Il était temps (Eponine et Papa Hellsing <3)

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onine se sentait prise entre deux feux. Elle voulait faire tous les efforts possibles pour plaire au père de Aaron, afin qu'il l'accepte parmi les Hellsing, afin que Aaron n'ait pas à avoir honte d'elle ou elle ne savait quoi d'autre. Et en même temps, elle avait l'impression ce faisant de rentrer dans un jeu qui déplaisait profondément à son petit ami. Elle avait lesentiment que le jeune homme voudrait être n'importe où ailleurs et surtout pas ici. Elle pouvait le comprendre, bien sûr, mais... elle aurait aimé que Aaron soit heureux, et des efforts qu'elle fournissait, et du fait que William Hellsing semblait ne pas vouloir la rejeter en bloc. Mais quoi qu'il dise, elle pensait voir l'homme qu'elle aimait se renfrogner chaque seconde un peu plus, et elle-même se révélait impuissante à savoir quoi faire pour qu'il aille bien.

Au fond, la solution était sans doute simple, il allait falloir seulement attendre qu'ils soient à nouveau seuls tous les deux. Quand ils pourraient se retrouver ensemble tranquillement, posément, alors ça irait mieux, mais Ponine avait l'intuition qu'il allait s'écouler encore un peu de temps avant que cette situation ne se présente, malheureusement. Et en attendant, il allait falloir qu'elle consente à accepter cette situation glaciale. Elle ne pouvait pas dire non plus que le fait d'être à ce point mal à l'aise aidait particulièrement la situation, c'est vrai, mais elle l'aurait bien voulu.

Faute de savoir quoi dire, et incapable de s'opposer à la proposition du patriarche des Hellsing, elle fit non de la tête quand il lui demanda si elle avait vu la salle d'armes. Non, elle ne l'avait pas vu, et elle sentait que c'était comme un test à passer. Si elle acceptait de s'y rendre, d'observer cet endroit avec l'oeil de celle qui finirait par y trouver une utilité, elle serait sans doute mieux intégrée. Elle en avait l'intention quoi qu'il en soit. Elle était même assez curieuse de voir cet endroit. Mais elle n'eut rien l'occasion de formuler en mots, car Aaron prit les devants. Sa réaction était sans équivoque, et Ponine avait de plus en plus envie de disparaître, et de se trouver n'importe où ailleurs.

-Ca me plairait bien, de voir cette salle d'armes, répondit alors Ponine, qui dans les circonstances actuelles se disait qu'il était préférable qu'elle dise amen à tout ce que le père de Aaron suggèrerait. De toute façon on va tout visiter, pas vrai ?

Et elle espérait que cette visite serait quand même la plus rapide possible. Mais prononcer ces mots, c'était une manière comme une autre de montrer qu'elle était prête à endosser le sacerdoce familial, que ça ne lui faisait pas peur, que ça ne l'inquiétait pas un seul instant. C'était faux, bien sûr, mais il allait bien falloir qu'elle s'en convainque elle-même, après tout.

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onine afficha un sourire, le sourire le plus sincère qu'elle ait su adresser à son beau-père depuis les débuts de cette conversation. Elle avait été si tendue, si certaine du fait qu'elle ne serait pas à la hauteur, qu'elle ne répondrait évidemment pas aux standards des Hellsing qu'elle ne s'était pas imaginé un seul instant être susceptible d'être accueillie de la sorte. Peut-être que le départ d'Andrew avait adouci le patriarche, ou peut-être que, vraiment, pour une raison qui lui échappait, il l'aimait bien quand même. En tout cas, il tenait à ce qu'elle se sente chez elle, puisqu'elle était effectivement chez elle, des mots agréables à entendre, qui lui donnaient un peu moins le sentiment d'être une intruse au sein d'une famille qui avait toujours parfaitement bien fonctionné sans elle.

Ce n'était pas encore gagné pour autant, il faudrait qu'elle réussisse à mettre de côté beaucoup de ses appréhensions, sans oublier le fait qu'elle n'était pas forcément convaincue d'être la digne belle-fille que William Hellsing devait attendre pour Aaron (entre elle et Penny, que de déceptions... mais c'est sûr que Ponine pourrait le percevoir comme un avantage - même si ce n'était pas le cas -, elle vaudrait touours mieux que la petite amie d'Andrew aux yeux de son beau-père). En tout cas, et même s'il faudrait plus de quelques mots pour qu'elle se sente effectivement chez elle en ces lieux, elle avait du moins le sentiment d'être accueillie, d'être acceptée, d'être au-delà de tolérée au sein de ce foyer si particulier, et ça comptait infiniment pour elle.

Ils se rendirent donc dans la salle d'armes, que Ponine observa avec de grands yeux attentifs, prenant tout de même le soin de ne toucher à rien. William Hellsing donna quelques recommandations. Pour sa part, elle appréciait sa rigueur. Elle se serait sentie plus mal à l'aise, pour tout dire, si son beau-père lui avait donné carte blanche pour faire absolument tout ce qu'elle voulait au sein de cette pièce. Ce n'était pas du tout quelque chose qu'elle souhaitait, loin de là. Clairement, elle ne comptait pas rejoindre cette pièce sans être accompagnée, surtout pas. Elle préférait clairement savoir qu'elle pourrait toujours compter sur la présence de Aaron. Chose que ce dernier n'oublia pas de lui confirmer par ailleurs en assurant à son père qu'il serait toujours présent à ses côtés, et là pour l'aiguiller. Tant mieux. Même si elle se doutait que la situation était difficile pour lui aussi, elle avait toujours eu un peu peur qu'on l'abandonne, et elle se sentait rassurée de constater que ce n'était pas le cas du tout, et qu'il lui garantissait de l'épauler dans cette situation singulière.

-Il a déjà commencé, dit-elle avec un fin sourire, sans savoir si elle faisait bien de le préciser.

C'était la vérité, Aaron avait déjà commencé à partager son savoir avec elle, mais ce n'était pas forcément chose à dire à son père ?

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onine se mordilla la lèvre inférieure en réalisant qu'elle en avait trop dit sans le vouloir. Elle avait seulement voulu mettre Aaron en valeur, mais à la place, elle l'avait visiblement mis en difficulté. En fait, elle ferait juste mieux de se taire. Elle avait l'impression que quoi qu'elle dise ou quoi qu'elle fasse, elle aggravait les choses. Elle avait eu le sentiment, au tout début, que ça se passerait bien mieux que ce que son petit ami avait affirmé en le briefant avant cette rencontre, mais elle commençait à en doutait. Les remarques du patriarche étaient insidieuses, pernicieuses, et Ponine comprenait mieux là tout ce que le fils pouvait reprocher à son père, même si elle devinait aussi que des années d'incompréhension mutuelle les avaient menés là où ils en étaient à présent, et que la situation serait bien différente s'ils avaient su trouver un meilleur terrain d'entente pour commencer, s'ils avaient su mettre de vieilles rancoeurs de côté. Elle aimerait être capable d'être un élément susceptible de les rassembler tous les deux. A présent, elle craignait plutôt de n'avoir le pouvoir que de les diviser, ce qui serait évidemment pire que tout à ses yeux.

-Oh... vraiment, je vous garantis que si vous avez le moindre secret de famille à ne surtout pas révéler, Aaron m'aura dissimulé jusqu'à son existence. J'ai déjà été agressée par une créature, Aaron m'a seulement appris quelques bases pour me défendre, ça s'est arrêté là. Tout ce qu'il me reste à apprendre, je compte sur ma présence ici pour le faire, du moins si vous m'en jugez digne.

Elle n'avait plus tant que ça l'impression d'être une belle-fille qui rencontre son beau-père, elle avait bien davantage l'impression de passer un entretien d'embauche, et elle était aussi stressée que si c'étaient les deux cumulés. Sans doute parce que c'était les deux cumulés, en réalité. Elle en avait eu plus ou moins conscience, bien sûr, Aaron l'avait prévenue et elle avait su à quoi elle allait plus précisément s'engager en rejoignant les Hellsing, mais il y a toujours un fossé entre la théorie et la pratique. Oui, rejoindre cette demeure, ce n'était pas seulement être officialisée comme la compagne de Aaron (même si c'était vraiment ce pourquoi elle faisait tout cela et qu'elle se contentait de ce bonheur-là pour justifier tout le reste, dont elle n'était pas forcément très fière au demeurant), c'était être officialisée comme une Hellsing. Certes, elle n'en porterait pas le nom - Aaron ne lui avait jamais parlé de mariage et elle n'était pas forcément certaine que ce soit une chose qu'il envisage un jour -, mais elle s'associait à eux. Bref, elle postulait en belle-fille, mais elle postulait également en chasseuse amatrice, et cela faisait une nette différence, différence qu'elle devait aujourd'hui assumer.

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