais il fallait bien qu'elle tente, quoi qu'il en soit, de tirer au clair ses sentiments, de mettre à jour son appréhension de la situation. Que ça lui plaise ou pas, c'était ainsi, elle n'avait juste pas le choix.

-Ce qui me fait le plus mal, répéta-t-elle, légèrement désarçonnée, plus pour se laisser le temps d'y réfléchir qu'autre chose. ... c'est que ça m'a fait perdre toute l'avance que j'avais sur cette fille, je crois. Je veux dire... Je sais bien que ce qu'on a, c'est unique, et tout mais... enfin, je me disais que j'étais quand même la seule qui pourrait jamais lui donner ça, une famille, je veux dire. Pourtant j'en veux même pas, des mômes. Mais au final, j'en aurais jamais... En fait, je me déteste plus qu'Edward, ou que ce fichu gosse.

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J

onathan lui assura qu'il la comprenait, et Jane était convaincue de pouvoir le croire sur parole quand il prononçait ces mots. Ce n'était pas pour rien si c'était souvent vers lui qu'elle se tournait quand elle avait besoin de se confier. Cela allait au-delà du sentiment d'amitié qu'elle avait pour lui, cela venait surtout du fait que bien souvent, il réussissait à se mettre à sa place mieux que personne d'autre, et quand elle se trouvait dans une situation inextricable comme celle-ci, elle pouvait se confier, et lui ne ferait pas seulement semblant de se mettre à sa place, il en était effectivement capable.

Alors, évidemment, ce n'était pas ce qui rendait ses problèmes tout à coup moins lourds ou plus gérables, mais au moins, elle avait le sentiment de ne pas parler chinois quand elle parlait de ce qu'elle éprouvait... ce sur quoi elle avait tant de mal à mettre des mots, au passage. C'était un tel chaos dans sa tête et dans sa vie, en ce moment que même pour une fille aussi bordélique, c'était tout de même très difficile de s'y retrouver.

Jonathan pouvait la comprendre à plus d'un titre, oui, et pas seulement parce qu'il était un myrihande, mais aussi parce qu'il savait ce que cela faisait de voir son âme soeur dans les bras d'un autre, il l'avait vécu. Et parfois, Jane se disait qu'elle aurait voulu s'autoriser une solution aussi radicale que les Caldwell. Elle n'aurait eu aucun scrupule à voir Perséphone mourir... l'ennui c'est qu'Edward, de son côté, aurait eu bel et bien des scrupules.

Au moins, il lui confirmait que son attitude n'était pas complètement folle et illogique, et qu'elle était même toute naturelle. C'étaient des mots qu'elle appréciait d'entendre. Même si ça ne l'aidait pas totalement non plus. Parce que quoi qu'il en soit, même si son comportement était normal (contrairement à la situation qui elle ne l'était absolument pas), l'admettre ne l'aidait pas davantage. Elle n'avait pas envie d'être malheureuse ou amère, elle avait envie de ne plus en vouloir à Edward, elle avait envie de ne plus éprouver une culpabilité qui était en vérité celle de son âme soeur.

-Peut-être... En attendant, je sais plus quoi faire. Je suis pas bien... Et plus je suis mal, plus Ed va mal, plus je vais mal... bref, c'est sans fin...

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B

on, la réponse de Jonathan avait le mérite d'être... honnête, on va dire. Forcément, au moment d'entendre son interlocuteur lui assurer que son âme soeur était un abruti, Jane n'avait qu'une envie, et c'était de prendre la défense de l'abruti en question, mais au fond... Outre le fait qu'elle savait bien que ce n'était pas l'amour fou entre Edward et Jonathan, eh bien... il n'avait pas tort. Et elle avait suffisamment couvert Edward d'insulte pour savoir très exactement quel genre de personne il était.

Et en même temps, elle aussi pouvait être une vraie garce quand elle s'y mettait. Ils avaient des caractères de merde, ils le savaient, et ils se le reprochaient quand ils en avaient l'occasion... mais c'était aussi ce qu'ils aimaient l'un chez l'autre, parce qu'en plus du reste, ils étaient vraiment beaucoup trop tordus tous les deux.

Finalement, Jonathan ne faisait qu'énoncer la réalité telle qu'elle était, et telle que Jane avait certainement besoin de l'entendre, même si elle n'aimait absolument pas cela, bien au contraire. Jane et Edward avaient souvent du mal à vivre l'un avec l'autre, mais ils ne pouvaient effectivement pas vivre l'un sans l'autre, également.

-Ouais... J'ai suffisamment essayé pour le savoir.

Donc c'était tout ? Il fallait juste qu'elle accepte de faire avec et rien d'autre ? Sûrement, oui, mais Jane ne pouvait s'empêcher d'en vouloir plus que ce qui lui était accordé... Elle ne voulait pas de tout ce chaos, de tous ces problèmes à répétition. Plus aujourd'hui en tout cas, elle avait envie d'une vie simple, apaisée. Alors, est-ce que ça voulait dire que sa vie ne serait jamais comme elle le voulait, parce qu'il fallait que sa vie dépende pour toujours de quelqu'un d'autre ? Oui. Elle ne pouvait pas vivre avec Edward, elle ne pouvait pas vivre sans lui. Génial.

-Ca se passe comment avec Iris, toi ?

Honnêtement, elle préférait largement ne plus en parler aussi longuement si la conclusion à tout cela devait être à ce point déprimante. Même, il en était tout simplement hors de question. Et puis, Jonathan avait ses propres problèmes à gérer de son côté, il était normal aussi qu'elle s'y intéresse, que ce soit un peu donnant-donnant, cette affaire. Même si rien n'était moins sûr.

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J

ane pourrait s'épancher encore et encore sur sa relation avec Edward, mais au bout du compte, à quoi bon, Jonathan savait déjà tout, et même s'il y avait toujours de nouveaux rebondissements à ajouter à leur histoire, le constat restait le même : Edward et elle s'adoraient à la folie, ils étaient des âmes soeurs et ça ne faisait pas le moindre doute, mais ils ne semblaient bon qu'à se déchirer. La jeune femme ne demandait qu'à donner tort à ce constat dans l'avenir, mais en attendant, eh bien... elle préférait largement s'intéresser, tant qu'à faire, à Jonathan.

Car l'air de rien, et même si elle ne le montrait pas forcément toujours, elle s'intéressait à la vie de son interlocuteur, à la façon dont lui-même gérait sa propre situation. Elle pouvait se montrer sacrément égoïste, en de nombreuses occasions, mais il y avait quelques exception, et Jonathan, parce qu'il était entièrement capable de la comprendre, et parce qu'elle se souciait sincèrement de lui, avait de longue date mérité ce titre.

Elle l'écouta donc avec la plus grande attention tandis qu'il lui parlait de la situation avec Iris. Certes, le couple s'entendait parfaitement bien, mais ce n'est pas pour autant qu'ils n'avaient pas leurs propres difficultés, bien au contraire. Ils traversaient leurs propres tempêtes, faisaient face à leurs propres difficultés, leurs propres dilemmes... Surtout, ils devaient vivre cachés. Et ça... Elle s'imaginait à leur place, et elle n'avait pas besoin de beaucoup d'imagination pour comprendre à quel point ce serait difficile pour elle.

-Ca commence à faire un moment, observa la jeune femme, bien consciente du fait qu'elle n'apprenait rien à son interlocuteur et que ce dernier était bien placé pour le savoir. Si quelqu'un devait trouver le temps long, c'était bien son interlocuteur. Pourquoi bous continuez à le garder pour vous ? Je pense qu'à ce stade, que vous attendez plus ou moins longtemps ne va pas changer grand-chose.

Bien sûr, il y en aurait toujours pour jaser, mais ceux qui jasaient aujourd'hui jaseraient encore demain dans tous les cas. Elle était au final assez impatiente pour eux, qu'ils dépassent cette étape, parce qu'ils avaient bien mérité de vivre leur histoire au grand jour, sans être emmerdés davantage. Ils avaient fait ce qu'il fallait comme il le fallait, la rigide Iris avait dû y veiller. Alors ça suffisait comme ça.

code by Mandy

J

ane s'en voulait un peu d'avoir mis les pieds dans le plat en entendant la réponse de son interlocuteur. Elle n'avait pas voulu le vexer ou quoi que ce soit, mais à vrai dire, à force de se prendre des remarques déplaisantes à tout bout de champ sur son couple, elle ne trouvait pas déplaisant de pointer du doigt le fait que le couple Caldwell n'était pas exactement un exemple non plus. Ils vivaient tout de même cachés du reste du village quand les myrihandes du feu avaient au moins réussi l'exploit de s'afficher à la face du monde. Certes, leurs situations étaient très différentes, mais c'était... sa petite revanche, disons, toute infime puisse-t-elle être.

Dans tous les cas, elle retenait une chose des propos de son interlocuteur, et c'était qu'il n'était pas du tout en phase avec les décisions de son âme soeur. Au fond, il ne répondait même pas à sa question, il se contentait de lui confirmer qu'Iris préférait attendre, pas pourquoi elle s'obstinait à retarder l'échéance. Bon, ses raisons étaient tout de même évidentes, au-delà d'évidentes, même. Mais au bout d'un moment, il fallait prendre le taureau par les cornes et assumer ses responsabilités. Iris Caldwell était toujours en train de se poser en femme sûre d'elle que rien ne pouvait atteindre, mais la jeune femme avait tout de même l'impression que ses décisions entraient parfois en contradiction avec la fermé de ses résolutions. Alors oui, il n'était pas question de forcer qui que ce soit à quoi que ce soit, Jane était juste curieuse et avait visiblement eu tort de l'être. Mais si elle avait éventuellement agacé Jonathan, après tout, lui-même n'avait pas forcément été tendre avec elle.

-Oui oui, je comprends bien, répondit-elle simplement. Détends-toi, c'était une simple question. Et si ça t'emmerde autant qu'elle persiste à vouloir garder le secret, sans commencer à le crier sous tous les toits, impose-toi un peu et fais-la changer d'avis.

D'accord, elle donnait des conseils qu'elle serait peut-être avisée d'appliquer pour elle-même. Mais en même temps, elle le pensait, Jonathan était totalement capable de prendre les rênes et d'imposer ses envies, quitte à déplaire. De toute manière, le couperet devrait bien tomber à un moment ou à un autre.

code by Mandy

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ane voulait bien reconnaître qu'elle avait été de mauvaise foi (en même temps, c'était plus ou moins sa spécialité, en vérité), et qu'elle n'avait pas été franchement très juste avec son interlocuteur dans ses réflexions... Mais il était usant d'entendre son interlocuteur démonter son couple comme si le sien à lui était un exemple. Certes, Jane préférait que Jonathan se montre honnête envers elle plutôt que de prétendre des choses qu'il ne penserait pas, et elle ne s'illusionnait pas concernant sa situation, elle voyait bien qu'elle était merdique, mais elle avait sa fierté, et la savoir ainsi mise à rude épreuve, ça lui tapait singulièrement sur le système... et sa réaction s'en était fait sentir.

Non, elle ne pensait pas que Jonathan soit dominé, elle estimait simplement qu'il avait parfaitement le pouvoir de faire évoluer sa situation si celle-ci lui pesait... et aussi, elle avait simplement voulu pointer le fait que les Caldwell n'étaient pas le couple idéal non plus. Ils se cachaient, Jonathan avait tué son propre frère, de toute évidence, ils ne seraient pas nommé couple de l'année de sitôt non plus... Enfin... Elle devrait sans doute descendre de quelques étages. Elle n'était pas venu trouver Jonathan pour se prendre la tête avec lui. Non, en vérité, elle avait espéré décompresser et passer un bon moment. Pas sûr qu'elle ait réussi son coup... Enfin, il ne tenait qu'à elle de changer son fusil d'épaule et de calmer le jeu. Dans la mesure de ses possibilités.

-Je t'ai jamais conseillé de jouer les dominants, hein, répondit Jane, tout de même renfrognée, et pour cause, c'était difficile de faire autrement. Quand on était orgueilleux comme elle l'était, il était difficile de passer outre les réflexions de son interlocuteur. Et évidemment, il devait le savoir, il ne les lui adressait pas pour rien, mais parce qu'il savait pertinemment que ça la ferait réagir, justement. Si tu pouvais arrêter d'être un connard et d'estimer que ta vie vaut mieux que la mienne constamment, ça me ferait des vacances, par contre.

Quoi... elle avait décidé d'arrondir les angles ? Bon, okay, ça ne se voyait pas franchement. Même, ça ne se voyait pas du tout, en vérité. Il fallait juste qu'elle redescende un peu. Comme plein de choses que Jane avait tendance à faire de travers, elle avait pour habitude de parler avant de réfléchir... et de réfléchir longtemps, très longtemps après.

code by Mandy

B

on, bon, d'accord, Jane s'était peut-être un chouias (beaucoup) emportée. C'était sa marque de fabrique, elle parlait avant de réfléchir, elle était impulsive, et au lieu de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler comme n'importe qui d'un tant soit peu sensé, elle préférait dire tout haut ce qui lui passait par la tête. Et ça ne valait pas toujours le déplacement... surtout dans les moments où elle était énervée ou vexée... Et il ne lui en fallait pas forcément beaucoup pour ça. Sa fierté mal placée et sa susceptibilité qui avait tendance à se manifester avec encore plus de vigueur quand elle se savait en faute (ce qui était courant) faisaient le boulot pour elle. Ce n'était pas pour rien si ses amis se comptaient sur les doigts d'une seule main. Elle était capable d'envoyer balader les personnes qui lui voulaient le plus de bien... surtout ces personnes-là, d'ailleurs.

Non, évidemment, Jane ne considérait pas que Jonathan était un connard. En fait, c'était même l'inverse, et c'était justement parce qu'il faisait partie de ces personnes qu'elle admirait vraiment beaucoup que s'entendre être considérée avec ce qu'elle ne savait s'empêcher de prendre pour de la condescendance passait d'autant plus mal. Forcément, Jonathan avait le mérite d'être sincère et de ne pas l'encourager dans ses conneries, mais par moments, elle se demandait si, à l'instar d'Iris, il ne se contentait pas de la garder dans son sillage pour simplement avoir une place au premier rang quand il s'agirait d'assister à la prochaine inévitable catastrophe dont les myrihandes du feu seraient les acteurs. Pour leur défense, il arrivait quand mêmeassez souvent que des événements indépendants de leurs volontés sapent leurs initiatives... mais il arrivait également qu'ils se sabordent eux-mêmes, et ils étaient doués pour ça.

Jane, par pure fierté (bon sang, cette fichue fierté), fut tentée de prendre bel et bien la porte. Elle préférait bien souvent fuir magistralement une conversation plutôt que d'admettre ses torts. Mais en l'occurrence, elle savait qu'elle le regretterait à peine la porte franchie. Alors autant griller cette étape stupide et s'écraser.

-Bon, OK... Désolée, je le pensais pas, soupira-t-elle de mauvaise grâce. C'est moi qui suis conne. T'as pas à te croire meilleur que nous. T'es meilleur que nous. C'est juste que... ben j'ai l'impression d'être une pauvre débile à côté de toi.

Et c'était pas forcément le sentiment le plus agréabie du monde. Si elle tenait à ce point aux conseils de Joachin, ce n'était pas pour venir l'emmerder, c'était juste parce qu'elle était heureuse d'avoir trouvé quelqu'un capable de comprendre leur situation, ou du moins la situation d'un myrihande. Mais elle se sentait très vite réduite au statut de... ratée. Peut-être parce qu'elle l'était. Objectivement, oui, Iris et Jonathan s'en sortaient mieux que Jane et Edward. Mais ce n'est pas pour autant que ça ne finirait pas par changer, si ?

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J

ane esquissa un fin sourire sceptique quand Jonathan lui assura qu'elle n'était pas débile, puisqu'il ne perdrait pas son temps avec elle si c'était le cas. Ouais... Elle voulait bien le croire, mais elle se doutait quand même que, en certaines occasions, il devait la trouver sacrément stupide. Et il n'était pas le seul. Jane avait une grande gueule et donnait souvent l'impression de se foutre de tout, à force d'envoyer chier tout le monde, mais la vérité, c'est qu'elle n'avait pas du tout confiance en elle. Ce qui passait pour une excessive confiance en elle dissimulait en fait tout l'inverse.

La myrihande du feu était mal dans sa peau, et bien souvent, elle se trouvait stupide. Ce n'était pas pour rien qu'elle n'aimait pas les remarques qui lui étaient faites, qu'elle avait du mal à accepter la critique. C'était quelque chose qui allait au-delà de sa fierté mal placée au bout du compte, elle n'aimait pas qu'on mette en lumière ses défauts les plus évidents, parce qu'elle les connaissait pertinemment. Et elle avait parfois le sentiment que plus elle cherchait à les corriger, à les cacher, plus ils se faisaient jour.

En tout cas, là où elle ne pouvait pas contredire son interlocuteur, c'était quand il observait qu'il était plus âgé, et clairement plus mature qu'elle. Ce n'était pas difficile, en même temps, d'être plus mature qu'elle. Jane était une enfant qui se donnait des responsabilités d'adulte, et Edward, n'en parlons pas, c'était encore pire. C'était une chose qu'elle savait. Mais une fois encore, c'était difficile à comprendre.

-Ouais, tu m'étonnes, moi aussi je déteste qu'on me parle mal, répondit Jane avec un fin sourire, préférant répondre avec légèreté plutôt que de se répandre en excuses pendant des heures, il ne fallait pas exagérer. Et peut-être à tort, elle avait honnêtement considéré que lui aussi lui avait mal parlé. Parce que oui, au sommet de sa montagne de défauts, il y avait aussi la susceptibilité. Crois-le ou non, je me suis fait la même réflexion concernant Edward. C'est pour ça que j'ai décidé de faire une pause. Ce qu'elle lui avait dit au tout début de leur conversation. Justement pour prendre du recul, et me recentrer sur moi-même. Même si, comme tu vois, y a du boulot. Elle marqua une pause. Et puis, c'est dur... Enfin, tu dois le savoir toi-même, ce que ça fait, quand on est loin de son âme soeur.

Cette impression d'être arraché à une partie de soi. Forcément, il devait être le mieux placé pour le comprendre.

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A

u fond, Jane devrait reconnaître que le vrai souci dans cette conversation, et depuis le début, c'est qu'elle était infichue, comme à son habitude, de communiquer convenablement. C'était un vrai problème et ce n'était définitivement pas quelque chose de nouveau. Ca faisait d'ailleurs partie des choses qu'elle essayait de corriger à son propre sujet. Mais comme pour tout, c'était bien évidemment plus facile à dire qu'à faire, évidemment. Car les conseils précieux de Jonathan coïncidaient finalement complètement avec ses propres résolutions. C'était exactement ce qu'elle recherchait, c'était précisément ce à quoi elle s'appliquait. Elle avait conscience de ses erreurs passées, et elle cherchait à y remédier en prenant ses distances, même si c'était difficile, en prenant du temps pour elle, et pour réfléchir, afin de ne surtout pas se précipiter et commettre de nouvelles erreurs...

Et même si ce n'était pas simple, même si ça jouait sur son moral, eh bien... elle avait l'impression de ne pas s'en sortir si mal... Et de prendre de bonnes décisions. Et elle avait eu envie que Jonathan l'admette et l'encourage, lui donne des conseils, oui, mais des conseils qui ne lui donneraient pas le sentiment d'échouer à ce qu'elle avait eu l'impression de réussir, parce que son opinion comptait énormément pour elle et parce qu'il était l'une des rares personnes à la comprendre aussi bien. Et au lieu de s'être sentie comprise, elle s'était sentie jugée, blamée, et elle avait eu le sentiment que ses efforts ne servaient à rien. Mauvaise communication. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, une fois de plus.

-Oui, c'est pile ce que je me suis dit aussi, répondit Jane avec un léger sourire.

Quand ils ne se prenaient pas la tête pour des bêtises parce que Jane et sa susceptibilité légendaire faisaient surface, ils continuaient de se comprendre. Ca la rassurait quand même, parce que là, sachant qu'elle n'avait pas la moindre idée de combien de temps allait s'écouler avant qu'elle revoie Edward, elle avait besoin de la présence de personnes comme lui, capables de la ramener sur le droit chemin si elle devait décider de flancher et abandonner ses résolutions alors qu'elle ne serait définitivement pas prête à revoir son âme soeur encore. Elle prit une grande inspiration.

-Encore pardon d'avoir été si conne tout à l'heure, dit-elle sans aucune forme de mauvaise foi, cette fois. C'est juste que je suis un peu sur les nerfs. Je suis loin d'avoir encore fait la paix avec moi-même. Elle marqua une pause. Je vous envie tellement, Iris et toi.

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H

eureusement qu'il y en avait un des deux pour ne pas être rancunier, car si Jonathan devait être aussi borné que ne l'était Jane (qui faisait déjà un immense effort en s'excusant, déjà, et en reconnaissant ses torts), ils ne seraient pas sortis de l'auberge, alors que là, au moins, la situation s'apaisait, et c'était tant mieux. Jane considérait Jonathan comme un pilier, la dernière chose qu'elle puisse vouloir, c'était se prendre la tête trop longtemps avec son interlocuteur. Période difficile ou pas, ça ne justifiait pas tout, surtout que Jane, parfois, avait le sentiment que c'était sa vie dans son entier qui était une période difficile, pour tout dire. Mais en effet, elle était encore moins dans les meilleures dispositions que d'habitude.

-Fais pas semblant, tu sais forcément pourquoi, répondit Jane dans un léger sourire.

Mais non, Jonathan paraissait très honnêtement surpris qu'elle puisse envier le couple de myrihandes de l'air, alors qu'à ses yeux, ça coulait de source. Ils n'étaient certainement pas le couple le plus équilibré qui soit, ne serait-ce que parce que son interlocuteur avait volé son épouse à son frère puis avait tué le dit frère sans aucun scrupule (à ses yeux, ça en disait suffisamment long pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en ajouter), mais ils ne montraient jamais aucune faille, et quand Jane suggérait qu'ils puissent y en avoir, plus pour se rassurer quant au fait qu'Edward et elle n'étaient pas des cas à ce point désespérés, il lui faisait comprendre que non, ce qui la ramenait au propre ratage de sa relation. Evidemment, qu'elle les enviait, parce que Jane venait toujours se plaindre auprès de Jonathan, mais Jonathan, lui, de son côté, n'avait jamais à se plaindre, parce qu'Iris était parfaite et qu'ils étaient parfaite ensemble, bien sûr.

-Vous êtes parfaits, même si vous vivez cachés, rien ne vous arrête jamais, vous ne vous disputez jamais, vous êtes toujours... meilleurs que nous, acheva-t-elle dans un souffle. Je sais, hein, c'est pas une compétition, mais vous, vous vivez avec le même lien que nous, vous savez exactement ce qu'on ressent dans cette situation-là, mais y a jamais d'ombre au tableau, jamais. C'est difficile de pas se comparer et de pas se sentir nul à côté.

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